Dernière ligne droite de la célèbre cycliste sur route Anna van der Breggen
La récente décision d'Anna van der Breggen, championne olympique de cyclisme sur route, de prendre sa retraite après les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 (reportés en 2021), lui a permis de relâcher la pression et a ravivé son enthousiasme. Après avoir trouvé la paix et s'être découvert une passion en cultivant des légumes pendant le confinement, la Néerlandaise a hâte de se remettre en selle lorsque les circonstances le permettront.
Anna van der Breggen a toujours aimé les nouveaux défis, les nouvelles expériences et les nouvelles opportunités. Ou en d'autres termes, elle s'ennuie assez vite.
"Je savais que je ne ferai jamais partie de ces cyclistes qui continuent à courir jusqu'à leurs 40 ans, parce que j'aime faire de nouvelles choses", a déclaré la jeune trentenaire, laquelle a récemment annoncé que Tokyo 2020 serait sa dernière compétition en tant que cycliste professionnelle.
"J'aime vraiment découvrir de nouvelles courses et ce n'est pas chose facile si vous faites ce sport depuis de nombreuses années. Il en va de même avec les compétitions. Je suis très motivée si je n'ai jamais remporté une course, mais lorsque je gagne pour la deuxième fois tout semble différent."
Peu de trophées ont échappé à Anna van der Breggen. La championne olympique de cyclisme sur route 2016 a ajouté le titre mondial à sa collection en 2018 et a, à ce jour, remporté 12 courses classiques d'une journée, avec trois victoires monumentales (les courses les plus prestigieuses au calendrier).
Le récent confinement imposé aux Pays-Bas face à la pandémie de COVID-19 l'a forcée à faire une pause. Pour quelqu'un habitué à vivre à plus de 40 km/h, la situation a eu des effets positifs.
"Au niveau personnel, j'ai vraiment apprécié cette période sans grands objectifs, sans pression. Tout a semblé plus calme", a déclaré Anna Van der Breggen. "Mais après quelques mois, je me suis dit que malgré le côté agréable de la situation, la préparation aux courses me manquait."
Cette longue période passée à la maison a permis ou forcé, selon votre point de vue, Anna van der Breggen à faire le bilan de sa vie et des objectifs qu'elle souhaitait atteindre.
"Ces dernières années, j'y ai pensé [à la retraite]", a indiqué la coureuse de l'équipe Boels-Dolmans. "Pourquoi ce sentiment ? Combien de temps est-ce que je veux continuer ? Qu'est-ce que je veux faire lorsque j'arrêterai de faire du cyclisme ?"
Le rythme quotidien de l'entraînement et de la course s'était quelque peu estompé, mais il restait un but à atteindre, qui continuait de l'animer grandement. Il a fini par s'imposer, lui apportant un certain soulagement.
"Tout ce que je vais entreprendre au cours de l'année à venir sera la fin de ma carrière. Je me sens super motivée pour donner le meilleur de moi-même. Je me sens soulagée, parce que j'ai fait ce choix en mon âme et conscience et maintenant, tout le monde est au courant", a confié Anna van der Breggen, qui va commencer sa carrière d'entraîneur avec Boels-Dolmans après les Jeux Olympiques de Tokyo 2020.
Une fois ce poids retiré de ses épaules, la star néerlandaise a trouvé l'entraînement en confinement relativement simple.
"Je n'ai pas besoin de la compétition pour me surpasser", a-t-elle révélé. "Je trouve qu'il est plus important d'être motivée par l'entraînement en lui-même. J'essaie de m'améliorer en m'entraînant, mais pas dans un but du type 'Dans une semaine, j'ai cette grande course'. C'est quelque chose de différent. Par exemple, si je travaille la stabilité du tronc et qu'après trois semaines je peux aller plus loin qu'au début, alors je considèrerai cela comme une avancée."
Et d'ajouter : "Aujourd'hui, ce genre de petites choses m'importe plus que les courses."
Dernièrement, une course en ligne a fait renaître en elle l'adrénaline, quelque chose qui lui avait manqué, mais la vie d'Anna van der Breggen ne s'est jamais limitée au vélo.
À 21 ans, l'athlète en devenir s'est rendue au Ghana pour y faire un stage dans le cadre de ses études d'infirmière. Cette expérience a changé sa vision de la vie et a aussi suscité chez elle une vocation encore d'actualité aujourd'hui. Elle est actuellement ambassadrice de Compassion, une organisation de parrainage d'enfants qui se consacre au développement sur le long terme d'enfants du monde entier vivant dans la pauvreté. En 2018, elle a passé la saison morte en Ouganda avec son mari à visiter des boulangeries créées pour donner un emploi aux personnes défavorisées.
Bien que le confinement ait limité son champ des possibles au cours des derniers mois, Anna van der Breggen n'a, sans surprise, pas passé beaucoup de temps sur son canapé. En plus d'apprendre enfin à faire du pain, un objectif de longue date, elle a planté et commencé à récolter un potager.
"Ça va avoir un meilleur goût [que ce qu'elle achète habituellement au supermarché]", a-t-elle précisé après avoir tout semé, des épinards aux carottes, en passant par la roquette et les courgettes. "Ça m'a pris pas mal de temps, alors j'espère que ce sera le cas."
Une chose semble certaine : la vie va continuer à défiler à vitesse grand V pour Anna van der Breggen une fois qu'elle aura remisé son Lycra de course. Mais avant tout ça, il est temps de se concentrer sur la victoire d'une cinquième course olympique féminine sur route pour les Pays-Bas à Tokyo l'année prochaine.
Même si le même résultat que la dernière fois serait très satisfaisant, elle sera heureuse de l'atteindre dans des circonstances moins tragiques. Sa compatriote Annemiek van Vleuten était sur le point de remporter l'or à Rio en 2016, après avoir distancé la coureuse américaine Mara Abbott. Mais elle a eu un grave accident lors de la descente finale et Mara Abbott a été rattrapée par un trio de coureurs, dont Anna van der Breggen qui a fini en tête.
"Je ne suis jamais nerveuse lors d'une course, mais à ce moment-là je l'étais. L'excitation était à son comble. Nous voulions la rattraper [Mara Abbott], mais je savais que si nous y arrivions, nous devrions sprinter et le sprint n'a jamais été mon point fort", a indiqué Anna van der Breggen. "Vous avez peur de faire une erreur, parce que vous vous dites que c'est le moment ou jamais."
"Je sais que je vais gagner [quand elle repense à la scène] mais de peu !"