Champion olympique à Londres en 2012 avec la République de Corée en sabre par équipes, Kim Junghwan défendra cette fois ses chances en individuel. A Rio, de nombreux sabreurs peuvent prétendre aux honneurs. « Presque toutes les nations européennes », dit Kim.
Fin mai, le dernier Grand Prix FIE de sabre avant les Jeux de Rio s’est disputé à Moscou. Kim Junghwan y a mené un parcours particulièrement autoritaire, interdisant à ses rivaux successifs de s’approcher à plus de trois touches, ce que seul le Russe Nikolay Kovalev a réussi en demi-finale, battu 15-12. En finale, Kim a triomphé du Chinois Xu Yingming, 15-7. « J’étais prêt pour ce Grand Prix. Je me suis entraîné très dur. Aujourd’hui, je me sens très chanceux. Il ne reste plus que deux mois avant les Jeux et je suis à mon meilleur niveau. J’attends Rio avec impatience ! ». Ses résultats cette saison en font le N°2 du classement mondial dans son arme, derrière le Russe Alexey Yakimenko et devant le champion olympique de Londres 2012, le Hongrois Aron Szilagyi.
« Je dirais qu’il y a divers moment décisifs dans ma carrière. Premièrement, j’ai été sélectionné pour intégrer l’équipe nationale, ce qui a constitué pour moi un tournant en tant qu’escrimeur. Puis j’ai gagné la médaille d’or du sabre par équipes à Londres en 2012, ce qui est devenu un deuxième tournant ». raconte Kim. Lors de ces Jeux 2012, il est éliminé en 1/16e de finale de l’épreuve de sabre individuel par le Chinois tenant du titre, Zhong Man (15-14). Ses coéquipiers Won Woo-Young et Gu Bon-Gil font un tour de plus : ils sont tous les deux battus lors des huitièmes de finale de cette compétition gagnée par Aron Szilagyi vainqueur en finale face à l’Italien Diego Occhiuzzi (15-8).
Quatre jours plus tard, le 3 août, l’équipe coréenne de sabre, constituée des trois tireurs qui ont disputé la compétition individuelle renforcés par Oh Eun-Seok, démarre le tournoi par équipes avec une victoire en quart de finale face à l’Allemagne, 45-38. Elle se frotte ensuite à la très compétitive formation italienne avec une place en finale comme enjeu. « Ca a été le moment le plus difficile », se souvient Kim, « quand j’ai affronté Aldo Montano. Il était chaud-bouillant et il se ruait à l’attaque. Les actions qui lui permettaient de marquer des touches étaient particulièrement tranchantes, ce qui m’avait quelque peu découragé dès le départ. Je me rappelle que nous avons tiré le meilleur pari de mon jeu de jambes, ce qui m’a permis de remettre la marche avant ». Il remporte cet assaut 5-2. Dominé par Ochiuzzi, Kim prend ensuite le meilleur sur Luigi Tarantino. Les Coréens se détachent à mi-rencontre et l’emportent sans trembler, 45-37.
En finale, avec Oh Eun-Seok, Kim, Won et Gu se montrent nettement supérieurs à leurs adversaires roumains. Ils mènent au score dès le départ, creusent un gros écart avant de fêter la médaille d’or sur le score de 45-26. C’est le troisième titre olympique de la République de Corée en escrime, après Kim Young-Ho au fleuret à Sydney en 2000, et Kim Ji-yeon au sabre dames, 48h plus tôt à Londres.
Kim Junghwan s’affirme par la suite comme un des meilleurs sabreurs du circuit. Par équipes, il est vice-champion du monde à Kazan en 2014. En individuel, il est champion d’Asie 2015 à Singapour, et 2016 à Wuxi (Chine). « Tous les athlètes qui vont représenter leur pays aux Jeux Olympiques vont être très bons, mais je pense que les Russes, les Italiens, les Hongrois, les Roumains et les Allemands, soit presque toutes les nations européennes, vont être nos rivaux », dit-il en pensant à la compétition individuelle, dans la mesure où, selon le principe de rotation des épreuves d’escrime par équipes, le sabre masculin en version collective n’est pas au programme à Rio cette année.
Pour détailler qui sont les principaux favoris de l’épreuve olympique, il faut commencer par le champion du monde 2015 et actuel N°1 du classement sabre FIE, le Russe Alexei Yakimenko. Le tenant du titre olympique hongrois Aron Szilagyi est toujours là, n°3 mondial, champion d’Europe 2015 à Montreux (Suisse). Les escrimeurs italiens, Aldo Montano et Diego Occhuizzi auront comme souvent leur mot à dire. L’Allemand Max Hartung, souvent présent dans le dernier carré des grandes compétitions, sera à suivre. Le Roumain Tiberiu Dolniceanu, triple médaillé de bronze mondial (2013, 2014, 2015) espère bien aller plus haut aux Jeux. Et il ne faut pas oublier l’Américain Daryl Homer, vice-champion du monde 2015. Ni le coéquipier de Kim, Gu Bon-Gil qui était le N°1 mondial et le vainqueur de la Coupe du monde de sabre en 2014 et en 2015.
La compétition sera donc particulièrement ouverte sur la piste d’escrime de l’arène Carioca 3 du Parc Olympique de Barra cet été. « Ce que j’ai besoin d’améliorer, c’est ma force physique, je veux dire sur un plan basique. C’est sur l’amélioration de cette force physique spécifique à l’escrime que je me concentre en ce moment », dit Kim qui se rendra à Rio avec une confiance renforcée par sa belle victoire au Grand Prix FIE de Moscou.