Day Jobs : Lynda Kiejko espère de marcher sur les traces de son père

La Canadienne Lynda Kiejko a de qui tenir. Si elle est sélectionnée pour Tokyo 2020, elle marchera en effet sur les traces de son père, Bill Hare, lequel a participé à trois éditions des Jeux Olympiques en pistolet. Pour atteindre cet objectif, Lynda Kiejko, qui a une jeune famille à nourrir, travaille comme ingénieur.

4 min
Day Jobs : Lynda Kiejko espère de marcher sur les traces de son père
(Getty Images)

La jeune femme de 37 ans se souvient clairement du moment où son père lui a fait découvrir le tir.

"Il avait réaménagé le sous-sol et construit ce stand de tir à air comprimé", raconte Lynda. "Il nous a demandé, à ma sœur et à moi, si on voulait essayer."

Lynda et sa sœur, Dorothy Ludwig, ont relevé le défi, et pas qu’à moitié. Aux Jeux du Commonwealth de 2010, elles ont pris ensemble la troisième place dans l’épreuve du pistolet à air comprimé à 10 m par paires. Dorothy a ensuite participé à Londres 2012 et Lynda l’a imitée à Rio 2016, après avoir remporté deux titres au pistolet à air comprimé 10 m et au pistolet 25 m aux Jeux panaméricains de Toronto 2015.

À Rio, bien qu’elle ait adoré la cérémonie d’ouverture, d’autres choses la préoccupaient :

"Quelle énergie et quelle électricité dans le stade… Ce moment était génial, mais j’avais quand même envie de rentrer pour dormir, pour me reposer… La compétition avait vraiment priorité sur toute autre expérience."

La Canadienne s’est finalement classée 38e, tant au pistolet à air comprimé à 10 m qu’au pistolet à 25 m, ce qui, elle le reconnaît, lui a miné le moral. "Si on n’a pas l’impression d’avoir fait le maximum, c’est une journée difficile, quel que soit le classement."

Pour réaliser ses rêves, Lynda Kiejko doit travailler beaucoup plus que le commun des mortels. Elle doit en effet jongler entre sa carrière sportive et son travail d’ingénieur. Elle est employée dans une entreprise de distribution d’électricité qui fournit 85 % de l’électricité dans sa région d’origine, l’Alberta.

"J’ai fait de l’ingénierie parce que j’adore les maths", confie-t-elle, en soulignant que le souci du détail est important dans les deux disciplines. "L’ingénierie et le tir ont beaucoup de choses en commun. Il y a une corrélation directe. En ingénierie, lorsqu’on essaye de résoudre un problème, on examine la situation dans son ensemble et on essaye de déterminer comment s’emboîtent les différents éléments du puzzle, puis on décompose le tout pour comprendre comment cela fonctionne. En tir, c’est très similaire."

Lynda Kiejko travaille dans le cadre d’un programme nommé "Plan de match", dont l’objectif est d’aider les athlètes canadiens à concilier au mieux vie personnelle, travail et entraînement.

"Je pense que Lynda est hyper concentrée et qu'elle sait exactement ce qu’elle veut", affirme Cara Button, de l’Institut canadien du sport. Et d'ajouter : "Elle n’a que ça en tête. Rien ne pourra l’arrêter et elle ne se cherche pas d’excuses. Elle voulait travailler et c’est ce qu’elle a fait, mais elle n’a pas abandonné pour autant sa carrière d’athlète. Elle a toujours mené les deux de front, en pensant qu’elle pouvait y arriver."

Convaincue que "la famille passe avant tout le reste", Lynda Kiejko s’appuie sur son compagnon pour s’occuper la majeure partie du temps de leur petite fille lorsqu’elle est en compétition. "Elle part en fait assez souvent, alors la plupart du temps, je joue à M. Maman", admet Kevin, son compagnon. 

En 2014, un mois après la naissance de sa fille, Lynda Kiejko a remporté le titre national au pistolet à air comprimé à 10 m. La famille a eu quelques problèmes financiers pour aider Lynda à poursuivre son rêve olympique. "Ça coûte cher, c’est sûr", reconnaît son compagnon.

Lynda reconnaît qu’elle doit constamment faire attention à préserver un bon équilibre entre tous les aspects de sa vie : "Lorsqu’on n’est pas totalement sponsorisé, on ne peut pas foncer pendant quatre ans. On sait qu’à certains moments, la compétition doit avoir la priorité, puis ce sera le travail, alors que d’autres moments seront exclusivement réservés à la famille."

Ce qui est clair en tout cas pour la Canadienne, c’est son objectif d’honorer la mémoire de son regretté père en se rendant à Tokyo.

"Mon père a participé aux Jeux Olympiques de 1964 à Tokyo, et ce serait formidable d’y aller et de marcher sur ses traces… Ce serait un moment très particulier."

Plus de