Après l’émotion majuscule de leur titre olympique en deux sans barreur remporté à la maison, à Londres en 2012, les rameuses britanniques Helen Glover et Heather Stanning ont continué à dominer le circuit mondial, jusqu’à un fameux doublé, le 11 août 2016 à Rio.
Quatre ans avant les Jeux de Londres, ni l’une ni l’autre n’avait jamais ramé en compétition internationale ! Heather Stanning, née le 26 janvier 1985 à Yeovil dans le Somerset, capitaine dans l’artillerie royale avait servi en Afghanistan après avoir abandonné le sport pour se consacrer à sa carrière militaire. Helen Glover, pour sa part, née le 17 juin 1986 à Truro en Cornouailles, enseignante d’éducation physique, tentait de s’imposer dans l’équipe britannique olympique de hockey. Mais en déposant son dossier pour le programme national destiné à débusquer les talents sportifs, géré par Sir Steve Redgrave, le légendaire rameur quintuple champion olympique, elle est retenue parmi 4 000 autres espoirs pour l’aviron. Pour sa part, c’est après avoir regardé les compétitions d’aviron à Beijing en 2008 que Heather Stanning, rameuse confirmée, estime qu’il lui reste encore quelque chose à accomplir et décide de se remettre en quête d’exploits sportifs.
Leur ascension vers la gloire débute quand l’entraîneur Paul Stannard les met ensemble dans le deux sans barreur en 2010. Bien que rentrées bredouilles de leurs premières régates en Coupe du monde cette année-là, elles n’en terminent pas moins dans le sillage de paires plus établies qu’elles et ce en dépit de leur partenariat récent et du manque d’expérience d’Helen Glover. Mais elles s’améliorent si rapidement qu’en novembre sur le lac Karapiro en Nouvelle-Zélande, elles remportent la médaille d’argent de leurs premiers championnats du monde !
Dès lors, Helen Glover et Heather Stanning ne se consacrent plus qu’à leur sport, préparent les Jeux à domicile et se mettent littéralement à tout gagner. Lors de la saison d’aviron qui précède les Jeux de Londres, elles s’imposent dans toutes les étapes de la Coupe du monde FISA d’aviron qu’elles disputent. Ainsi, lorsqu’elles prennent le départ de la finale olympique du deux pointe sur le lac d’Eton Dorney le 1er aout 2012, après avoir largement dominé leur série (6:57.29, record olympique), les deux rameuses sont en position de favorites, et une pression intense pèse sur leurs épaules puisque les 32.000 spectateurs massés dans les gradins et au bord du bassin attendent d’elles qu’elles remportent la première médaille d’or britannique des Jeux de Londres, et la première pour l’aviron féminin.
Tout va se passer comme dans un rêve, sous les hurlements de la foule se faisant de plus en plus intenses. Au départ, « On se sentait très calmes, bien préparées, » dit Helen. Le feu passe au vert, c’est parti. « C’est toujours sympa cette partie de la course, parce que vous avec quitté le plot de départ, vous pouvez vous faire une idée de ce qui se passe, et il est ensuite possible de se relaxer un peu dans la course », ajoute Heather. L’embarcation britannique prend tout de suite de l’avance, et elle ne cessera d’augmenter jusqu’au final. Déjà largement détachées aux 750m, tournant à une cadence de 36 coups de pelle par minute, Glover et Stanning passent la marque des 1000m en 3:39.5, avec une marge de 3.5 sur l’embarcation néo-zélandaise (Juliette Haig/Rebecca Scown), et 6.2 sur le duo australien (Kate Homsey/Sarah Tait).
Arrivé à la marque des 1250m, le duo britannique rame devant une foule qui ne cesse de s’épaissir sur la rive et qui hurle bruyamment sou soutien. « Normalement on n’entend la foule que dans les derniers 250m, alors gagner ces 500m supplémentaires, cela aide clairement à avaler rapidement cette partie finale de la course ! ». Après les 1500m, où l’équipage kiwi est repoussé à 5 secondes, et les australiennes à 7 secondes, Glover et Stanning relâchent un peu leur effort avant de triompher sur la ligne d’arrivée dans un brouhaha indescriptible. Derrière elles, à un peu plus de 2 secondes, le bateau australien saute l’embarcation néo-zélandaise pour s’emparer de l’argent.
« Je me rappelle juste de m’être sentie totalement libérée car nous avions gagné toutes les courses de la saison avant d’en arriver là », dit Helen Glover. « J’étais si fatiguée, mais tellement excitée, et je ne pouvais même pas me lever pour quitter mon siège » ajoute Heather Stanning. Elles aperçoivent leurs entraîneurs qui font de grands gestes au bord du bassin. « C’est un des plus beaux moments, rien que de les voir ! »
« Peu importe ce qui m’arrivera le restant de ma vie, j’ai fait quelque chose dont je peux être fière pour toujours. Personne ne pourra jamais me l’enlever », conclut Helen Glover. Mais justement, en 2012, on est bien loin de la conclusion pour le duo Glover/Stanning.
En effet, si Heather Stanning fait un break en 2013, retournant servir dans l’armée britannique, tandis qu’Helen Glover gagne son premier titre mondial à Chungju (Corée du Sud) associée à Polly Swan, les deux championnes olympiques repartent ensemble en 2014. Elles sont championnes du monde 2014 à Amsterdam en établissant un nouveau record du monde en 6:50.61, championnes du monde 2015 sur le lac d’Aiguebelette en France, championnes d’Europe 2014, 2015 et 2016 ! En mars, elles remportent avec une avance considérable leur course des sélections britanniques pour les Jeux de Rio où elles vont se présenter bardées de victoires et de records sur tous les bassins du monde, championnes olympiques, du monde et d’Europe en titre, et à nouveau favorites pour un fameux doublé !
Sur le lagon Rodrigo de Freitas et pour sa 2e apparition aux Jeux, le duo britannique passe les tours avec aisance. En finale le 11août, les détentrices des records du monde et olympique sur les 2000m de course, conservent leur titre avec panache. Une finale menée de bout en bout avec à mi-distance presque 4 secondes d’avance sur les Danoises Hedvig Rasmussen et Anne Andersen. Ces dernières sont rattrapées par la paire néo-zélandaise Genevieve Behrens-Rebecca Scown qui s’en va quérir l’argent dans les 500 derniers mètres, à 1.24 de l’invincible duo britannique. « Il faut que je retrouve vite notre entraîneur, notre famille et nos amis, parce que tout ça, c’est pour eux. Je veux leur dire merci, » dit Helen Glover. Pour Heather Stanning, « Londres, c’était à la maison et il n’y a rien de plus spécial. Mais ici, on a réussi à conserver notre titre. Ça n’a pas été bon une seule fois, ça l’a été tous les jours, à chaque course. On se sent si bien après toute la pression que nous nous sommes mises. C’est carrément immense ! ».
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