Quentin Fillon Maillet raconte sa poursuite en or aux Jeux Olympiques de Beijing 2022

Au terme d’une course haletante, Quentin Fillon Maillet a remporté sa seconde médaille d’or des Jeux Olympiques d'hiver de Beijing 2022 lors de la poursuite. En amont de la première poursuite de l’année à Kontiolahti (4 décembre), il raconte les émotions ressenties et ce qu’il se passait dans sa tête lors des moments qui ont scellé sa victoire.

4 minPar Guillaume Depasse
Quentin Fillon Maillet of Team France
(2022 Getty Images)

13 février 2022. Quentin Fillon Maillet s’élance pour la poursuite des Jeux Olympiques de Beijing 2022. Il a déjà remporté trois médailles dont une en or lors de l’individuel, et part deuxième de la poursuite après avoir décroché l’argent lors du sprint de la veille.

QFM est leader du classement général de la Coupe du monde à ce moment de l’année mais surtout, il a remporté les quatre dernières poursuites. 

Archi favori et dans la forme de sa vie, il part avec 26 secondes de retard sur l’insatiable Johannes Thingnes Boe, le Norvégien aux trois gros globes qui a remporté l’or olympique du sprint.

Il neige, le vent souffle fort et il fait froid. Le combat s’annonce rude.

Il se termine par une deuxième médaille d’or du Français, après un dernier tir où le commun des mortels aurait trembler sous le coup des conditions et de la pression.

Pas Quentin Fillon Maillet.

En exclusivité pour Olympics.com, il raconte son état d’esprit, ses cheminements mentaux aux moments clés de la course et comment il a écœuré Eduard Latypov lors du dernier tir debout.

Pré-course : « À peine le temps de manger avec toutes les sollicitations »

« Après l'individuel, j'ai fait cinq ou six heures d'interview. J'ai franchi la ligne à 16h30 et je me suis couché après minuit. Pendant tout ce laps de temps, j'ai à peine le temps de manger ou d'appeler mes proches. Contrôles antidopage, zone mixte, toutes les télés... J'étais vraiment exténué à la fin de la journée. Je n'ai pas eu le temps de faire de récupération. On a pour habitude de faire un peu de sport pour faire circuler le sang et récupérer. Le kiné était prêt à me masser à une heure tardive mais je lui ai dit qu'il fallait vraiment que j'aille dormir parce qu'il y avait encore des compétitions. »

État d’esprit : « Envie de continuer à gagner »

« Pour toutes les courses qui ont suivi, la démarche a été de me dire qu'à chaque fois, il y a quelque chose d'autre à aller chercher. Je suis en forme, j'ai gagné des courses, ça va bien. Il faut que je continue. Ça a été dur mentalement parce que j'aurais préféré, parfois, prendre du temps pour moi et faire un peu la fête avec le staff, profiter de tout ça. Mais je me dis que j'aurais toute la vie pour profiter de ces courses. J'ai envie de continuer à gagner. 

Sur le sprint, je fais deuxième, je suis super content car ce n'est pas un format sur lequel je suis le meilleur. Mais voilà, je fais une super performance derrière Johannes Boe qui avait pris sa revanche de l'individuel. Enfin, poursuite, format que j'affectionne beaucoup, format confrontation… »

Deuxième tir, pendant que Boe manque deux cibles : « Mon chargeur a gelé »

« Je pars deuxième [derrière Boe]. Je suis focus dans ma course, dans ma bulle. Je passe le premier tir à 5/5. Mais sur le deuxième tir [à 20 min dans le replay], j'ai un petit souci avec le chargeur qui a gelé dans la rampe. J'ai un petit moment de stress, ou plutôt d'énervement car je sais que je vais trouver une solution. Mais je suis en train de perdre du temps sur mes adversaires, donc je tape un peu sur la carabine. De l'extérieur, quand j'ai revu la course, ça paraît un moment de panique et pourtant, intérieurement, je suis assez calme, assez confiant. Derrière, je fais 5/5 et j'enchaîne la course. Premier debout : 5/5 et j'arrive au dernier tir avec [Latypov]. »

Dernier tir, duel face à Latypov : « Un robot face aux cibles »

« Le tir debout [36 min dans le replay, plus bas], je sais que c'est mon truc. Donc j’ai beaucoup de confiance et j’enchaîne les balles avec zéro émotion. J'essaye d'être un robot face aux cibles, imperturbable. Et ça passe, je tire plus vite que Latypov donc je ressors en tête et à ce moment là, je sais que je joue ma deuxième victoire aux Jeux Olympiques. J’ai une avance assez conséquente pour ne pas être trop inquiété sur la suite. J’essaie quand même de bien skier, mais c’est incroyable. Les émotions de l'individuel, la première médaille, c’est un certain soulagement. Et la deuxième victoire, c’est... J'en remets un coup, je valide et c'était plus juste "je suis une fois médaillé d'or". Je suis double médaillé d'or, en plus des deux médailles d'argent que j'avais déjà. Je sais que je fais des Jeux extraordinaires. »

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