Fanny Smith, l’odyssée olympique de l’athlète la plus victorieuse de l’histoire du ski cross
Fanny Smith est une légende du ski cross. La Suissesse détient le record de victoires en Coupe du monde, hommes et femmes confondus, et est montée sur tous les podiums mondiaux depuis son titre remporté en 2013. Elle vise désormais la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Beijing 2022 où elle sera bien présente le 17 février malgré une frayeur en janvier.
Fanny Smith a un des palmarès les plus impressionnants de l’histoire de la Coupe du monde de ski cross avec trois petits globes et le record de victoires, hommes et femmes confondus. La Suissesse a également gagné cinq médailles aux Championnats du monde dont une en or.
Pourtant, alors que toute sa carrière d’athlète professionnelle a été conditionnée par l’entrée du ski cross au programme des Jeux Olympiques d’hiver, elle cherche encore à remporter un titre olympique.
La skieuse de 29 ans tentera sa chance à Beijing 2022 pour la quatrième fois de sa carrière.
Elle a déjà remporté une victoire avant même que les Jeux ne commencent : blessée à un genou à la mi-janvier après une chute à Nakiska (Canada) en Coupe du monde, elle a gagné son contre-la-montre et s'alignera bien face à ses concurrentes le jeudi 17 février, à partir de 11h30 heure locale.
Et là, elle essaiera de faire mieux que la médaille de bronze ramenée de PyeongChang il y a quatre ans.
À LIRE AUSSI : Cinq choses à savoir sur Fanny Smith
C’est dans une télécabine de Zweisimmen que Fanny Smith a réellement lancé sa carrière d’athlète professionnelle. On était le 28 novembre 2006 et tout a commencé avec une question de son père. Ce jour-là, le ski cross faisait son entrée au programme olympique des JO d’hiver.
« Je m'en rappelle encore, mon père m'a demandé si je voulais faire les Jeux Olympiques d'hiver en ski cross. J'avais peut-être dû faire cinq courses dans ma vie et j'ai répondu « oui, pourquoi pas ». J'avais 14 ans et tout est parti de là. Mon père m'a dit de m'amuser en faisant mon sport et qu’il allait structurer ça avec ma mère », s’amuse encore celle qui a vu son destin basculer avec cette décision.
La Suissesse a participé à sa première course en Coupe du monde deux ans plus tard et était bien présente à Vancouver 2010 quand le ski cross a fait sa première apparition aux Jeux Olympiques d’hiver.
La skieuse qui n'était pas encore majeure était montée sur son premier podium en Coupe du monde le mois précédent avec une deuxième place à Lake Placid. Depuis ce jour-là, 63 autres podiums au plus haut niveau ont suivi, dont 29 victoires. Hommes et femmes confondus, personne n'a gagné autant de courses en Coupe du monde de ski cross qu’elle.
Le 23 février 2010, Fanny Smith n’était pas encore entrée dans la légende de son sport, mais l’histoire du ski cross était en cours sur la piste de Cypress Mountain. La Canadienne Ashleigh McIvor remportait le premier titre olympique de la discipline pendant que la skieuse de Villars-Gryon terminait 7e après une troisième place lors de la petite finale. La Suissesse était déjà promise à un avenir radieux.
Après Sotchi 2014, Fanny Smith a rebondi grâce aux arts martiaux
« Mon grand objectif était de me qualifier pour les Jeux Olympiques d'hiver de Vancouver 2010, j'étais la plus jeune participante et la plus jeune athlète de la délégation suisse. C'était magnifique, à partir de cet objectif rempli, la volonté était d'aller plus loin. Clairement, les JO d'hiver m'ont toujours suivi dans ma carrière », avoue celle qui visait une médaille dès sa première participation et qui voyait son entraîneur l’empêcher de se disperser pour remplir cet objectif.
Six victoires en Coupe du monde, un premier globe et une médaille d’or aux Championnats du monde sont venus enrichir son palmarès avant sa participation à Sotchi 2014. Fanny Smith n’avait que 22 ans, mais elle était déjà une grandissime favorite au titre olympique. Huitième du classement final, elle a quitté la piste de Rosa Khutor sans médaille et en ayant pris un gros coup au moral.
« J'étais prête, on m'attendait et une petite erreur me coûte la place en finale. Pour moi, ça a été très difficile à encaisser. Ça a été un long retour parce que le mental, je pense qu'est la chose la plus difficile à garder. J'avais perdu toute ma confiance. »
La passion pour son sport et… les arts martiaux ont finalement permis à la native d’Aigle de remonter la pente. Un préparateur physique lui a proposé une approche qui lui convenait mieux en liant le travail de l'esprit et du corps. Aujourd'hui encore, c'est lui qui l'accompagne aussi bien moralement que physiquement jusqu'au portillon de départ.
Un autre choix lui a permis de franchir un cap. Six mois avant PyeongChang 2018, la Suissesse a pris le risque de changer de structure en intégrant le giron fédéral. Ce pari a été récompensé par un podium olympique. Une médaille de bronze est venue débloquer son compteur olympique et réaliser son rêve.
« J'ai énormément de chance d'avoir déjà une médaille olympique. Elle est à la maison, maintenant, j'aborde Beijing 2022 pour ramener une autre médaille et j'espère que ça sera celle qui brille le plus. »
« Aux Jeux Olympiques d’hiver, on est dans un état second »
C’était son objectif avant de chuter à Nakiska courant janvier. Victime d’une lésion à un genou, elle a ensuite revu ses ambitions à la baisse en faisant de sa participation à Beijing 2022 son but principal. Ses efforts ont été motivés par la possibilité de participer aux Jeux Olympiques d’hiver une quatrième fois. Présente à toutes les courses olympiques de ski cross femmes, la Vaudoise a appris à quel point les JO d’hiver sont particuliers.
« Il y a énormément de stress, mais c'est magnifique et ça procure des sensations uniques dans une vie. Je peux me rappeler de tous mes départs aux Jeux Olympiques d'hiver depuis Vancouver 2010 parce qu'on est dans un état presque spirituel, un état d'esprit second qui fait qu'on capte tout. »
L’atmosphère des JO d’hiver est particulière, mais pas uniquement sur la piste.
« Il y a toute la magie des Jeux, tous les petits moments vécus qui resteront gravés dans la mémoire. Les Jeux Olympiques dépassent les sports d’hiver, ils rassemblent le monde entier. »
Et si Fanny Smith est sur le point de vivre cet événement à part pour la quatrième fois de sa carrière, c'est grâce à une question de son père dans une télécabine en Suisse il y a plus de 15 ans.