Noriaki Kasai arrête le temps
A 45 ans, le sauteur japonais Noriaki Kasai va disputer sa huitième édition des Jeux Olympiques d'hiver, ce qu'il est le premier à réaliser tous sexes et tous sports confondus. Toujours compétitif, il est prêt à jouer à fond ses chances dans les deux épreuves individuelle, et à aider ses jeunes coéquipiers à briller dans l'épreuve par équipes !
537 départs individuels en Coupe du monde depuis 1988, 79 podiums et 17 victoires, onze championnats du monde de la FIS disputés à partir de ceux de Lahti en 1989 pour 42 épreuves (25 individuelles, 17 par équipes) et 7 podiums, et surtout... Huit participations aux Jeux d'hiver ! Noriaki Kasai, qui a démarré son parcours olympique en s'élançant sur le tremplin de Courchevel en 1992 lors des Jeux d'Albertville, et qui a disputé son édition la plus aboutie à Sotchi en 2014 avec une médaille d'argent individuelle et un bronze par équipes, établit à PyeongChang un incroyable record de longévité tous sexes et tous sports confondus ! Parmi ses records, figurent d'ailleurs les 20 années séparant sa médaille d'argent par équipes à Lillehammer en 1994 et ses deux podiums à Sotchi il y a quatre ans.
A pied d'oeuvre sur le tremplin d'Alpensia
A 45 ans (il est né le 6 juin 1972 à Shimokawa dans le Hokkaido, l'ile du nord qui a accueilli la même année les Jeux d'hiver de Sapporo), Noriaki Kasai s'est montré particulièrement soulagé d'être présent sur le tremplin HS109 d'Alpensia pour les premiers runs d'entraînement jeudi 8 février. Car la pression pour arriver là a été intense ! Il savait en effet que s'il parvenait à faire ses valises pour PyeongChang 2018, il deviendrait le premier athlète de l'histoire à avoir disputé huit Jeux d'hiver. "J'étais au courant que ce serait un nouveau record, et cela m'a mis un terrible pression, mais je l'ai fait !", a-t-il déclaré. Kasai, qui s'alignera aussi dans la compétition sur grand tremplin (HS140), avait déjà battu un record il y a quatre ans à Sotchi en devenant dans la même épreuve, en argent derrière le Polonais Kamil Stoch, le plus vieux médaillé olympique de son sport.
Il ne connaît pas le doute concernant sa présence parmi des compétiteurs qui ont la moitié de son âge. "Après les Jeux à Sotchi, j'ai eu un emploi du temps très serré en dehors des compétitions. Durant cette période où j'ai manqué d'entrainement, j'ai quand même obtenu des résultats de bon niveau, cela m'a convaincu qu'en m'entraînant plus, je serais à nouveau compétitif."
Les secrets de sa réussite au-delà des 40 ans sont au coeur d'un livre qu'il a publié en 2017, mais malgré son immense expérience, l'éternel sauteur japonais, déjà médaillé d'argent par équipes il y a 24 ans aux Jeux de Lillehammer 1994 avec des coéquipiers et des adversaires qui sont tous aujourd'hui bien loin de leurs années de compétition, a reconnu être tendu lors de ses premiers sauts d'entraînement à Alpensia. "J'étais très nerveux, et après avoir sauté deux fois, je ne me sentais pas bien. J'ai essayé de faire mon meilleur saut à ma 3e tentative, et je l'ai réussi. Je me suis senti délivré après ça !' En soirée, ce 8 février veille de la Cérémonie d'ouverture, il a gagné sans problème sa place pour la compétition sur petit tremplin qui aura lieu samedi 10, en se classant 20e sur 57 concurrents lors du tour qualificatif, avec un bond à 98.0 m.
Toujours au top en Coupe du monde
Bien qu’il soit passé tout près à Sotchi 2014, battu d'une misère de points sur le grand tremplin par Kamil Stoch, Noriaki Kasai n’a toujours pas atteint son but : "remporter ce que je désire par-dessus tout, la médaille d’or". Il répond présent dans toutes les saisons qui mènent aux Jeux de PyeongChang 2018. Il signe sa 17e victoire sur le tremplin HS142 de Ruka le 29 novembre 2014 pour devenir le plus vieux vainqueur en Coupe du monde de saut à ski à 42 ans et 176 jours, il remporte le bronze avec Sara Takanashi (19 ans), Yuki Ito et Taku Takeuchi dans l’épreuve mixte par équipes des Mondiaux FIS de Falun 2015.
Lors de la saison 2015-2016, Noriaki Kasai aligne encore 7 podiums en Coupe du monde et atteint le 12 mars le chiffre magique de 500 concours de saut. "Je participe à la Coupe du monde depuis que j’ai 16 ans, cela fait maintenant 27 ans. Quand je suis devenu quadragénaire, mon intention était déjà de continuer jusqu’à 50 ans. 500 est un beau chiffre mais mon préféré est le 6, je veux atteindre la marque de 600, celle-ci, aujourd’hui, n’est qu’un cap intermédiaire". dit-il alors.
"Gagner l'or à PyeongChang 2018".
L’éternel sauteur Japonais est encore très brillant en 2016-2017, et en fin de saison, lors de la nouvelle tournée norvégienne Raw Air, le 19 mars 2017, il réussit deux fantastiques sauts à 239,5m et 241,5m en vol à ski sur la rampe de lancement HS225 de Vikersund pour prendre la 2e place derrière le double champion olympique en titre Kamil Stoch. Lors de la dernière épreuve de la saison, le 26 mars à Planica (Slovénie), il se classe encore 3e pour signer son 63e podium individuel, à 44 ans ! Quant au 18e podium par équipes, Il l'obtient cet hiver même, à Ruka (Finlande) avec ses coéquipiers tous nés dans les années 1990, Taku Takeuchi, Ryoyu Kobayachi et Junshiro Kobayashi derrière l'Allemagne et la Norvège.
"Mon but reste de gagner la médaille d’or à PyeongChang, et je veux réaliser ça devant ma famille. Je pensais continuer jusqu’à mes 50 ans, mais ma ville de Sapporo envisage sa candidature pour les Jeux d’hiver 2026. J’en aurai 54, mais c’est une énorme chance que je ne veux pas laisser passer." Noriaki Kasai ne manque pas non plus de marteler : "Gagner l’or à PyeongChang est mon seul objectif. Je n’ai pas encore gagné de médaille d’or olympique."