Journée mondiale de la santé 2024 : Les bienfaits de l’activité physique et sportive selon Kevin Mayer et le Dr Michel Cymes

Par Julie Trosic
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Kevin Mayer of France looks on during the Men's 60m Heptathlon during Day 2 of the European Athletics Indoor Championships at the Atakoy Arena on March 04, 2023 in Istanbul, Turkey. (Photo by Alex Livesey/Getty Images for European Athletics)
Photo de Alex Livesey/Getty Images 2023

La Journée mondiale de la santé est célébrée ce dimanche 7 avril.

Si en cette année olympique, la Grande Cause Nationale 2024 est consacrée à la promotion de l'activité physique et sportive en raison de ses bienfaits avérés, le pays hôte des JO de Paris 2024 accuse un certain retard quand il s'agit de faire bouger les jeunes.

La France arrive en effet seulement en 119e position sur 146 pays en ce qui concerne le niveau de pratique d’activité physique et sportive chez les adolescents.

« Autant dire que ce n'est pas une grande fierté », explique le Dr Michel Cymes, l'un des experts du collectif Pour une France en forme, qui est consulté de près par le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Leur objectif commun ? Voir « comment faire de ces Jeux une formidable caisse de résonance » pour tout ce qui concerne l'activité physique et sportive des enfants et des adolescents, mais aussi des Français en général.

En France, l’Assurance Maladie rappelle à juste titre la différence entre activité physique, exercice physique et sport en soulignant que même les déplacements actifs ou les tâches domestiques du quotidien comme le bricolage et le jardinage permettent de se bouger.

Sédentarité, sensibilisation, longévité, plaisir et résilience : découvrez sur Olympics.com les enjeux de santé publique auxquels le sport et ses bienfaits peuvent répondre. Et sur ce sujet, médecins et athlètes, dont le décathlonien tricolore Kevin Mayer, sont du même avis.

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« Jeunesse sédentaire, vieillesse grabataire », le slogan-choc du collectif Pour une France en forme

« Voilà, ça choque, mais c'est exactement ce qu'il se passe », explique le Dr Michel Cymes.

Selon lui, la situation en France est très mauvaise puisque 80 % des enfants aujourd'hui ne respectent pas les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (l'OMS), à savoir 60 minutes d'activité physique par jour.

Les grands spécialistes de l'enfance et de l'activité physique estiment qu'aujourd'hui les enfants se dirigent vers des « maladies de vieux ». Il précise que le diabète de type 2, qui était appelé « diabète gras », ne touchait que les hommes bedonnants de 50 à 60 ans. Or actuellement, ce « diabète de la maturité » touche aussi les enfants.

« On se prépare à une génération qui va faire des infarctus à 30 ans, donc l'état des lieux est très préoccupant », confie-t-il avec inquiétude.

Dans ce contexte, il ajoute que la mobilisation se fait actuellement autour des jeunes enfants, « car c'est là que tout se joue ». D’après lui, les études montrent qu’un enfant âgé de 5 à 11 ans qui ne bouge pas sera un adulte qui ne bougera pas. Et à l’inverse, un enfant de la même tranche d’âge à qui l'on explique l'importance de l'activité physique deviendra un adulte actif.

Au vu de cet enjeu considérable, le Dr Michel Cymes rappelle l'importance de tout ce que Paris 2024 a pu mettre en place dans les écoles, notamment les 30 minutes d'activité physique quotidiennes.

Les messages sur l'importance de l'activité physique pour lutter contre la sédentarité et l'inactivité physique se sont multipliés et symbolisent les efforts mis en place. Car il en a fallu ! Le médecin précise que convaincre les enseignants que des enfants qui allaient se dépenser dans la cour seraient plus concentrés en classe n'a pas toujours été facile. Et maintenant que « ça a été prouvé », les enseignants en sont désormais persuadés.

« Mais on n'est pas dans le monde des Bisounours, tout ne se fait pas en un claquement de doigts », confie-t-il en faisant preuve de réalisme. « On a réussi, grâce à la communication de Paris 2024, à faire entrer dans le cerveau des Français que bouger est indispensable, [que ça] doit faire partie de l’hygiène de vie. »

Pour lui, l'activité physique n’est pas une variable d'ajustement : il faut prendre le temps d'en faire. Donc pour être en forme, sportez-vous bien !

Kevin Mayer : « Le sport est aussi un facteur de rajeunissement ! »

Le vice-champion olympique du décathlon de Tokyo 2020 Kevin Mayer, a co-écrit le livre Bougez plus, vivez mieux avec le Dr Michel Cymes. Il est lui aussi convaincu des bienfaits du sport pour la santé.

Si le recordman du monde de la discipline contribue à faire découvrir ses dix épreuves d’athlétisme au grand public et notamment aux enfants à travers son initiative intitulée Mayer Experience, il a également conscience des effets bénéfiques de l’activité physique chez les adultes, quel que soit leur âge.

« Maintenant, c'est prouvé scientifiquement […] que le sport est aussi un facteur de rajeunissement énorme », a-t-il confié en exclusivité à Olympics.com. « Peut-être pas au niveau où je le pratique parce que je vais dans les extrêmes, mais clairement, on n'est pas du tout fait pour rester assis dans nos bureaux ou dans nos canapés toute la journée et puis ensuite aller se coucher. » Et d'ajouter que ce type de sédentarité est « catastrophique » à différents égards, notamment pour le système nerveux.

Sur ce point, ce ne sont pas les doyens du Marathon pour Tous de Paris 2024, qui diront le contraire. Car Barbara Humbert et Charly Bancarel auront respectivement 84 et 94 ans cet été pour prendre le départ des courses ouvertes au grand public.

Preuve que le sport, c’est la santé !

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Le plaisir et le pouvoir du sport malgré un handicap ou une longue maladie

Pour Claire Supiot Garçon, ancienne nageuse olympique qui vise une qualification pour Paris 2024 en para natation à 56 ans, l’activité physique permet de « s'entretenir ». Atteinte de la maladie de Charcot-Marie Tooth, elle sait déjà que le sport-santé fera partie vraiment de sa vie après sa retraite sportive.

« C'est quelque chose que je veux promouvoir », avait-elle confié lors d’une interview exclusive pour Olympics.com. « Parce que le haut niveau, c'est une chose. Mais le ‘Bouger 30 minutes’ est quelque chose – d'au moins pour moi – tout à fait réalisable à son niveau. »

Si la sédentarité est la quatrième cause de mortalité, c’est la première qui peut être évitée selon l’OMS. Sachant que l’inactivité physique augmente le risque d’obésité, de diabète, d’hypertension artérielle, de maladies cardiovasculaires et de certains cancers, il semble important de faire bouger les choses.

Sur ce terrain, la joueuse brésilienne de rugby à sept Raquel Kochhann a réussi à gagner son combat contre la maladie grâce à sa passion pour le sport.

« Le cancer, ce n’est pas la fin du monde : votre vie n’est pas terminée ». L’essentiel selon elle est de se concentrer sur le processus de guérison en y consacrant toute son énergie, de veiller à rester positif et faire tout son possible pour pouvoir se sentir bien à nouveau.

Décidément, le sport a des super-pouvoirs.

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