Un an après Beijing 2022 : Quentin Fillon Maillet raconte sa première médaille d’or
Le biathlète français a décroché cinq médailles aux JO d’hiver de Beijing 2022, dont deux en or. Pour Olympics.com, il livre toutes les émotions ressenties avant, pendant et après la course qui a fait de lui un champion olympique.
Il y a un an jour pour jour étaient déclarés ouverts les Jeux Olympiques d'hiver de Beijing 2022. Ces Jeux ont fait de Quentin Fillon Maillet l’athlète français ayant remporté le plus grand nombre de médailles sur une même édition des JO d’hiver : 5.
Mais avant d’arriver en République populaire de Chine, le biathlète jurassien n’avait jamais remporté d’individuel, cette course si exigeante de 20 km où une faute au tir est sanctionnée d’une minute de pénalité.
Pourtant, c’est sur cette épreuve qu’il a remporté son premier titre olympique, au terme d’une course époustouflante terminée avec deux fautes mais devant Anton Smolski, auteur d’un sans faute, et devant l’un des maîtres de la discipline, Johannes Thingnes Boe, en bronze ce jour-là.
Pour Olympics.com, il revient en détail sur son état d’esprit avant la course, sa rencontre avec l’octuple champion olympique norvégien Ole Einar Bjørndalen, sa réaction après avoir appris qu’il avait du retard sur les skis en début de course, ses émotions quand il a compris qu’il pouvait décrocher l’or et l’explosion de joie à l’annonce de sa victoire.
Pré-course : « Je croise Bjørndalen, qui me met en confiance »
On a fait une bonne course en relais, avec la médaille d’argent. La dynamique est bonne. On est arrivé une semaine avant sur le site et on n'a pas pu faire de course pré-olympique, donc on découvre sur place, comme tout le monde. J'avais beaucoup d'appréhension sur les conditions : le froid, le vent… J'arrive, un peu dans le gaz avec le décalage horaire, mais je prends mes marques sur la piste. Je croise Bjørndalen, qui vient de nouveau me dire que la piste était faite pour moi et je le remercie parce que ça me donne de la confiance.
J'ai apprécié cette piste, elle était belle. Je me suis tout de suite senti en confiance. J'ai pris les mauvais côtés que le Covid et le froid pouvaient amener à ces Jeux Olympiques, mais j'étais bien. J'étais leader de la Coupe du monde, tout allait bien. Je fais ma première courses en relais avec beaucoup d'envie et ça me met déjà un petit peu de confiance.
Début de course : « J’ai sept secondes de retard sur Boe au premier intermédiaire »
Sur la course, j’étais vraiment très bien. Un peu de stress, mais pas trop. En confiance, mais pas trop non plus. Dans la bonne attitude. Ce qui m'a marqué c'est que je passe au premier intermédiaire, à environ 1,5 ou 2 km sur les 20 kilomètres prévus, à 7 secondes de Johannes Boe, le Norvégien. À ce moment-là, j'ai un petit coup de moins bien. Je me dis "bon, Johannes est très bien et moi, je suis dans mes normes". Ça démarre sur une course standard, rien d'exceptionnel.
Premier tir : « Je ressors en tête »
Je reste quand même sûr de ce que je peux faire. Je passe le premier tir et je vois que je ressors en tête. Je me dis que les Norvégiens ont été moins rapides sur la fin de boucle, ils ont peut être loupé une balle [une faute pour Boe, ndlr]. C'est bien. Après, je loupe deux balles sur le reste des tirs et je suis à 18/20. L'ensemble du staff me crie que je joue la victoire. Je n'y crois pas trop parce qu'avec deux fautes, c'est quand même deux minutes de pénalité. Il y a encore beaucoup d'adversaires derrière, j'avais le dossard numéro onze avec une centaine de partants, il y a encore beaucoup de choses qui peuvent se passer. Je franchis la ligne en tête avec de l'avance.
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L’arrivée, dans l’attente : « Il y a quelque chose de différent »
Dans l'aire d'arrivée, je sens qu'il y a quelque chose de différent. Le staff est surexcité. Je me rends compte que j’ai fait une très bonne course en ski. Les sept secondes perdues sur le premier intermédiaire se sont finalement transformées en 20 secondes d'avantage sur le meilleur skieur qui était Johannes Boe ce jour-là. Je me rends compte que là, je peux potentiellement jouer la médaille d'or. Je savais que la médaille était possible, mais la médaille d’or, pas trop.
L’annonce de la médaille d’or : « Une montée d’émotions »
Je me rends compte que finalement, tous les grands adversaires passent et je conserve ma place. C'est vraiment une montée d'émotions. C'est super beau, des émotions indescriptibles. Un passage énorme dans ma carrière. Ce n'est pas la finalité, mais un passage énorme. Je suis champion olympique sur un format que je n'avais encore jamais gagné. C'est assez dingue. Après deux courses, je coche mon objectif de saison, mon objectif de carrière. Je me dis que le reste c'est bonus. Mais je n'ai pas pris la suite avec décontraction.