Paris Grand Slam 2024 | Axus, Cazorla, Chaine, Gaba : quatre judokas français dans la course aux JO de Paris 2024 en -73 kg

Paris 2024

Le Paris Grand Slam 2024 est d’une importance capitale sur la route des JO de Paris 2024. Cette échéance pourrait permettre de dégager une hiérarchie nationale dans les catégories de poids où le niveau est très homogène. C’est notamment le cas en -73 kg avec quatre prétendants.

6 minPar Nicolas Kohlhuber
Podium des -73 kg aux Championnats de France 2023
(France Judo / Stéphane Bonnet)

« On sait que ça sera très important pour la suite, pour la qualification olympique. On joue un peu tout notre avenir sur cette compétition. »

Benjamin Axus est conscient que ce n’est pas un Paris Grand Slam ordinaire pour lui ce samedi 3 février. Ses compatriotes Orlando Cazorla, Joan-Benjamin Gaba et Guillaume Chaine aussi.

Ils sont tous les quatre engagés en -73 kg avec un double objectif : performer et surtout marquer des points dans la course à la sélection aux JO de Paris 2024.

Tous sont en lice à l’Arena Bercy mais cet été, il n’y en aura qu’un pour représenter la France à l’Arena Champ-de-Mars, le 29 juillet prochain. Entre eux, la concurrence est rude, certes, mais saine. Alors que 10 des 14 sélectionnés français sont déjà connus, personne ne se détache dans la catégorie des -73 kg. Cette situation a même donné envie à Ugo Legrand, médaillé de bronze aux JO de Londres 2012 et à la retraite depuis presque huit ans, de revenir tenter sa chance avant que des blessures ne contrecarrent ses plans.

Joan-Benjamin Gaba, Guillaume Chaine, Benjamin Axus et Orlando Cazorla auraient pu profiter des Championnats de France 1ʳᵉ Division pour faire un premier écart en novembre dernier, mais ils ont trusté les quatre places du podium et restent donc tous en course. L'échappée attendra et pourrait se produire en ce premier week-end de février.

Le Paris Grand Slam étant la seule compétition internationale où les quatre peuvent être mis en confrontation, cette échéance est un virage à bien négocier. Ça ne sera pas le seul, mais ils ont conscience qu’il vaut mieux se placer à l’avant que d’accuser du retard.

« Le premier qui va sortir une grosse performance va prendre un peu d'avance sur cette sélection. Tout reste à faire, tout reste possible et réalisable », analyse Guillaume Chaine.

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Quatre prétendants en -73 kg et autant de parcours différents

S’ils sont aujourd’hui au même niveau, leurs parcours, leurs stratégies, leurs histoires et leurs difficultés sont différentes dans leur poursuite d’un rêve commun : participer aux Jeux Olympiques à la maison.

Ce quatuor qui s'entend bien à force de vivre ensemble en stage ou en compétition est composé de deux générations. Orlando Cazorla et Joan-Benjamin Gaba ont 23 ans, soit 6 de moins que Benjamin Axus et 14 de moins que Guillaume Chaine. Le compteur de ce dernier affiche 37 ans et une longue expérience des grands rendez-vous.

« Il n'y a pas que des inconvénients à être vieux. C'est ma force sur les quatre, cette expérience sur le tapis et en-dehors, cette expérience des Jeux. Il faut savoir faire avec ses armes. Je n'ai pas la fougue de Joan-Benjamin ou le mètre 90 de Benjamin, donc je fais avec mon expérience et ma patience », philosophe celui qui s'était qualifié aux JO de Tokyo 2020.

Depuis, il a eu besoin de faire une pause pour se remettre d'une rupture d'un ligament croisé. Occupant le 134e rang mondial avant le Paris Grand Slam 2024, il reste néanmoins fidèle à sa feuille de route qui a été élaborée pour lui permettre d'accélérer en ce début d'année olympique.

Si Guillaume Chaine avait pu participer aux JO de Tokyo 2020, c'est parce qu'il avait coiffé Benjamin Axus sur le fil dans un scénario similaire il y a trois ans.

« J’étais déçu d’avoir manqué Tokyo mais je n’avais aucun regret parce que je ne méritais pas d’y aller. J’étais conscient que c’est lui qui méritait. Pour cette olympiade, je ne veux pas avoir de regrets, je veux pouvoir me donner à fond. Aujourd’hui, je pense que ça m’a servi car ça m’a aidé à me construire et c’est pour ça que je suis là, à ne rien lâcher », avoue Benjamin Axus.

Il est aujourd'hui le mieux placé des quatre au classement IJF et le seul représentant français dans le top 30 mondial de la catégorie. Mais le judoka de l'AJA Paris XX a conscience que ce n'est pas assez. Le leader veut marquer le coup en s'échappant.

« Il faut chercher des médailles », insiste-t-il avec détermination. Pour y arriver, il a décidé de travailler encore plus avec son club pour se concentrer sur lui.

« Des instants uniques qu'on a envie de revivre chez nous »

Les deux aînés de la catégorie sont très amis. Les deux cadets aussi.

« Orlando est un très bon ami, on est de la même génération. C’est une concurrence malgré nous, car il n’y a pas une locomotive. Le moment où il y en a un va commencer à performer, les autres vont suivre », explique Joan-Benjamin Gaba, le jeune qui progresse vite dans cette catégorie. Il compte déjà deux septièmes place au Paris Grand Slam à son actif.

À l'époque, Orlando Cazorla n'évoluait pas encore en -73 kg. Entre les régimes de plus en plus compliqués à tenir et la confirmation de Walide Khyar en numéro 1 des -66 kg, le choix de monter de catégorie a été fait. Son adaptation s'est très bien passée avec une septième place au Tokyo Grand Slam en décembre 2023. Plus libéré, il est conscient d'avoir une deuxième chance dans la course à la sélection olympique et veut en profiter.

« Je veux la prendre à la cool, me donner à fond et voir où ça me mène. Je prends ce qu’on me donne et j’y vais à fond. Pour l’instant, je suis content de cette montée », explique celui qui a les yeux qui pétillent en parlant des JO de Paris 2024.

« Je n’ose même pas imaginer ce que ça représente », poursuit-il. Cette sélection olympique est une récompense qui les fait tous rêver, bien plus que n’importe quelle médaille en Grand Slam.

Même pour Guillaume Chaine qui a déjà connu cette expérience, il s'agit un moteur.

Quand il évoque certains souvenirs du village olympique ou le podium de l’épreuve par équipes mixtes, même deux ans après Tokyo 2020, les larmes lui montent aux yeux.

« C'est encore beaucoup d'émotions. À chaque fois que j’en parle, je revis ces instants uniques qu'on a envie de revivre chez nous. »

Ils ont tous envie de connaître ces moments d'exception, mais d'ici au mois de mai, il n'y en aura qu'un -73 kg qui aura gagné ce droit.

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