Agathe Bessard : « Une fierté d’écrire l’histoire de mon sport »
Agathe Bessard est la seule représentante de la France en skeleton au niveau international cette saison. Elle tente de se qualifier pour ses tous premiers Jeux Olympiques à Beijing 2022. Un rêve qu’elle cultive depuis toute petite et qui serait une grande première pour le skeleton féminin français.
Depuis la première édition des Jeux Olympique d’hiver, seuls cinq français ont participé aux épreuves olympiques de skeleton : Pierre Dormeuil et Jean Robert De Beaumont à St. Mortiz 1928, William Gayraud-Hirigoyen à St. Mortiz 1948, Philippe Cavoret à Salt Lake 2002 et Turin 2006 et Gregory Saint-Genies à Vancouver 2010.
Et non, vous l’aurez remarqué, aucune femme n’est encore parvenue à se qualifier pour l’épreuve olympique depuis l’introduction de la compétition féminine au programme des Jeux Olympiques d’hiver en 2002.
Mais la donne pourrait bien changer avec Agathe Bessard. La skeletoneuse de La Plagne est non seulement la seule représentante française au niveau international, mais elle est aussi un grand espoir de la discipline. Elle l’a notamment prouvé en remportant la médaille de bronze des Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2016 à Lillehammer. Un moment inoubliable pour Bessard, qui au passage a remporté la toute première médaille olympique française en skeleton. « C’est une fierté d’être la première, cela fait toujours quelque chose de se dire qu’on écrit l’histoire de son sport et de son pays », expliquait-elle.
Aujourd’hui, elle se concentre sur la saison de Coupe du monde pour se qualifier aux Jeux Olympiques de Beijing 2022, qui serait une participation historique pour le skeleton tricolore.
Se donner les moyens pour aller aux JO
Comme beaucoup d’athlètes, Agathe Bessard a commencé sa préparation olympique il y a quatre ans. Pourtant, ce n’est qu’en avril 2021 qu’elle a pris une grande décision pour mettre toutes les chances de son côté en vue des JO de Beijing 2022. La Savoyarde s’entraîne désormais avec la Lettone Lelde Priedulena, 7e en skeleton aux Jeux de PyeongChang.
« Elle s’occupe de toute ma préparation physique mais aussi du coaching sur la piste, donc les descentes, les lignes », expliquait Bessard.
« Pendant l’été je me suis entraînée seule en Autriche. J'avais mes plans de séances et fin août, nous nous sommes retrouvées en Lettonie avec ma coach pour un stage et depuis nous sommes tout le temps ensemble. »
Cette saison 2021/22 est la deuxième saison complète de Coupe du monde à laquelle Bessard va participer. L’an dernier elle s’était classée 20e au général. Avec Priedulena, la skeletoneuse de 22 ans espère compter parmi les 25 meilleures athlètes du circuit international pour décrocher son ticket pour les Jeux Olympiques de Beijing 2022.
« L’objectif c’est d’y aller sans pression, mais je me sens bien, je suis plus rapide et plus puissante que la saison dernière. Tous les voyants sont au vert », assure la skeletoneuse qui figure à la 24e place mondiale après quatre manches de Coupe du monde disputées.
Mais Priedulena n’est pas seulement là pour les aspects techniques et physiques, elle est aussi d’une grande aide psychologique pour Bessard.
« Elle est très calme, cela m’aide vraiment à l’être aussi. Cette saison, on ne se fixe pas d’objectif de classement pour ne pas se brider. L’idée c’est d’arriver à Pékin avec le moins de stress possible. »
L’un des grands avantages de la jeune carrière d’Agathe Bessard, c’est qu’avec son expérience aux Jeux Olympiques de la Jeunesse à Lillehammer 2016, la Plagnarde a déjà eu un avant goût de ce à quoi ressemble les JO.
Les JOJ avant les Jeux
En 2016, alors que Besnard n’avait que 17 ans et donc trois années de skeleton à son actif, l’athlète originaire d’Albertville s’est qualifiée pour les Jeux Olympiques d’hiver de la Jeunesse qui se déroulaient à Lillehammer. Une compétition qui s’est excellemment bien passée puisqu’elle est montée sur le podium olympique avec une belle médaille de bronze.
« Je n’étais pas du tout favorite là-bas. Après les courses de qualification, je savais que je pouvais faire un top 5, mais je ne pensais pas que je pouvais jouer le podium », expliquait-elle. « J’étais une outsider donc je n’avais pas de pression. Et la descente s’est déroulée de la meilleure façon possible. Je suis arrivée 3e à un centième devant la quatrième. »
Avec sa performance, Bessard a offert à la France son tout premier podium tous Jeux Olympiques confondus en skeleton.
« C’est une fierté d’être la première. Cela veut dire que j’écris l’histoire de mon sport et de mon pays. Forcément, cela me fait plaisir. »
De retour des JOJ, Bessard en était maintenant convaincue, le skeleton était vraiment un sport pour elle et les Jeux Olympiques seraient l’un de ses objectifs.
« Les Jeux Olympiques de la Jeunesse m’ont vraiment donné envie de voir à quoi ressemblaient les vrais Jeux. »
Une descente (presque) en solitaire
Agathe Bessard est actuellement l’unique skeletoneuse française. Une fierté comme elle l'a expliqué, mais aussi un fardeau parfois pour la jeune athlète qui s’entraîne le plus souvent toute seule. Pour ne pas être à 100 % seule à l’entraînement, Bessard, en couple avec un bobeur Autrichien, a donc passé sa période estivale avec l’équipe de bobsleigh d’Autriche.
« J’avais mes propres séances, mais j’étais dans leur groupe et il y avait une émulation positive. S’entraîner toute seule à la maison, c'est parfois dur. Surtout avant les grosses séances. Là, ils étaient présents pour m’encourager et me soutenir. »
De plus, malgré les soutiens financiers de la Fédération française des sports de glace (FFSG) et de quelques sponsors, elle doit trouver des solutions pour couvrir toutes les dépenses de sa saison.
« L’entraîneuse est à ma charge et il y a aussi les déplacements et tous les frais annexes. En gros, cela revient à 85 000 euros par saison. J’ai lancé une cagnotte en ligne pour que les gens qui le souhaitent, m’aident à couvrir ces dépenses. »
Un succès puisque 153 donateurs lui ont apporté un soutien de 12 135 euros sur les 12 000 souhaités.
Agathe Bessard peut donc sillonner les routes Européennes plus sereinement, pour se rendre de Coupe du monde en Coupe du monde et tenter de figurer dans la liste des skeletoneuses qui seront en lice aux Jeux Olympiques de Beijing 2022. Car oui, c’est aussi cela la vie de sportif de haut niveau. Étant la seule représentante de sa discipline, Bessard se rend sur les compétitions au volant de sa propre voiture, le skeleton dans le coffre et depuis peu, son entraîneuse sur le siège passager.
Malgré un quotidien d’apparence solitaire, elle peut compter sur le soutien des autres athlètes du circuit, qu’elle retrouve avec plaisir à chaque compétition. « En skeleton, on est une grande famille. Tout le monde se connaît et se parle. »
Cette grande famille, Bessard espère la retrouver à Pékin lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Beijing 2022.