Pandelela Rinong, plongeuse hors normes, adopte l'état d'esprit des JOJ pour Tokyo
Depuis qu'elle est devenue la première Malaisienne à monter sur un podium olympique, la double médaillée olympique Pandelela Rinong fait l'objet d'attentes démultipliées. À présent, la star du plongeon cherche à retrouver le côté fun qui l'a aidée à remporter deux médailles aux Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ).
Pandelela Rinong a fait son entrée sur la scène internationale du plongeon lors des Jeux Olympiques de Beijing 2008, à l'âge de 15 ans, où elle a terminé 27e au plongeon à 10 m. Deux ans plus tard, la Malaisienne remportait deux médailles d'argent aux JOJ de Singapour de 2010 et commençait à s'imposer comme l'une des étoiles montantes du plongeon féminin.
Elle n'a pas tardé à décrocher des médailles aux Championnats du monde, aux Jeux asiatiques et aux Jeux du Commonwealth, avant de s'inscrire dans l'histoire des Jeux Olympiques de Londres 2012 : elle remporte le bronze au plongeon à 10 m, devenant ainsi la première athlète féminine de Malaisie à gagner une médaille olympique.
Depuis lors, le succès international de cette chef de file est toujours d'actualité. Elle a remporté une autre médaille aux Jeux Olympiques de Rio 2016, cette fois au plongeon synchronisé aux côtés de Cheong Jun Hoong. Pourtant, chaque réussite entraîne une augmentation exponentielle des attentes et Pandelela Rinong cherche à faire redescendre cette pression en renouant avec le plaisir simple de pratiquer sa discipline, comme lorsqu'elle remporta ses médailles aux Jeux Olympiques de la Jeunesse.
Nous t'avons vue concourir pour la première fois sur une scène olympique à Beijing en 2008, puis deux ans plus tard, tu remportais deux médailles aux JOJ. Comment as-tu vécu ces deux expériences ?
“À Beijing, je pense que c'était la compétition qui primait. Tout le monde voulait gagner. Mais aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, il ne s'agit pas seulement de gagner, c'est aussi une question d'amitié. Je me suis fait beaucoup d'amis aux Jeux Olympiques de la Jeunesse et j'ai aussi appris à connaître beaucoup de spécialistes du plongeon, parce qu'ils s'amusaient plus. Ils n'étaient pas si sérieux.”
Deux ans plus tard, tu es entrée dans l'histoire aux Jeux de Londres 2012 en remportant une médaille de bronze. Quel bilan tires-tu aujourd'hui de cette expérience ?
"C'était incroyable. Imaginez : j'étais dans les trois dernières à Beijing et d'un coup je finis première à Londres ! Un vrai miracle."
Qu'est-ce qui a changé dans ta vie après avoir remporté la médaille de bronze à Londres ?
"Je ne me suis plus sentie pareille. Le public a commencé à me reconnaître. Je ne pouvais plus sortir avec mes amis ou ma famille sans être reconnue. Le public était très heureux de me rencontrer et les fans disaient toujours des choses sympathiques, sur la façon dont je les inspirais par exemple.”
As-tu alors ressenti plus de pression pour réussir encore davantage sur la scène internationale ?
“Oui, bien sûr. Je suis très heureuse, mais en même temps la pression est là : c'est facile de gagner, mais il est très difficile de conserver cette performance. Le public attend toujours de toi que tu fasses mieux, que tu réussisses mieux qu'avant, donc ça me met la pression.”
La pression est-elle encore plus forte maintenant que tu as remporté une autre médaille aux Jeux Olympiques de Rio 2016 ?
“Oui. Bien sûr, le soutien du public est plus important. Mais tout le monde souhaite que je fasse mieux à Tokyo ou au moins que je fasse la même performance. La pression est donc un peu plus forte. Mais je me souviens aussi de mon expérience aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, quand je m'amusais. C'est quand je prends du plaisir que je donne le meilleur de moi-même. C'est quelque chose que j'ai appris. Au cours de ces derniers mois, pendant la pandémie, j'ai regardé les vidéos de toutes mes compétitions précédentes. J'ai compris que chaque fois que je m'amuse lors d'une compétition et que je ne pense pas à mon objectif, j'obtiens toujours de meilleurs résultats. Je veux donc garder cette mentalité et cet état d'esprit lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020 et lors de mes préparatifs.”
Comment ta vie et ton entraînement ont-ils été affectés par la pandémie ?
“La pandémie a marqué la plus longue pause de ma carrière. Je pense que cela a aussi été une bénédiction pour moi, parce que les années d'entraînement et de compétition ininterrompues ont fatigué mon corps. J'ai toujours eu ces blessures intermittentes que je n'ai jamais eu le temps de guérir à 100 %, car je ne pouvais pas me reposer. Mais avec la pandémie, nous avons été forcés de rester chez nous et je ne pouvais pas m'entraîner au plongeon. Donc, je pense que ça a été l'occasion parfaite pour moi de me remettre de mes blessures et de prendre une pause bien méritée.”
As-tu pu mettre ce temps à profit pour essayer quelque chose de nouveau ?
“Je me suis forcée à apprendre à faire la cuisine. Et c'est pour cette raison que je sais maintenant que ce n'est pas facile de cuisiner ! Il faut couper des oignons pour la plupart des plats que je cuisine. Or, je déteste vraiment ça. Mais j'ai appris à cuisiner de nouveaux plats, comme le poulet au curry et la soupe miso... Une véritable expérience culinaire pour moi. J'ai également appris à méditer, et je me suis donc consacrée à des activités axées sur le mental.”
Est-ce que ça t'a fait du bien de te concentrer davantage sur ta santé mentale ?
“Oui. Je pense que c'est un aspect essentiel pour les athlètes, parce qu'ils doivent s'entraîner non seulement physiquement, mais aussi mentalement. Si vous ne faites qu'un des deux, vous créez un déséquilibre que vous finirez par payer un jour ou l'autre. J'ai commencé à aborder les choses plus calmement. J'avais l'habitude de penser et d'agir instinctivement, mais en ce moment, je me concentre davantage sur mon intellect.”
De quelle manière penses-tu que cela t'aidera à l'avenir ?
“Je pense que ça me donne un meilleur objectif. Avant ça, mon but était juste de gagner une médaille. Je voulais me surpasser et rendre mon pays fier. Mais après ça, mon but a légèrement changé. J'ai envie d'apprécier la compétition, parce que le monde est en constante évolution, et j'aimerais simplement inspirer le public à travers mes performances.”