Crispin Duenas, archer olympique et professeur remplaçant

Quand Crispin Duenas n’est pas en train de tirer flèche sur flèche en prévision de ses quatrièmes Jeux Olympiques consécutifs à Tokyo, le Canadien se trouve généralement face à une classe de lycéens turbulents, en pleine nature armé d’un appareil photo, ou en train de jouer des airs de rock à la guitare. Celui qui, en 2013, est devenu le premier Canadien en 42 ans à remporter une médaille individuelle aux Championnats de monde de tir à l’arc classique, nous parle ici de sa vie merveilleusement bien remplie. 

Crispin Duenas, archer olympique et professeur remplaçant

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans le tir à l’arc ?

Cela me permet de voyager dans des endroits magnifiques, de m’entraîner en plein air, et je suis le genre de personne qui aime être dehors. Et puis ce n’est pas trop fatiguant, pas autant que de courir sur un terrain de football. La recherche de la perfection est aussi quelque chose que tous les archers de haut niveau adorent. Autrement nous ne passerions pas notre temps comme ça, debout sur un terrain à faire exactement la même chose tous les jours, simplement pour devenir meilleurs. Cela ne convient pas à tout le monde. Tout le monde n’a pas cet état d’esprit.

Êtes-vous perfectionniste dans tous les domaines de votre vie ?

J’essaie de l’être. Ma femme vous dirait que je le suis. Elle range généralement les chaussettes en rabattant l’une d’elles sur l’envers pour les maintenir en boule, tandis que je les range bien à plat, côte à côte. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Votre femme pratiquait également le tir à l’arc à l’université, aux États-Unis ; y a-t-il une rivalité entre vous ?

Chaque fois qu’elle me bat ou qu’elle marque plus de points que moi au cours d’une volée, elle aime me le faire savoir. Sinon, nous avons récemment commencé à jouer à Mario Kart. Nous ne sommes pas des passionnés de jeux vidéo mais nous pouvons passer une heure à jouer ensemble.

Qu’est-ce qui surprend généralement le public concernant le tir à l’arc ?

D'aucuns sont souvent étonnés du poids de l’arc, mais cela concerne essentiellement la compétition. Lorsque l’on débute, on n’a pas besoin d’un arc aussi lourd que le mien. De nos jours, la pratique de haut niveau exige également une bonne forme physique globale. D’ailleurs, pour intégrer l’équipe olympique canadienne, on doit passer différents tests de condition physique. Il est important de comprendre qu’il s’agit d’une discipline athlétique et qu’il ne faut pas s’attendre à être bon tout de suite. C’est ce qu’il faut garder à l’esprit quand on débute.

Avez-vous un film préféré mettant en scène le tir à l’arc ?

Je suis plutôt attiré par les films qui donnent une image réaliste du tir à l’arc. L’un de mes préférés est Robin des Bois avec Russell Crowe. Certaines scènes montrent de façon réaliste la manière dont un arc réagit lorsque l’on tire. Mais aucun film n’illustre véritablement ce qu’est le tir à l’arc, ni la rigueur et l’entraînement nécessaires pour devenir un excellent archer. Il faudrait presque un film dans le style de Eddie the Eagle sur le tir à l’arc.

Vous travaillez également comme professeur remplaçant ; qu’est-ce qui est le plus difficile : arriver dans une nouvelle classe ou participer aux Jeux Olympiques ?

Je dirais qu’enseigner est plus difficile. Tirer à l’arc aux Jeux Olympiques est devenu familier : je connais la distance, je connais mon matériel, je connais mon arc, je sais interpréter la météo. Quand j’arrive devant 30 élèves qui ne me connaissent pas, je dois tout d’abord tenter de décrypter un maximum de personnalités pour savoir comment m’adresser à eux. Il faut ensuite que j’essaie de les intéresser, parce que la plupart du temps lorsqu’ils ont un remplaçant ils se disent : "Je vais me la couler douce aujourd’hui". Ils voient ça comme des vacances. Mon rôle est un peu celui d’un commercial, dans la mesure où je soumets une idée à ces jeunes et je la leur vends pour qu’ils y adhèrent et fassent ce que je leur demande.

Vous servez-vous parfois de votre palmarès olympique pour les amadouer ?

Quand je suis face à des élèves enthousiastes qui commencent à me demander : "C’était comment, les Jeux Olympiques ?", ma meilleure technique est de leur répondre : "Alors, voilà ce que votre prof veut que vous fassiez aujourd’hui. Si vous terminez votre travail 10 minutes avant la fin du cours, je vous dirai tout ce que vous voulez savoir sur ce que c’est que d’être un athlète et de participer aux JO". La plupart du temps, ça marche.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vouloir participer à vos quatrièmes Jeux à Tokyo ?

C’est simple : j’adore ça. Il n’y a pas à chercher plus loin. J’aime la compétition. J’aime envoyer une flèche en plein cœur de la cible. J’aime voyager. J’aime pouvoir faire tout cela. C’est vraiment une passion. Même quand je prendrai ma retraite, si cela arrive un jour, je ne me vois pas arrêter le tir. Il paraît que je suis déjà pressenti pour être entraîneur lorsque j’arrêterai, mais j’ai l’intention de rester dans la compétition le plus longtemps possible. On verra ce qu’en dit ma femme après mes quatrièmes Jeux Olympiques.

Quel est votre plus grand talent en dehors du tir à l’arc ? 

J’aime me considérer comme un bon photographe. J’ai une photo d’une buse à queue rousse avec les ailes déployées, ainsi que la queue, et on voit parfaitement les plumes rousses en haut de la queue ; cette image fait clairement partie de mes favorites. Mis à part cela, j’aime me détendre en jouant de la guitare, des morceaux pop rock où je n’ai pas besoin de mémoriser des riffs trop compliqués, ou bien en allant au stand de tir pour tirer au pistolet.

Plus de