L'histoire inspirante de Chris Nikic, porteur de la trisomie 21 et auteur d'un exploit historique en triathlon Ironman
La Journée mondiale de la trisomie 21 est célébrée chaque 21 mars depuis 2011. À cette occasion, Olympics.com vous livre l'histoire inspirante de Chris Nikic, qui explique que sa méthode « 1 % meilleur » lui a permis de réaliser ses rêves et d'inspirer des millions de gens à travers le monde.
Chris Nikic est l'une de ces rares personnes qui ont la capacité de faire comprendre aux gens qu'ils ont les capacités pour réaliser leurs rêves.
L'Américain, né en Floride en 1999, est porteur de la trisomie 21. Il a aussi été opéré à cœur ouvert alors qu'il n'avait cinq mois.
Il n'a pas été en mesure de marcher avant ses quatre ans, mais Chris n'a jamais utilisé cela comme des excuses pour ne pas exceller.
Au nouvel an 2019, Chris a annoncé à son père Nik qu'il avait un rêve.
« J’ai dit à mon père que voulais avoir une entreprise, acheter ma propre maison et une voiture, être conférencier, me marier et avoir ma propre famille », a expliqué Chris à Olympics.com.
Nik a eu une idée : Chris pouvait devenir le premier athlète porteur de la trisomie 21 à finir un Ironman en triathlon.
C'est une course de 3,8 km de natation, 180 km de cyclisme et un marathon, donc 42,195 km de course à pied.
Chris Nikic et la méthode « 1 % meilleur »
Grâce à ses compétences de consultant en entreprise, Nik a mis au point un programme d'entraînement pour son fils inspiré d'un système qu'il utilise pour améliorer les entreprises. Cette méthode s'appelle « 1 % meilleur » et cherche à permettre une progression permanente.
« Quand j'ai commencé à m'entraîner, le but était simple : progresser d'un pourcent dans chaque épreuve », a expliqué Chris.
« Je faisais une longueur de plus en natation, un tour de plus en cyclisme, un tour de plus en course à pied chaque jour. »
« Quand je faisais de la préparation physique, c'était une pompe de plus, une traction de plus, un squat de plus, une répétition de plus à la presse ou en faisant des abdos. »
« Je savais qu'en étant un pourcent plus fort chaque jour, à un moment, j'allais être en mesure de faire un Ironman. »
Si les progrès physiques ont été lents et réguliers, l'expérience de la course a été un apprentissage légèrement plus compliqué.
Sa première course a été un triathlon sprint (750 m de natation, 20 km de cyclisme, 5km de course à pied), et Chris a terminé 10e sur 10 athlètes « Special Olympics ».
Mais il en fallait plus pour le perturber. Chris n'a pas perdu son rêve de vue et il a persévéré à l'entraînement. Et un kilomètre d'effort a fini par en devenir 226.
En novembre 2020, seulement 11 mois après avoir commencé son aventure en triathlon, Chris a écrit l'histoire en finissant l'Ironman Florida.
« Le cyclisme a été l'épreuve la plus compliquée parce que j'ai dû rester huit heures sur le vélo », a expliqué Chris.
« Mais j'ai refusé d'abandonner mon rêve et c'est pour ça que j'ai continué d'avancer malgré la douleur. » - Chris Nikic à Olympics.com
À la rencontre de Mikaela Shiffrin
L'exploit de Chris a rapidement fait le buzz. Et son rêve a commencé à prendre forme.
Il a été invité à parler lors d'événements prestigieux et signé des contrats avec des marques renommées dans le sport et la gastronomie. Il a aussi signé un contrat pour un livre.
L'accomplissement du jeune triathlète a été récompensé par le Jimmy V Award for Perseverance - attribué à une personne du monde sportif qui a relevé de grands défis grâce à sa persévérance et à sa détermination - à la cérémonie des ESPYS 2021.
Chris a eu l'opportunité de rencontrer certains des athlètes les plus célébres du monde comme les stars de la NFL Tom Brady et Rob Gronkowski. La double championne olympique Mikaela Shiffrin lui a même proposé des leçons de ski.
La méthode « 1% meilleur » n'a pas seulement permis à Chris de réaliser son rêve d'Ironman en moins d'un an. Elle a aussi d'autres bénéfices significatifs.
Malgré huit heures d'entraînement par jour, il ne s'est jamais blessé.
« On a arrêté d'écouter les experts et nous avons décidé de le faire à notre manière, comme tous les autres athlètes ont eu des blessures », a révélé Nik.
« Avec 1 %, votre corps a le temps de s'habituer lentement, sans douleur, ni blessure et en évitant les difficultés qui surviennent en voulant faire trop vite. »
« Cette méthode permet aussi d'avoir à l'esprit "Je peux toujours faire mieux". La plupart des gens abandonnent quand ça devient douloureux. Chris n'a jamais quitté parce qu'il a toujours su qu'il pouvait faire encore mieux. Qu'importe où il se trouve dans la course, il sait qu'il peut faire un peu plus. »
Cette philosophie n'a pas aidé Chris qu'en triathlon. Elle s'applique aussi à d'autres aspects de la vie comme lorsqu'il joue au basketball, au golf, quand il apprend ou participe à des conférences.
« Le mental devient votre ami. Et quand la progression au quotidien devient une habitude, cela vous encourage et vous aide à en faire encore plus », a continué Nik.
Chris Nikic : « Être perçu comme un héros ? Ça me donne envie d'en faire encore plus »
Toujours sans peur, Chris s'est attaqué à d'autres challenges sportifs : participer au Marathon de New York à deux reprises ou finir un deuxième Ironman, à Hawaii.
Il a une copine et alors que les rêves de Chris restent les mêmes, sa motivation pour finir ces incroyables courses d'endurance a évolué.
« Ma copine est venue voir mon Ironman à Hawaii et elle m'attendait sur la ligne d'arrivée », s'est rappelé Chris.
« Même si c'était vraiment très dur, il n'étais pas question d'abandonner parce que je voulais lui offrir une bague de fiançailles à l'arrivée. »
L'histoire inspirante de Chris a été très médiatisée ce qui lui a valu de recevoir des centaines de messages. Il en a notamment reçu de parents d'enfants porteurs de la trisomie 21 pour le remercier d'être une inspiration.
C'est pour cela, qu'il ne concourt plus pour lui même mais pour apporter de l'espoir aux autres.
« Quand les gens disent que je suis un héros, ça me donne envie d'en faire encore plus parce que j'ai réussi à réaliser mes rêves et maintenant, c'est aider les autres à en faire de même qui importe. »
Un nouveau test : les six marathons majeurs en un an
Chris a toujours l'envie de relever de nouveaux défis. Et en 2023, il relevera certainement le plus grand de sa vie : finir les six marathons majeurs : New York, Chicago, Boston, Londres, Berlin et Tokyo.
Son autre objectif majeur est de continuer à sensibiliser les victimes de troubles neurologiques à travers le monde et leur offrir des opportunités de participer aux plus grandes courses du monde.
À l'heure actuelle, seul le marathon de Boston a une course pour les athlètes souffrant de troubles neurologiques alors que l'Ironman a été la première fédération d'un sport majeur à inclure cette catégorie.
« Toute notre vie, on nous disait ce que Chris ne pouvait pas faire », se rappelle Nick, ému aux larmes.
« Alors nous nous étions préparés à une vie dédiée à prendre soin de lui et à sa protection. Et aussi à créer un environnement qui allait prendre soin de lui quand ce n'était plus possible pour nous. »
« Quand Chris a franchi la ligne d'arrivée d'un Ironman pour la première fois, c'était la première fois dans ma vie où je le regardais et me disais "Tu sais quoi ? Tout va bien se passer pour lui". »
« Et encore plus important, je pense à ces millions de parents et d'enfants comme lui pour qui tout va bien se passer parce qu'ils ont vu un exemple que c'était possible. Ils ont vu quelque chose qui contredit ce que tous les autres leur disent. Nos enfants peuvent être inclus et atteindre de grands objectifs pour réaliser leurs rêves. »
Chris a sans aucun doute réussi à se bâtir une vie heureuse en tant que triathlète aux exploits historiques qui inspire les gens du monde entier.
Mais sa vie en-dehors du sport est tout aussi idillyque. Après cette interview, il avait un entraînement de boxe, une partie de basket, regarder un film et terminer un gâteau dans la cuisine au programme.
Et quand il lui a été demandé quel conseil il aurait à donner à quelqu'un qui veut accomplir ses objectifs contre toute-attente, Chris a souri et répondu : « Juste en continuant d'avancer ».