Quentin Fillon Maillet raconte les tristes événements de Pyeongchang 2018 qui ont forgé ses succès à Beijing 2022
Lors des Mondiaux de biathlon, du 8 au 19 février, QFM sera en quête d’un premier titre individuel, un an après ses cinq médailles olympiques. Pour Olympics.com, il revient sur la genèse de ses réussites aux Jeux, après avoir vécu des moments personnels difficiles avant PyeongChang 2018.
Dès la première course, le relais mixte, Quentin Fillon Maillet annonçait la couleur des Jeux de Beijing 2022 : il allait briller.
Avec seulement une faute au tir et un finish historique pour arracher l’argent, le Français remportait la première de ses cinq médailles, dont deux en or. Une récompense de tant d’années de travail mais surtout, une revanche sur le passé.
Quatre ans avant de devenir l’athlète français ayant remporté le plus de médailles au cours d’une seule édition des Jeux Olympiques d’hiver, alors qu’il se préparait pour PyeongChang 2018, Quentin Fillon Maillet a vécu l’une des périodes les plus difficiles de sa vie.
« En septembre 2017, j’apprends que mon beau père à un cancer et deux semaines plus tard, j’apprends que ma copine a un cancer du sein. »
« J'avais une revanche à prendre sur ces Jeux Olympiques. J'avais envie de vivre ce rêve, ce rêve olympique. Cette unique volonté d'arriver aux JO et de gagner cette médaille d’or. »
QFM a magnifiquement tenu parole et quelques semaines avant d’attaquer la saison 2022/23, ponctuée par les Mondiaux qui démarrent le 8 février à Oberhof, en Allemagne, il se confiait à Olympics.com sur les origines de son triomphe olympique.
QFM : « Tout est remis en question »
En 2017, Quentin Fillon Maillet a 25 ans. Il compte déjà sept podiums en Coupe du monde et s’apprête à disputer ses premiers Jeux Olympiques d’hiver en tant que titulaire.
« Je démarre ma préparation en mai, donc à neuf mois des JO à peu près, et j’essaie de tout mettre en place. Les choses vont bien, je continue de progresser et j’essaie de faire en sorte de maximiser mes chances pour les JO et la Coupe du monde. Mais en septembre, j’apprends que mon beau-père a un cancer et deux semaines plus tard, j’apprends que ma copine à un cancer du sein. »
Démarre ensuite l’une des périodes les plus difficiles de sa vie où sa partenaire, Lydie, et son beau-père doivent faire face à la maladie.
« À ce moment-là, tout est remis en question. Finalement, toute ma vie tourne autour du biathlon et je me rends compte que la santé de mes proches est bien plus importante que mon biathlon. »
« Ça a été une épreuve terrible car finalement, j’ai continué la saison. Ma copine m’a dit “je ne t’empêcherais pas de faire ce qui te rend heureux.” » - Quentin Fillon Maillet
Quentin Fillon Maillet : « J’ai saisi la vraie valeur de la vie »
Il parvient à faire un bon début de saison, avec notamment deux podiums en Coupe du monde, mais il doit voyager en République de Corée pour les Jeux avec des pensées dirigées ailleurs.
« Je suis arrivé aux Jeux Olympiques avec ma copine et mon beau-père qui suivent des traitements très lourds. Ils étaient complètement K.O. Ma copine a perdu ses cheveux, j'ai dû les couper moi-même, parce qu'elle les perdait », se souvient-il, difficilement.
Un épisode de vie, aggravé par le décès de son beau-père, qui a fortement marqué le champion français sur le plan personnel et sportif.
« Ça nous a rendus plus forts car j'ai [saisi] la vraie valeur de la vie, qui est quand même la santé de tout le monde. Le sport reste anecdotique. »
« Ça a été un vrai combat, difficile pour pour moi et mes proches. Surtout mes proches. Le [côté] sportif est passé après et ça m'a permis de comprendre que le sport n'était pas la priorité. »
« La façon dont ma copine s'est battue. Ça a été très inspirant pour la suite. »
Ses succès à Beijing 2022 ? « Une dédicace à ma copine et mon beau-père »
« [À PyeongChang], je n'ai pas vécu le rêve olympique, comme beaucoup d'athlètes ont pu l'avoir. Ça a été plutôt le cauchemar pour moi. »
La suite, tout le monde la connaît. Deux médailles d’or olympiques, en individuel et en poursuite, ainsi que trois médailles d’argent, en sprint et en relais mixte et hommes. Il a ensuite remporté son premier globe de cristal en Coupe du monde, après trois troisièmes places consécutives.
« J'avais une revanche à prendre sur ces Jeux Olympiques. J'avais envie de vivre ce rêve, ce rêve olympique. J'avais cette envie et cette unique volonté d'arriver aux Jeux et de gagner cette médaille d’or. Ça m’a tellement animé pendant quatre ans. »
« C’est une revanche et une dédicace à ma copine et mon beau-père, qui se sont battus justement pour ça. Ça fait partie de ma construction. J'aurais préféré ne pas le vivre, mais ça a peut-être permis de me construire et de réussir une saison comme celle-ci. »