Alf Andersen s’envole à Saint-Moritz
La compétition de saut à ski sur le tremplin long de plus de 94m « Olympiaschanze » de Saint-Moritz (à l’époque le plus grand au monde) disputée le 18 février 1928 est tout d’abord historique en raison de la présence parmi les 38 concurrents du sauteur japonais Motohiko Ban. Il est le premier athlète de son pays, et plus généralement asiatique à disputer une épreuve des Jeux Olympiques d’hiver. La compétition se déroule devant plus de 8000 spectateurs enthousiastes.
La Norvège se présente en force dans ce concours K90 avec quatre athlètes susceptibles de l’emporter, dont le champion olympique 1924 et champion du monde 1926 Jacob Thullin Thams et un jeune sauteur de 21 ans, Alf Andersen, qui a dominé durant l’hiver les épreuves de qualification olympiques norvégiennes.
Le froid ayant gelé la piste d’élan, la rendant particulièrement rapide, il est décidé pour la première rotation d’abaisser le point d’où s’élancent les concurrents. Alf Andersen réalise le meilleur bond en atterrissant à 60m. Il devance alors son compatriote Sigmund Ruud et le Suisse Gérard Vuillemeunier (57,5m).
Avant la deuxième rotation, plusieurs équipes demandent à ce que le point de départ soit relevé afin d’avoir plus d’élan et d’atteindre une plus grande vitesse arrivés sur la « table ». Les scandinaves et les américains s’y opposent. La discussion dure plus d’une demi-heure, jusqu’à ce que les juges décident de relever le point de départ de 5m.
Andersen et Ruud choisissent de prendre leur élan debout afin de ne pas atteindre une trop grande vitesse, mais ils réalisent les plus longs sauts du concours, 64m pour Andersen, 62,5m pour Ruud. Ils récoltent également d’excellentes notes de style, ce qui débouche sur la victoire d’Andersen et un doublé norvégien devant le Tchécoslovaque Rudolf Puckert, qui a réussi 57,0m au premier saut et 59,5m au deuxième et gagne la première médaille de son pays aux Jeux d’hiver.
Quant à Jacob Tullin Thams, piqué au vif, il s’élance « plein pot » du haut du tremplin, réussit un bond énorme de 73m mais rate sa réception et chute ce qui le repousse à la 28e place. Motohiko Ban finira 38e et dernier, mais il aura tracé la voie pour plusieurs générations de sauteurs japonais qui vont par la suite briller sur les scènes mondiale et olympique.
Alf Andersen est également et pour la seule fois de sa carrière champion du monde puisque la compétition olympique de Saint-Moritz se confond avec les Mondiaux de ski nordique 1928. Il remporte encore une médaille de bronze lors des championnats du monde de 1935 à Vysoké Tatry (Tchécoslovaquie) et restera pour toujours le médaillé d’or de l’exceptionnel concours des deuxièmes Jeux Olympiques d’hiver.