JO de Paris 2024 : « On a vécu un moment unique dans l’histoire de l’escrime », les Français reviennent sur leurs médailles olympiques

Par Céline Penicaud
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Escrime - Fleuret - Médaille de bronze par équipes - Paris 2024
Photo de Maja Hitij/Getty Images

Les escrimeurs français partagent leurs souvenirs et leurs émotions liés à Paris 2024, à l’approche de la fin de cette année olympique.

Quatre mois se sont écoulés depuis les Jeux Olympiques, mais Paris 2024 est toujours dans tous les esprits.

À l’aube des Championnats de France d’Escrime 2024, qui se déroulent samedi 21 décembre au Complexe sportif Éric Tabarly d’Antony, nous avons pu rencontrer certains médaillés qui sont revenus sur leur été parisien.

Et l’évocation de cet événement planétaire met instantanément des étoiles dans les yeux des athlètes.

« C’était une expérience incroyable, je n’aurais pas pu rêver mieux », s’émeut Maximilien Chastanet, médaillé de bronze de fleuret par équipes. « Je me sens vraiment honoré d’avoir pu représenter la France, le groupe, l’escrime au Grand Palais. »

« Pour moi, les Jeux Olympiques ça a été une expérience énorme, c'était ma première fois », décrit pour sa part Sébastien Patrice, médaillé de bronze de sabre par équipes. « C'est super d'avoir une médaille, surtout quand c'est pendant les Jeux Olympiques en France, et avec ton frère dans l'équipe en plus. »

Soutien indéfectible du public, pouvoir du collectif pour décrocher la médaille, projection pour 2028… Les escrimeurs partagent leurs meilleurs souvenirs et leurs ambitions.

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Un public enflammé au Grand Palais, l'atout réussite des escrimeurs

Pour leurs épreuves olympiques, les escrimeurs ont pu bénéficier d'un décor enchanteur, le mythique Grand Palais de Paris. Et ils ont pu compter sur le soutien indéfectible des 9 000 spectateurs présents quotidiennement.

« C'était ma première devant près de 10 000 spectateurs qui étaient là pour moi. Tu n'es jamais prêt pour ça quand tu es escrimeur. On s'est sentis footeux le temps d'un instant », se réjouit Sébastien Patrice.

Même constat du côté de Maxime Pauty, qui a remporté le bronze avec l'équipe de fleuret, trois ans après l'or à Tokyo 2020.

« Elle a une saveur particulière cette médaille de bronze, parce qu’elle a été gagnée devant le public français au Grand Palais », explique-t-il. « Il y avait une ambiance de malade ! Quand on entre dans la nef du Grand Palais, qu’on voit nos têtes sur des cartons, des tifos comme au foot… On est conscients qu’on vit un moment unique dans l’histoire de l’escrime. »

« C’est du jamais vu et je pense que ce ne sera jamais revu, surtout dans un aussi beau lieu. »

Son coéquipier Maximilien Chastanet souligne lui aussi l'importance du public pour décrocher cette médaille de bronze face aux États-Unis d’Amérique (45-32).

« Le public nous a vraiment soutenus, dès qu’on est entrés sur la piste. Au début du match pour le bronze on était un peu derrière, et là le soutien du public nous a vraiment aidés à nous surpasser », se souvient-il.

Avant de poursuivre : « J’entendais vraiment le public et presque plus l’arbitre, je me suis même pris des avertissements parce que je n’étais pas prêt au moment où il nous donnait le go pour combattre. Il y a eu des moments plus compliqués pendant le match, et le bruit, le tremblement de terre qui vient des gradins, c’est quelque chose qui nous fait revenir à l’instant présent. [...] Le public a été incroyable ce jour-là. »

L’esprit collectif pour se relever après la défaite et décrocher la médaille

En plus de la symbiose avec le public, les escrimeurs retiennent l’esprit collectif qui régnait pendant ces Jeux Olympiques, et le plaisir de partager ces moments ensemble.

« C’est un groupe avec lequel je m’entraîne depuis longtemps, mes coéquipiers je les connais depuis de nombreuses années maintenant, on a eu beaucoup de victoires et de défaites ensemble », confie Maximilien Chastanet.

« Pouvoir partager ces moments-là, ce sont des liens qu’on gardera à vie et qu’on n’oubliera jamais. Je suis vraiment heureux d’avoir pu partager ça avec eux, surtout que ce sont des personnes formidables », poursuit-il.

Sébastien Patrice retient également tout le chemin parcouru avec son équipe de sabre avant de décrocher la médaille.

« Avec du recul, ce dont je suis le plus fier et qui a été le plus beau et le plus excitant à vivre, c'est tout le parcours. Toute la qualification, tous les moments de doute, les moments de joie, d'échec », détaille-t-il.

Le sabreur de 24 ans a en plus eu le privilège de partager ces moments avec son frère Jean-Philippe, lui aussi membre de l’équipe qui a obtenu la médaille de bronze face à la République islamique d'Iran (45-25).

« Quand t'es médaillé olympique, que tu vois ta famille dans les gradins... Tu te retournes et tu regardes le chemin, tu dis à ton frère : 'regarde ce qu'on a fait'. Et là c'est un vrai kiff. Parce que la médaille, oui, c'est une consécration, c'est la conséquence, mais ce qui est super beau c'est vraiment tout ce qu'on a fait. »

Maxime Pauty et l’équipe de fleuret ont vécu le match pour la médaille de bronze « vraiment comme une finale » pour se dépasser.

« Souvent, les gens ne sont pas d’accord, mais moi je préfère faire médaille de bronze que médaille d’argent, puisque pour moi il y a champion et médaillé. Donc pour moi l’argent et le bronze c’est pareil, sauf qu’il y en a une où on finit sur une victoire et l’autre sur une défaite », analyse le fleurettiste de 31 ans.

« Le fait de finir sur une victoire, devant le public français, mais aussi avec la trouille de repartir bredouille, ça a été une belle émotion, une belle médaille. Bien sûr que j’aurais préféré qu’on soit champions olympiques, mais cette médaille de bronze on la prend et on est fiers de nous », insiste-t-il.

Dès la fin de Paris 2024, l’envie de se projeter vers Los Angeles 2028

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 à peine terminés, que les escrimeurs rêvent déjà de nouvelles médailles aux Jeux de Los Angeles 2028.

« Je me suis remis des objectifs avec les Jeux de Los Angeles dans 4 ans, je vais faire mon petit bout de chemin », avoue Maximilien Chastanet. « Sur le long terme Los Angeles 2028 est un objectif. J’ai vécu 4 ans aux États-Unis, je me dis que c’est peut-être un petit clin d’œil. Je vais essayer d’aller chercher quelque chose là-bas. »

Maxime Pauty se projette lui aussi déjà de l’autre côté de l’Atlantique.

« Dans ma tête je repars pour quatre ans. Quand j’ai vu la flamme s’éteindre au Stade de France, avec les vidéos et le lancement avec Tom Cruise qui prend la flamme et l’emmène à Los Angeles, je me suis dit ‘moi aussi j’ai envie de me mettre sur une moto’, même si je n’ai toujours pas le permis », s’amuse-t-il grand sourire aux lèvres.

« J’ai envie de rouler jusqu’à Los Angeles et d’essayer d’aller chercher d’autres médailles. Je suis convaincu que le plus beau reste à venir », conclut-il.