Le sauteur à ski Kobayashi Ryoyu au sommet de son art depuis PyeongChang
Alors qu'il n'avait pas réussi à se hisser plus haut que la sixième place aux Jeux de PyeongChang 2018, le sauteur à ski Kobayashi Ryoyu est devenu en seulement deux ans l'un des athlètes les plus brillants du monde. L'athlète de 23 ans, champion en titre des six catégories individuelles de la Coupe du monde, n'oublie pas comment tout a commencé...
À son arrivée aux Jeux Olympiques d'hiver de PyeongChang 2018, le Japonais de 21 ans Kobayashi Ryoyu n'est encore qu'un novice, avec un seul podium en Coupe du monde de la Fédération Internationale de Ski (FIS) à son palmarès. Trois semaines plus tard, il compte trois classements dans le top 10 (sixième par équipes, septième en petit tremplin et dixième en grand tremplin), mais surtout il en ressort avec de nouvelles perspectives.
"J'ai rencontré beaucoup d'athlètes d'autres disciplines pendant les Jeux de 2018 et à chaque rencontre, je devenais de plus en plus conscient de mes responsabilités en tant que sauteur à ski", confie Kobayashi, soulignant que concourir aux côtés des meilleurs athlètes de sports d'hiver du monde s'avéra une expérience révélatrice.
C'est à PyeongChang 2018 que le jeune Japonais s'est rendu compte de la chance incroyable qu'il avait. Kobayashi a beau se souvenir de conditions "venteuses et froides", celles-ci ont fait partie intégrante de cette expérience qui l'a vu devenir homme.
Sa transformation a été stupéfiante, tant par son ampleur que par sa rapidité. Avant ses premiers Jeux Olympiques, Kobayashi avait terminé troisième à l'épreuve par équipes à la Coupe du monde de Ruka, en Finlande, en novembre 2017. Un an plus tard, il y décroche deux médailles d'or.
Cet événement marque le départ d'une série stupéfiante de 15 victoires lors des 20 épreuves suivantes de Coupe du monde. À la fin de la saison, Kobayashi devient le premier champion japonais toutes catégories de la Coupe du monde de la FIS et remporte les prestigieuses compétitions Ski Flying, Raw Air, Planica 7 et Willigen 5. Il s'impose également en devenant le troisième sauteur de l'histoire à réaliser le Grand Chelem de la légendaire Tournée des quatre tremplins.
Lorsqu'on lui demande de dévoiler les changements techniques qui ont certainement contribué à ce succès sans précédent, la nouvelle star du sport d'hiver japonais se contente de sourire :
"Tout le monde réussira si je vous dis tout."
Une réponse intrigante qui ne fait qu'ajouter à l'attrait grandissant pour ce jeune homme. Impossible de le contredire lorsqu'il révèle finalement que sa "force mentale" est l'un de ses plus grands atouts.
Kobayashi continue sur la lancée d'un passé glorieux pour le saut à ski au Japon. En effet, il y a quarante-huit ans, son compatriote Kasaya Yukio figurait à la première marche d'un podium entièrement japonais, victoire historique à l'épreuve masculine de petit tremplin aux Jeux de 1972 à Sapporo, ville natale de Kobayashi. Surfant sur la tendance, Funaki Kazuyoshi ravissait à nouveau les supporters japonais en décrochant l'or en grand tremplin individuel et par équipes aux Jeux de Nagano 1998.
Plus récemment, le jeune Kobayashi a eu le loisir d'admirer le charismatique Kasai Noriaki. À 45 ans, Kasai a concouru aux côtés de Kobayashi à PyeongChang 2018, sa huitième participation à des Jeux Olympiques. Notons que l'homme qui a remporté l'argent à Lillehammer en 1994, puis l'argent et le bronze à Sotchi 20 ans plus tard, ne cache pas son objectif de se qualifier pour ses neuvièmes Jeux à Beijing en 2022. Takanashi Sara, la sauteuse à ski la plus médaillée de l'histoire de la Coupe du monde, pourrait bien se joindre à lui, afin d'ajouter à sa médaille de bronze remportée à PyeongChang.
Pourtant, malgré ce passé prestigieux, Kobayashi admet avec pudeur que le héros de son enfance n'était pas un sauteur à ski, et encore moins un grand athlète japonais. Le jeune garçon vénérait plutôt le style et l'audace du snowboardeur norvégien Torstein Horgmo. Aujourd'hui âgé de 32 ans, le Norvégien a remporté trois médailles d'or en Big Air aux X Games et a été le premier athlète de l'histoire à réussir un triple cork.
Cependant, Kobayashi a déjà réussi à surpasser Horgmo : le pionnier du snowboard s'apprêtait à concourir au slopestyle à Sotchi en 2014 lorsqu'il s'est tristement cassé la clavicule pendant un entraînement.
"Je ne suis jamais allé à Pékin, mais j'ai hâte d'y aller et de participer aux Jeux", s'est réjoui Kobayashi. Beijing 2022 est pour lui une seconde chance de connaître la gloire olympique.
S'il réussit à remporter pour le Japon une quatrième médaille d'or olympique en saut à ski, il ne manquera pas de mentionner l'immense influence de son frère. De cinq ans son aîné, Kobayashi Junshiro a fait ses débuts en Coupe du monde en 2011 et a tracé la voie pour son frère.
"Nous avions des centres d'intérêt différents quand nous étions enfants, raconte Kobayashi junior le sourire aux lèvres. Mais maintenant, nous partageons la même chambre pendant la saison de Coupe du monde et nous jouons à beaucoup de jeux ensemble."
Le cadet des Kobayashi commence cette saison assez difficilement, notamment en raison de problèmes de dos qui ne facilitent pas la tâche presque insurmontable pour l'athlète de réaliser les mêmes exploits que pendant son incroyable saison 2018/19. Néanmoins, bien qu'il n'ait pas décroché un seul podium lors des quatre premières épreuves, il a rapidement repris le rythme et a remporté trois des six épreuves suivantes.
"Je ne suis pas encore à 100 % de ma forme, a-t-il déclaré début février, mais j'arrive quand même à me défendre à ce niveau."