Le double champion du monde Kiyuna veut mener la révolution du karaté au Japon

Ryo Kiyuna : retenez ce nom. C’est l’une des plus grandes chances de médaille de toute la délégation japonaise lors de « ses » Jeux Olympiques de 2020. Le karatéka de 27 ans est champion du monde 2014 et 2016 de la Fédération mondiale de karaté (WKF), médaillé d’or des Jeux mondiaux 2017 et est invaincu en grandes compétitions depuis 2013.

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Le double champion du monde Kiyuna veut mener la révolution du karaté au Japon
(Getty Images)

Comme bon nombre d’autres athlètes de haut niveau, la sensation japonaise Ryo Kiyuna met son succès sur le compte du dur labeur, tout simplement. À vrai dire, il suffit de jeter un œil à son programme d’entraînement pour découvrir le véritable sens du mot “dévouement”.

« Je pratique la technique entre cinq et six heures par jour, sept jours par semaine, commence-t-il. Ensuite, je fais une à deux heures par jour d’entraînement physique, sept jours par semaine aussi, et pour finir j’enseigne le karaté entre une à quatre heures par jour, quatre jours par semaine. »

Vous aussi, vous êtes essoufflé rien qu’à lire ce programme ? Pour Kiyuna, la possibilité de décrocher une médaille d’or olympique devant son public lui sert de motivation. Mais aussi la peur que l’un de ses concurrents pourrait travailler plus dur et faire des progrès plus fulgurants que lui.

En kata, l’épreuve « démonstration » du karaté moderne dans lequel un athlète, seul, réalise des enchaînements de mouvements programmés, la technique et la précision sont essentiels.

« Je continue à m’entraîner constamment, tous les jours, et je me ressasse l’importance du kihon (technique de base), explique Kiyuna. J’ai pour objectif de continuer à m’améliorer pour atteindre mon meilleur niveau aux Jeux Olympiques. »

Outre sa satisfaction personnelle, le champion du monde en titre a un objectif bien plus altruiste.

« En fait, le karaté n’est pas le sport le plus populaire au Japon, il n’est pas encore très connu dans tout le pays », regrette-t-il. Pourtant, le karaté est né au Japon et le Nippon Budokan, le site où se jouera le karaté en 2020, est considéré comme sa maison spirituelle.

« Le fait de devenir sport olympique est une opportunité exceptionnelle pour le karaté, surtout quand on connaît les liens forts qui lient le karaté à la culture traditionnelle japonaise, se réjouit Kiyuna. Ce sera l’occasion de démocratiser davantage encore la discipline au Japon. »

« Ce serait génial que le karaté devienne un sport majeur au Japon grâce à cet événement (les Jeux Olympiques 2020). »

Le n° 1 mondial sait en tout cas que son timing est idéal pour s’inscrire au Panthéon des grands karatékas. Si le karaté s’est longtemps battu pour faire parler de lui sur la scène mondiale, il n’a jamais vraiment réussi à percer. Kiyuna pense que c’est le moment ou jamais, pour son sport comme pour lui-même.

« La validation du karaté comme sport olympique vient au meilleur moment. C’est une occasion tellement bonne pour moi. J’espère donc pouvoir être à la hauteur de ce moment historique pour notre discipline », dit-il.

Le fait de devenir sport olympique est une opportunité exceptionnelle pour le karaté, surtout quand on connaît les liens forts qui lient le karaté à la culture traditionnelle japonaise. Ce sera l’occasion de démocratiser davantage encore la discipline au Japon. Ryo Kiyuna
- Ryo Kiyuna

À l’heure actuelle, le Japon domine sans partage le karaté dans son ensemble, mais surtout dans la discipline du kata. Aux Championnats du monde 2016 à Linz, en Autriche, le Japon a remporté les titres individuels de kata chez les hommes et chez les femmes, ainsi que les médailles d’or en équipe dans les deux sexes. Les Japonais ont fait encore plus fort cette année à Paris, à l’occasion du premier tournoi de 2017 de la WKF Karate 1 Premier League. Ono Hikaru a décroché le titre individuel de kata chez les femmes, avant que Kiyuna ne termine premier chez les hommes, devant cinq autres Japonais !

C’est donc sans surprise que Kiyuna évoque la pression que lui mettent ses compatriotes, prêts à être performants s’il ne l’est pas.

« Je pense que les athlètes d’autres pays ont les mêmes sentiments que moi, explique-t-il. Quand je participe à des championnats internationaux, je n’oublie jamais d’être fier de représenter le Japon. Je pense aux autres karatékas qui ont fait tant d’efforts depuis de nombreuses années pour représenter le Japon. »

Cet état d’esprit porte ses fruits, c’est certain. Il suffit de consulter le profil de Kiyuna sur le site Internet de la WKF pour voir sa pléthore de premières places. La dernière fois que le Japonais n’a pas remporté le titre dans une compétition majeure, c’était aux Jeux mondiaux des sports de combat en Russie en 2013. Il avait fini deuxième.

Le pays du soleil levant n’est pas en reste côté féminin. À l’instar de son compatriote, Kiyou Shimizou est double championne du monde de kata en titre, et la karatéka de 23 ans n’a plus été vaincue en tournoi majeur depuis ses premiers pas, en 2011.

Kiyuna croit savoir pourquoi les athlètes japonais sont aussi doués.

« C’est parce que chaque athlète japonais sait parfaitement qu’il doit s’entraîner de plus en plus dur jusqu’aux Jeux Olympiques », dit-il.

Kiyuna, obsédé par cet événement mondial ? Peut-être, vu sa réponse quand on lui demande à quoi il pense lors de ses enchaînements de kata haute intensité.

« J’imagine le moment où je vais gagner la médaille d’or », répond-il.

S’il continue comme ça, il n’aura plus à l’imaginer très longtemps.

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