Les secrets du saut à ski dévoilés par la superstar Maren Lundby
Il n’y a probablement personne d’autre sur la planète en ce moment qui soit mieux placée que Maren Lundby pour décortiquer le saut à ski. Ces deux dernières années, la Norvégienne a porté son sport vers un nouveau niveau, écrasant ses adversaires pour remporter les Jeux Olympiques et les Championnats du monde, et terminant les deux dernières saisons à la première place du classement général de la Coupe du monde. Ça tombe bien, elle adore parler de son sport…
“Il y a beaucoup de choses qui doivent être parfaites”, explique avec le sourire Maren Lundby, numéro 1 mondial du saut à ski féminin, qui se lance dans une explication détaillée quant à sa manière de voler régulièrement au-delà des 100m dans l’air glacial.
“Cela commence par la phase d’élan où il faut trouver le juste équilibre, et c’est vraiment très important. Ensuite, il faut avoir le juste équilibre au moment du décollage ; il faut se mettre dans une posture techniquement correcte. Enfin, il faut terminer dans une position aérodynamique.”
Jusqu’ici, cela semble simple, même si c’est en réalité incroyablement difficile à réaliser. Et c’est à ce moment-là que Lundby nous révèle son secret.
“Vous devez maintenir votre vitesse et en même temps essayer de vous soulever autant que possible après le décollage ; vous essayez donc de faire deux choses totalement opposées en même temps car il ne faut pas perdre le dynamisme”, dit-elle en riant. “Il faut garder ce dynamisme quand vous êtes dans les airs.
“Ensuite, il faut essayer d’avoir le plus de portance possible pour voler le plus loin possible.”
Lundby sait de quoi elle parle. La Norvégienne a remporté neuf titres sur le circuit 2017/2018 de Coupe du monde de la Fédération Internationale de Ski, 13 titres en 2018/2019, et s’est adjugé trois victoires dans les cinq premières épreuves de 2019/2020. Avec un tel palmarès, pas étonnant qu’elle se présente aux Championnats du monde 2019 en tant que grande favorite pour la médaille d’or individuelle. Encore moins étonnant lorsqu’elle confirme les prévisions en remportant le titre.
Mais au-delà de toutes ces victoires, Lundby a assuré sa place sur la scène sportive en décrochant l’or aux Jeux Olympiques d’hiver de PyeongChang 2018 dans des circonstances très spectaculaires.
Ayant vu ses rivales Katharina Althaus (GER) et Sara Takanashi (JPN) donner le meilleur d’elles-mêmes dans le dernier saut, la favorite alors sous pression réalise une performance au moment où cela compte le plus, sautant à 110m pour décrocher la gloire.
Selon l’athlète de 25 ans, elle doit tout cela à un programme d’entraînement intensif et strict.
“Vous devez vraiment travailler les détails encore et encore”, dit-elle. “Nous avons cet exercice avec une planche à roulettes pour imiter les sauts quand nous nous entraînons à l’intérieur. Nous pouvons faire ainsi beaucoup plus de répétitions que sur le tremplin.
“La force centrale est vraiment importante pour garder l’équilibre et la stabilité. La puissance dans les jambes est aussi importante pour l’équilibre et la vélocité verticale. Donc nous faisons un peu d’entraînement musculaire à contraction rapide et beaucoup de musculation pour avoir cette puissance et cette force.”
“La plupart du temps, l’entraînement est assez sympa mais, bien sûr, soulever des poids trois fois par semaine en été, ça peut être ennuyeux.”
I remember my first jump on the big hill when I was 13 years old. Of course [I had] a lot of butterflies. I was a bit scared but at the same time really excited, because it was what I wanted to do
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Mais plus que les efforts physiques, Lundby est d’avis que c’est la force mentale qui fait la différence entre le/la meilleur/e et les autres.
“Il faut juste être bien concentré sur le moment”, dit-elle. “En compétition, c’est très important d’être focalisé sur ce qu’on fait et de ne pas se laisser distraire par autre chose. Le moment pour réaliser votre saut est en fait très court.
“J’ai fait quelques séances de méditation axée sur la pleine conscience pour m’aider. C’est une bonne chose d’être plus conscient de ses pensées, de trouver la concentration et de se détendre.”
Si la peur est la principale émotion qui vient à l’esprit du simple mortel qui regarde sauter un skieur, c’est quelque chose que Lundby n’a pas envisagé depuis très longtemps.
“Je me souviens de mon premier saut sur le grand tremplin quand j’avais 13 ans. Bien sûr que c’est beaucoup d’adrénaline. J’avais un peu peur, mais en même temps j’étais très excitée parce que c’était ce que je voulais faire”, ajoute-t-elle. “Maintenant que je fais ça depuis plus de 10 ans, j’ai l’habitude.”
Lire les bulletins météorologiques et les comprendre est une autre compétence qu’elle a acquise au fil des années. Si elle fait remarquer que c’est au final les entraîneurs ou les membres du jury qui décident si les conditions météo sont sûres pour sauter ou non, c’est quand même elle qui doit sauter. Il faisait quand même -11 degrés Celsius avec des rafales de vent lorsqu’elle a remporté sa toute première médaille d’or olympique.
La prochaine fois, en 2022, Lundby visera une autre médaille olympique et elle se réjouit déjà.
“C’est formidable pour nous, mais aussi pour le public”, dit-elle concernant l’épreuve par équipes mixtes qui fera ses débuts olympiques aux Jeux de Beijing 2022. “Les gens aiment bien voir les hommes et les femmes concourir ensemble. Et bien sûr, c’est important pour les femmes, car nous avons ainsi plus de visibilité.
“À présent, nous nous battons pour pouvoir concourir sur le grand tremplin. Nous voulons toujours développer notre sport et nous sommes très contentes quand cela arrive. Cela montre que notre sport connaît un essor.”