Milano Cortina marque le début d'une nouvelle ère pour les Jeux Olympiques d'hiver

Milano Cortina 2026 sera une célébration inclusive du sport, de la culture et de la durabilité, visant à toucher l'âme du pays et à inspirer le monde en organisant des Jeux Olympiques et Paralympiques extraordinaires qui laisseront un héritage durable.

Milano-Cortina 2026
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Dans une série d'articles publiés pour la première fois dans le numéro 117 de la Revue olympique, nous avons demandé à des journalistes originaires des pays hôtes des prochaines éditions des Jeux Olympiques de nous expliquer ce que représentent les Jeux pour leurs communautés. Des journalistes de Paris, Milan et Los Angeles ont présenté, avec enthousiasme et passion, leur vision toute personnelle de la manifestation olympique.

Gianni Merlo, président de l'Association Internationale de la Presse Sportive (AIPS), lui-même journaliste à La Gazzetta dello Sport, anticipe les Jeux Olympiques d’hiver de Milano Cortina 2026.

Quatre ans avant une nouvelle ère pour les Jeux Olympiques d’hiver

Les Jeux Olympiques d’hiver de Milano Cortina 2026 marqueront le début d’une nouvelle ère préconisée par l’Agenda olympique 2020. Nécessité fait loi car l’évolution du sport moderne ainsi que l’accroissement progressif des programmes de compétition ont mené à cette solution. Le territoire sur lequel les compétitions peuvent se dérouler s’est peu à peu étendu. En tant que journaliste, j’ai pu faire l’expérience de 12 éditions des Jeux Olympiques d’hiver et constater ainsi l’évolution du concept de Jeux « dispersés » ou « épars », plus soutenables en tous points de vue.

Le centre névralgique des Jeux a évolué, passant d’une seule station en montagne, comme c’était le cas à Cortina d’Ampezzo 1956, à une grande ville-pivot reliée à des sites connexes sur une zone plus vaste, jusqu’au scénario de 2026 qui couvre trois grandes régions: Lombardie, Vénétie et Trentin-Haut-Adige. L’évolution était déjà en marche depuis un certain temps. En effet, à moindre échelle, le concept avait déjà été testé à Albertville en 1992. Puis il y eu des propositions qui, bien que rejetées, impliquaient la participation de plusieurs pays comme Tarvisio-Kranjska et Gora-Klagenfurt, c’est-à-dire Italie-Slovénie et Autriche, ou encore Helsinki (Finlande) et Åre (Suède). Ce concept d’une convergence de pays réapparaîtra sans doute car il s’agit d’un format déjà très courant dans de nombreux sports majeurs.

Il y a près de 70 ans, Cortina 1956 a également marqué une révolution d’un point de vue politique, lorsque l’équipe de l’Union soviétique est réapparue sur la scène olympique d’hiver. C’était les années du rideau de fer, époque où la politique internationale était instable, délicate et dangereuse. En un sens, le sport a contribué à apaiser quelque peu la tension à cette époque, en permettant des ouvertures alors impossibles dans le champ diplomatique.

Milan avait déjà tenté, en vain, d’accueillir l’aventure olympique d’été en 2000 et 2016. Dans les deux cas, elle a dû se retirer car le contexte politique n’y était pas favorable.

Des jalousies politiques complexes ont plombé les ailes de ces deux rêves au point de les faire sombrer tristement. En 2000, le projet d’un stade olympique futuriste avait été envisagé à Milan qui, déjà, prenait en compte les aspects écologiques et les besoins multimédias. Malheureusement, ce projet n’a jamais vu le jour. Deux échecs lourds à digérer.

Après l’édition « à taille humaine » de 1956, Cortina s’est efforcée pour sa part de présenter sa candidature à deux autres occasions mais sans succès, parce que les deux comités de candidature souffraient d’un manque de clarté de leur projet et de divisions internes. Puis, pour 2006, Cortina et Venise avait concouru contre Turin au niveau national, mais c’est finalement cette dernière qui a été choisie pour accueillir les Jeux.

À présent, Milan et Cortina ont trouvé un langage commun pour montrer au monde comment des Jeux d’hiver « éparpillés » peuvent avoir du succès et, avant tout, être durables sur le plan environnemental et économique. La tâche n’est pas simple. C’est même un défi de taille qui n’en est que plus stimulant.

Le fait d’impliquer davantage de zones pour organiser des compétitions permet une plus vaste mobilisation des énergies locales, qui disposeront par la suite de l’expertise nécessaire à l’organisation de manifestations futures, ce qui n’est pas sans importance. Les Jeux Olympiques nécessitent un effort financier important, c’est pourquoi la perspective ne doit pas se limiter à la manifestation elle-même mais aussi se tourner vers l’avenir. C’est une véritable révolution par rapport aux œuvres pharaoniques qu’on a pu voir dans le passé. Le message de l’Agenda olympique 2020 est clair même s’il était, initialement, quelque peu indigeste pour certaines franges conservatrices.

Le comité d’organisation de Milano Cortina 2026 a soigneusement étudié les aspects pour tirer le meilleur parti des installations existantes, en s’appuyant notamment sur l’expérience de Torino 2006.

Le ski alpin aura lieu dans deux sites de classe mondiale: Bormio en Lombardie et Cortina en Vénétie. Tous les deux ont une longue histoire d’excellence en matière d’organisation avec nombre d’étapes des Championnats du monde et de la Coupe du monde à leur actif.

Bormio sera le théâtre des compétitions olympiques masculines. La descente de Stelvio est reconnue comme l’une des plus techniques et des plus exigeantes de tout le Cirque blanc. L’histoire l’a montré, sur une descente pareille, seul un champion peut l’emporter.

Cortina a attendu vingt ans pour faire son retour en Coupe du monde après les Jeux d’hiver de 1956 avec un slalom féminin en 1976, remporté par la championne suisse Lise-Marie Morerod. Depuis, la descente est devenue l’une des épreuves phares de la Coupe du monde féminine. Le niveau technique de toutes les courses est garanti. Les compétitions de ski de fond auront lieu à Tesero, dans le Trentin, qui a déjà été le site des Championnats du monde et de certaines courses de la Coupe du monde. Une fois encore, les Jeux se dérouleront sur un site dont la qualité est avérée. Un contexte parfait avec une tradition solide. On retrouvera le saut à ski à Predazzo, site accueillant également les épreuves du combiné nordique qui s’achèveront à Tesero avec les courses de ski de fond.

Les compétitions de snowboard et de ski acrobatique se dérouleront quant à elles à Livigno, dans la vallée de la Valteline, un environnement jeune et dynamique, parfait pour ces disciplines.

Anterselva est le site idéal pour le biathlon, où ce sport est pratiquement une religion. Ici, les Championnats du monde et les courses de Coupe du monde se sentent comme chez elles et, dans la vallée, tout le monde suit assidûment ce sport spectaculaire.

Cortina rénovera son site olympique de 1956 pour le bobsleigh, le skeleton et la luge, ouvrant les portes à une nouvelle tradition qui rejoindra celle des champions du passé.

Baselga di Pinè, avec sa piste en plein air, est proposée pour le patinage de vitesse. 

Cependant des études de faisabilité sont actuellement en cours.

Milan sera la capitale de la glace: patinage artistique, patinage de vitesse sur piste courte et hockey sur glace attireront un large public. Ce sera une fête permanente. Le curling aura lieu dans le stade olympique de 1956 rénové pour l’occasion, un site élégant et sophistiqué.

Le ski-alpinisme fera son entrée au programme des Jeux Olympiques d’hiver à Bormio. Compte tenu de la riche tradition de l’Italie dans cette discipline, il sera intéressant d’en suivre les débuts olympiques.

À quatre ans de l’événement, on peut déjà dire que les préparatifs vont bon train et que Milano Cortina 2026 est sur la bonne voie.