En karaté, la clé pour l'or est l'alliance du corps et de l'esprit !
Le karaté est l'un des cinq nouveaux sports inclus au programme des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. L'Italien Davide Benetello, champion du monde 1994 des +80 kg et triple champion d'Europe de kumite, le combat conventionnel en un-contre-un du karaté, explique ce que tous les grands karatékas ont en commun.
"Pour devenir un grand champion, il faut avoir l'esprit martial", dit Davide Benetello. "Car vous devez vous battre contre vous-même et toujours suivre le bon chemin. C'est là que réside la différence entre un bon athlète et un champion".
Selon l'ancien karatéka italien, c'est ce qui lie l'exubérant Azerbaïdjanais Rafael Aghayev, quintuple champion du monde et décuple champion d'Europe de kumite, et son taciturne rival dans la catégorie des -75 kg, l'Ukrainien Stanislav Horuna. Benetello décèle le même "esprit martial" chez l'Égyptienne Giana Farouk, la championne du monde 2016 qui est un exemple pour tant de monde, et l'Italienne Sara Cardin, la championne d'Europe en titre des -55 kg qui compte plus de 22 000 followers sur Instagram.
Ces athlètes représentent un mélange extraordinaire de personnalités et de cultures, mais tous ont en eux cette volonté féroce, ces qualités athlétiques, cette dextérité et cette précision. Cette alliance entre le corps et l'esprit démarre dès les prémices et influence toutes les décisions que doit prendre un aspirant karatéka.
"Au début, le Sensei (le maître) va enseigner les bases du karaté à travers les katas (exercices techniques de précision individuels) et ce que nous appelons kihon, les techniques traditionnelles", explique Davide Benetello, "mais pour devenir un athlète d'élite, vous devez choisir si vous voulez devenir "kata" ou "kumite". C'est un sentiment personnel et quand l'athlète se sent prêt, il ou elle va aller voir le Sensei et lui dire "j'aime le kata" ou "j'aime le kumite". C'est toujours l'athlète qui décide, jamais le maître".
Le karaté sera chez lui au Nippon Budokan
Malgré tous les efforts qu'il a déployés pour que le karaté entre plus tôt au programme olympique, Benetello pense que son sport ne pouvait pas trouver meilleur endroit pour ses débuts aux Jeux.
"C'est parfait. Tokyo, c'est chez nous, c'est notre maison", confie l'Italien, également président de la commission des athlètes de la WKF (Fédération mondiale de karaté), qui s'est investi dans la candidature olympique du karaté depuis 2009. "Le Nippon Budokan (la légendaire salle de la capitale japonaise où les compétitions de karaté des Jeux de 2020 vont se disputer) est l'endroit où ont été organisés les premiers championnats du monde en 1970. C'est une arène où vous pouvez ressentir l'esprit des arts martiaux".
Davide Benetello fait partie des nombreuses personnalités qui attribuent au président de la WKF, Antonio Espinos, le mérite d'avoir permis au karaté d'atteindre son but olympique. Sous la houlette du président espagnol, le sport a continuellement adapté ses règles pour réduire le risque de blessures, augmenter la sécurité des athlètes et apporter plus de transparence dans le jugement. Benetello est certain que ces mesures ont rendu son sport bien plus intéressant que ce soit à suivre ou à pratiquer !
Les chiffres lui donnent raison. Du centre à l'est de l'Europe, de l'Amérique Latine au Moyen-Orient, des champions émergent partout dans le monde. Des athlètes représentant 102 fédérations nationales ont disputé les Championnats du monde de karaté en 2016, tandis que lors de la Coupe WKF des jeunes en 2017 à Umag, Croatie, des karatékas venus d'Inde, de Turquie et d'Israël ont remporté des titres.
La création de la "Karate1-Premier league" de la WKF a aussi constitué un tournant important pour ce sport. Lancée en 2011, elle comprend cette année quatre tournois – à Paris (FRA), Rotterdam (NED), Dubaï (UAE) et Rabat (MAR) – pour s'achever en beauté en Allemagne (Halle et Leipzig).
Bien qu'il n'y ait dans trois ans, aux Jeux de Tokyo 2020, que 80 places disponibles pour les deux sexes - 20 en kata et 60 répartis dans les différentes catégories de poids en kumite - Benetello espère que "35 à 40 CNO (Comités Nationaux Olympiques) au moins seront représentés".
L'effet olympique
Si le Japon, l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne sont des pays traditionnellement forts dans les deux disciplines, d'autres nations comme l'Ukraine brillant seulement en kumite, Davide Benetello attend du "facteur olympique" qu'il ait un impact aussi fort que rapide.
"Ces deux prochaines années, en période de qualification olympique, nous allons voir plusieurs nations devenir plus fortes", souligne l'Italien âgé de 44 ans. "Les athlètes vont bénéficier de plus de soutien de la part de leurs CNO respectifs, parce que dans le passé, il était très difficile pour les fédérations nationales de s'en sortir. Désormais, elles vont toutes recevoir les moyens d'aller chercher des résultats".
Ce n'est que le début. Nous sommes très optimistes, car le karaté mérite sans aucun doute sa place aux Jeux Olympiques Davide Benetello -Davide Benetello
S'il a passé toute sa carrière à rêver de l'arrivée du karaté aux Jeux Olympiques, Davide Benetello pense déjà à l'après-Tokyo 2020.
"Ce n'est que le début. Nous sommes très optimistes, car le karaté mérite sans aucun doute sa place aux Jeux Olympiques. Ils (les fans, les officiels) vont admirer des techniques claires et rapides, des actions précises, de belles démonstrations de respect mutuel et la façon dont nous suivons l'esprit martial. Et nous espérons évidemment avoir plus de places pour les prochaines éditions des Jeux Olympiques".