Les artistes Fidjiens inscrivent leur noms en lettres d’or au panthéon du rugby olympique
Les rugbymen fidjiens sont entrés dans l'histoire de leur pays en lui apportant sa première médaille olympique, qui plus est en or, en écrasant en finale les septistes britanniques 43-7, offrant un magnifique spectacle au nombreux public massé dans les gradins du stade de Deodoro. A des milliers de kilomètres là, les Iles Fidji ont chaviré de bonheur !
Ils étaient attendus, soumis à une immense pression, et ils l'ont fait! Soixante ans après avoir envoyé leurs premiers athlètes aux Jeux de Melbourne 1956, les Fidjiens ont enfin fait rentrer leur archipel peuplé de quelque 900.000 habitants au palmarès olympique, en inaugurant le retour du rugby aux Jeux, 92 ans après, sous sa forme à sept.
L'or était promis aux hommes du Pacifique qui dominent le Circuit mondial depuis deux ans grâce à leur densité physique et leurs capacités techniques hors du commun. Loin d'être inhibés, ils ont encore fait étalage de leur talent durant les trois jours de compétition, illuminant le tournoi par leurs passes après contact et leur gestuelle improbable. De véritables artistes, des magiciens du ballon ovale, qui jouent comme nulle autre équipe.
Assez ironiquement, ce succès doit beaucoup à un Anglais, Ben Ryan, aux commandes pendant six ans du VII de son pays avant de débarquer en 2013 aux Fidji. Héros aux Fidji, Ryan a su optimiser tout le potentiel de ses joueurs hors normes et les ressources à disposition, apportant rigueur et professionnalisme dans l'encadrement de l'équipe, pour hisser le pays au pinacle de la planète « Sevens ».
Jeudi, il avait envoyé un message simple avant la finale: « Jouons librement, voyons si nous pouvons jouer sans entrave pour le plus grand match de notre histoire. » Ses quelques mots ont été suivis à la lettre. Les Britanniques étaient menés 29-0 à la pause, après avoir encaissé cinq essais magnifiques !
Le rouleau compresseur fidjien
Face au rouleau-compresseur , les Britanniques n'avaient plus qu'à essayer de sauver l'honneur, ce qu'ils firent grâce à Dan Norton. La partie s’est terminée sur le score de 43-7, les artistes fidjiens régalant encore dans le deuxième acte avant d’exploser de joie au coup de sifflet final, submergés par l’émotion.
Venu du rugby à XV, joueur professionnel au RC Toulon dans le championnat Top 14 français, Josua Tuisova a vécu à Rio le plus grand moment de sa carrière : « Je suis heureux. Je veux dédier cette victoire à ma famille aux Fidji. Je suis vraiment reconnaissant du soutien de tout le monde. Cette médaille d'or signifie beaucoup pour moi et pour tous les Fidjiens. Ca fait longtemps qu'on se prépare à ce moment aux Fidji », a-t-il encore souligné.
A plus de 13.500 kilomètres de Rio, la vie sur le petit archipel du Pacifique s'est arrêtée au début de la finale. Mais il n'a pas fallu attendre la fin du match pour que les premiers feux d'artifice soient tirés. A la mi-temps, les Britanniques menés 29-0, l'affaire était pliée, la fête pouvait commencer. L'archipel a finalement basculé dans une folie contagieuse au coup de sifflet final; synonyme de première médaille olympique pour les Fidji, du plus beau métal qui soit.
« C'est le plus grand jour de l'histoire des Fidji. Tout le monde fait la fête », a expliqué le photographe Feroz Khalil, qui a suivi la finale sur un écran géant installé dans le principal stade de la capitale Suva. « C'est fou. Tout le monde chante, pleure. Les larmes coulent partout. Je suis tellement heureux. » Dans un message à la nation envoyé depuis Rio, où il avait assisté à la finale olympique, le Premier ministre Voreqe Bainimarama a affirmé que « tous les Fidjiens se réjouissent », partout dans le monde. « Jamais l'esprit fidjien n'avait été élevé aussi haut. Jamais auparavant n'avions nous été une si grande nation », a-t-il poursuivi.
La promesse japonaise
Pour l’équipe de rugby à sept britannique, la médaille d’argent est déjà une belle récompense au terme d'un tournoi abouti. La sélection britannique est effectivement habituellement éclatée entre Anglais, Gallois et Ecossais sur le Circuit mondial et ceux-là ne se sont réunis que pour l'occasion des Jeux.
Ils ont réussi l'exploit de renverser en demies l'Afrique du Sud (7-5), étiquetée comme la principale rivale des Fidji mais qui devra se contenter du bronze.
Derrière les magiciens fidjiens, le premier tournoi olympique de l'histoire restera surtout marqué par l'incroyable parcours des Japonais, qui terminent 4e place. Les rugbymen de l’archipel nippon ont impressionné, comme leurs homologues à XV l'avaient fait pendant la Coupe du monde à XV l'automne 2015. S'ils se sont largement inclinés contre l'Afrique du Sud pour la 3e place (54-14), ils ont fait le plein de confiance pour la saison prochaine, en vue de leur intégration dans le Circuit mondial.
Leur justesse technique, leur organisation collective et aussi leur condition physique ont impressionné et placent déjà l'équipe de Lomano Lemeki parmi les nations les plus dangereuses de l'exercice à venir. Une montée en puissance parfaite à trois ans de la Coupe du monde à XV au Japon et à quatre ans des Jeux de Tokyo.