Tirage au sort de la Coupe du monde de basket : Pourquoi l’Équipe de France de Wembanyama et Gobert peut prétendre au titre olympique à Paris 2024

Par Florian Bouhier
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Rudy Gobert #27 of Team France
Photo de 2021 Getty Images

Après une médaille d’argent au goût de victoire aux Jeux de Tokyo 2020, l’équipe de France a le potentiel pour viser l’or olympique à domicile lors des Jeux de Paris 2024. Une ascension vers les sommets qui s'est construite au fil du temps.

Depuis une décennie, le basket français vit un âge d’or qui semble sans fin.

Après une médaille d’argent à Tokyo 2020, en 2021, au terme d'une finale perdue de peu face aux USA (87-82), suivie d'une nouvelle médaille d'argent à l’EuroBasket 2022, la bande à Batum ne visera pas moins que la victoire finale aux JO de Paris 2024.

Chose impensable il y a quelques années, la France fait désormais partie des sélections majeures telles que l’Argentine, l’Espagne et surtout l’ogre américain, détenteur des quatre derniers titres olympiques.

Un peu avant les Bleus de 2021, leurs prédécesseurs s'étaient déjà inclinés en finale contre les États-Unis : aux JO de Londres 1948 avec notamment Fernand Guillou et René Chocat, et plus récemment à Sydney 2000, avec des joueurs comme Antoine Rigaudeau et Laurent Sciarra. Ces pionniers du basket français ont permis à l'équipe de France d'arriver où elle est aujourd'hui.

Voir les Français sur le toit du monde dans un an resterait néanmoins un exploit colossal pour une nation qui n’a remporté qu’un seul titre international jusqu’à présent : l’EuroBasket 2013. Mais avec le phénomène Victor Wembanyama, la solidité de Rudy Gobert, la régularité de Nicolas Batum et l’hypothétique arrivée de la star NBA Joel Embiid, le talent est plus que présent.

À l'occasion du tirage au sort de la Coupe du monde de basket 2023, qui aura lieu du 25 août au 10 septembre en Indonésie, au Japon et aux Philippines, retour sur la construction d’une équipe passée d’outsider du basket mondial à réel prétendant au titre olympique.

Le basket français : un vivier exceptionnel

Un après Parker réussi

Quelques années après l'argent de Sydney 2000, un extraterrestre nommé Tony Parker arrive en équipe de France.

En 2013, il est à son apogée. Détenteur de trois titres NBA avec les Spurs (il en gagnera un dernier en 2014), il est le leader de l'équipe de France. Menée 34 à 20 à la mi-temps de la demi-finale de l’EuroBasket 2013 face à leurs rivaux espagnols, les Bleus sont en difficulté. Au terme d'un discours devenu légendaire, TP remobilise ses partenaires. « Je m’en fous de ce qui arrive en deuxième mi-temps. Même si on perd. Au moins, on joue avec notre fierté. Et on joue dur. Après, on perd, c’est pas grave, c’est la vie. Mais moi, je préfère perdre en se battant ».

Gonflés à bloc, les Bleus entraînés par Vincent Collet, en poste depuis 2009, dominent l’Espagne et tiennent leur premier exploit. Ils iront ensuite remporter le premier titre majeur du basket français masculin face à la Lituanie.

Un exploit qui en a appelé d’autres. Coupe du monde 2014, les Bleus éliminent l’Espagne, pays hôte de la compétition. La France est enfin décomplexée et ira remporter la médaille de bronze, sa première présence sur un podium de Coupe du monde. Sans Tony Parker absent de la compétition, d’autres joueurs se sont révélés. Nicolas Batum auteur de deux cartons offensifs en demi-finale contre la Serbie (35 points) et pour le match de la 3e place, face à la Lituanie (27 points). Ainsi que les deux amis Rudy Gobert et Evan Fournier, en soldats, le premier par sa présence défensive, le second par son play-making en attaque. Ces deux-là, alors âgé de 22 ans, deviendront les futurs tauliers de l’équipe de France.

Les JO de Rio 2016 seront le chant de cygne de la génération Parker, éliminée dans les grandes largeurs par l’Espagne (67-92). Seul le très régulier Nando De Colo aura été au niveau. Tony Parker prend sa retraite internationale à l’issue des Jeux, suivi d’un autre monument deux ans plus tard par un autre monument du basket français, Boris Diaw. Après 247 capes, babac tire sa révérence, égalant au passage le nombre de sélections de sa mère, Elisabeth Riffiod, une des meilleures joueuses françaises de l’histoire.

Parker et Diaw partis, la crainte d’un creux de performance aurait pu arriver. Il n’en sera rien. Grâce à un vivier exceptionnel, la France dispose d’un effectif ultra-compétitif, mélange de génération entre les cadres Nicolas Batum et Nando De Colo et la montée en puissance de Rudy Gobert et d’Evan Fournier.

Batum, De Colo, Fournier, Gobert : les nouveaux tauliers

La retraite de Parker et Diaw ne vont pas stopper l’élan bleu. Batum et De Colo ont repris leur leadership et parviennent à transmettre l’héritage de la génération précédente. À l’intérieur, la France dispose d’un pivot dominant : Rudy Gobert, fer de lance de la défense française. Enfin, l’arrière-ailier scoreur Evan Fournier fait un bien fou en attaque, capable de créer son shoot en 1 contre 1 comme de faire briller ses coéquipiers par son sens du collectif.

Aussi expérimentée que talentueuse, cette équipe de France est également un monstre de compétitivité, décrochant une nouvelle médaille mondiale en 2019 (le bronze) après une victoire contre les USA en quarts, une place de finaliste lors de l’EuroBasket 2022 et surtout l'argent lors à Tokyo 2020.

En terres japonaises, la France réalise un parcours presque parfait, en restant invaincu jusqu’à la finale olympique. Lors de leur entrée en compétition, les bleus dominent Team USA (83-76), mené par grand Evan Fournier auteur de 28 points. En demi-finale, ils affrontent la Slovénie de Luka Doncic. La paire De Colo / Fournier cumule 48 points, Gobert prend 16 rebonds, mais le héros du match, c'est Nicolas Batum. D’un contre salvateur, il sauve les Bleus et enlève du bout des doigts la victoire à la Slovénie. Les Français sont en finale olympique, 20 ans après. Comme à Sydney, ils affrontent les Américains, battus quelques jours plus tôt en ouverture de la compétition. En faisant trembler Team USA jusqu’au bout, les Bleus ressortent déçus certes, mais fier de leur performance, échouant de peu à réaliser l’exploit.

L’or olympique ne semble plus être un simple rêve pour l’équipe de France de basketball. D'autant plus qu'elle pourrait accueillir deux talents hors norme.

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Paris 2024 : la possibilité d’une équipe légendaire

Victor Wembanyama, un talent sensationnel

Programmé depuis ses jeunes années pour réussir, personne n’avait imaginé une explosion aussi rapide. Victor Wembanyama est l’un des jeunes joueurs les plus attendus de l’histoire du basket, à l’instar d’un LeBron James, d’un Tim Duncan ou encore de Kareem Abdul-Jabaar. Membre de l’équipe de France depuis novembre 2022, il a eu l’occasion de montrer son adaptation rapide au niveau international, cumulant 22 points et 17 rebonds contre la République tchèque, en février dernier.

« C’était un peu un rêve d’enfant. L’équipe de France, c’est vraiment un truc de fou. […] Pour moi, il n’y a pas de petite compétition en équipe de France. Je pense que les JO sont quand même au-dessus, mais même en championnat d’Europe ou en championnat du monde, tu te sacrifies sur le terrain ! […] », affirme-t-il lors d'une interview avec le média First Team.

Capable de shooter à 3 points comme de près, d’être le meilleur marqueur et contreur du championnat de France, Wembanyama est un joueur exceptionnel changeant le potentiel d’une équipe. Avec Gobert, il pourrait former une raquette à plus de 2m18 de moyenne.

Une raquette effrayante sur le plan défensif comme offensif, capable de lutter avec les meilleures nations mondiale. Une raquette qui pourrait également voir arriver, l’un des meilleurs joueurs mondiaux tout simplement.

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L'éventualité Joel Embiid

Auteur de la meilleure saison de sa carrière en NBA avec plus de 33 points de moyenne, Joel Embiid a de grandes chances d’être élu MVP de la saison, un trophée dévolu au meilleur de la saison régulière de la ligue américaine.

À l’issue de cette saison, le pivot des Philadelphia 76ers aura une décision à prendre : quelle sélection nationale choisir. D’un point de vue administratif, Embiid, né au Cameroun, est détenteur d’un passeport américain et français. Ainsi, il est parfaitement possible qu’il puisse défendre les couleurs françaises aux JO de Paris 2024.

Pour le média L’Équipe, il a confié, en début d’année, attendre avant de rendre sa grande décision : « Au niveau international, c'est une bonne chose que j'ai acquis la nationalité française. […] Je suis uniquement concentré sur la NBA. On prendra la décision après la fin de la saison. »

Voir Joel Embiid rejoindre l’équipe de France augmenterait significativement les chances de briller à domicile. Alliage de puissance technique et physique, Embiid est inarrêtable en poste bas. Il dispose d'un tir fiable à mi-distance comme derrière la ligne à 3 points, le pivot est également l’un des meilleurs défenseurs du monde.

Si Embiid choisit les Bleus, difficile de voir un autre objectif que l’or pour l’équipe de France de Vincent Collet, toujours en poste aujourd'hui.

Une finale France - Team USA, acte 4 ?

Réponse le 10 août 2024.