Oluseyi “Seyi” Smith : la protection de l'environnement au cœur du projet d'un jeune leader du CIO

Le Canadien Oluseyi "Seyi" Smith a été l'un des rares athlètes à participer aux Jeux Olympiques d'été - en athlétisme - et d'hiver - en bobsleigh. Il est aujourd'hui un jeune leader du CIO qui rêve d'un monde avec zéro émission de carbone. Son projet consiste à lutter contre les déchets plastiques (bouteilles, gobelets, etc.) dans les stades. Paroles d'un champion qui a mis en pratique ses idées sur le développement durable.

Oluseyi “Seyi” Smith : la protection de l'environnement au cœur du projet d'un jeune leader du CIO
© IOC

Comment avez-vous commencé à faire du sport ?

Je pense que comme la plupart d'entre nous, je me suis mis au sport à l'école. Tout jeune, à 9-10 ans, j'ai essayé bon nombre de disciplines et j'étais plutôt doué. C'est une de mes professeures qui m'a suggéré de rejoindre un club d'athlétisme. Nous avions participé à une journée olympique à l'école, j'avais été bon et elle a pensé que je ferais encore mieux en m'entraînant. J'ai rejoint ce club et je suis passé de deux jours d'entraînement par semaine à 3 - 4 jours, puis c'est devenu quasi quotidien. Et le reste fait partie de l'histoire. J'ai disputé les Jeux de Londres 2012 en relais 4 x 100 m, puis ceux d'hiver en bobsleigh à PyeongChang en 2018.

Que vous a apporté le sport ?

En dehors de la santé, le sport m'a permis d'acquérir un bon état d'esprit et d'adopter une bonne approche pour résoudre toutes sortes de problèmes. Quand vous êtes athlète, si vous voulez être le meilleur, vous devez partir du principe que tous vos rivaux en font au moins autant que vous. On ne peut pas être paresseux. Le sport m'a appris à accepter l'inconfort, dans mon travail, dans ma vie de tous les jours. Si je fais quelque chose, je veux être le meilleur, le plus fort à m'y attaquer… et je pense que ce n'est pas très commun.

Quel est votre projet en tant que jeune leader du CIO et comment se concrétise le soutien de Panasonic ?

Mon projet, "Racing to Zero YYC", porte sur la durabilité. Je le mène avec l'aide du CIO. C'est un projet modeste. Je sais qu'il y en a de beaucoup plus importants au CIO ou aux Nations Unis dans le domaine de la protection de l'environnement. Mais j'ai voulu conserver un aspect très local pour le mien et le limiter à la ville de Calgary. Il s'agit non seulement d'aider les organisateurs de meetings d'athlétisme, tout comme les athlètes, les entraîneurs, les parents, les amis, à essayer d'avoir un comportement plus responsable par rapport à l'environnement, mais également d'éduquer le plus de personnes possible.

Panasonic, qui soutient le programme des jeunes leaders du CIO, fait vraiment la différence. L'entreprise a réalisé une vidéo très professionnelle sur mon projet. J'ai été interviewé pour expliquer en quoi il consistait. Je dirais simplement que Panasonic s'emploie à faire entendre notre voix grâce à ses équipes.

Quelles sont les activités de "Racing to Zero YYC" ?

Il s'agit tout d'abord de sensibiliser la population à l'usage du plastique. C'est facile à voir, facile à compter et facile à récupérer. La première chose est de réduire l'utilisation des bouteilles en plastique sur la piste. J'ai acheté des fontaines mobiles pour les stades d'athlétisme. J’ai aussi créé une check-list pour les organisateurs de meetings. Ils peuvent ainsi constater les différents effets de leur action dans le domaine de la durabilité et se comparer entre eux, ce qui crée une sorte d'émulation qui permet de savoir qui agit le plus en faveur du développement durable dans sa compétition.

La dernière chose concerne les spectateurs. Je leur propose une autre forme de check-list, un questionnaire, où ils sont interrogés sur la quantité d'eau qu'ils boivent ou sur ce qu'ils font de leurs gobelets de café par exemple. Il s'agit simplement de leur donner quelques informations et de les aider à comprendre qu'ils peuvent avoir un certain impact, aussi infime soit-il. Et puis nous les motivons : les personnes qui répondent bien à toutes les questions se voient offrir un prix par notre Comité National Olympique.

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Quelle a été votre idée de départ ?

Professionnellement, je suis ingénieur électricien, mais le sport a toujours fait partie de ma vie. J'ai voulu trouver un moyen d'associer mon bagage sportif à mon diplôme d'ingénieur électricien dans les énergies renouvelables. Je voulais réunir les deux choses qui comptent pour moi dans un projet unique. Quand le CIO a décidé d'aider ceux qui cherchaient le moyen de faire changer les choses, j'ai voulu saisir cette chance.

Quel a été le plus grand impact de votre projet, et de quoi êtes-vous le plus fier ?

Il est difficile de parler d'impact, car c'est la COVID-19 qui a le plus d'impact à l'heure actuelle sur ma communauté et ailleurs dans le monde. Puisque tous les meetings d'athlétisme ont été annulés, il est difficile pour moi de mesurer quoi que ce soit en ce moment. Mais j'ai tout de même été en mesure d'installer des fontaines à eau sur les pistes ; par conséquent, quand les sportifs vont s'entraîner l'été, ils peuvent s'y ravitailler en eau et n'ont plus besoin d'acheter de bouteilles en plastique. L'autre impact est tout simplement une meilleure sensibilisation au développement durable dans les commutés locales. J'ai passé énormément de temps au téléphone avec de nombreuses personnes pour leur présenter mon projet. Je pense que cela contribuera aux futures initiatives qui seront lancées en lien avec l'empreinte carbone.

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Quels sont vos espoirs et vos rêves pour l'avenir ?

Mon espoir est tout d'abord de pouvoir mettre pleinement en œuvre mon projet une fois que la COVID sera sous contrôle. À plus long terme, j'espère pouvoir l'étendre à d'autres sports que l'athlétisme afin d'essayer de créer un environnement plus respectueux pour notre planète. Et je voudrais en apprendre davantage sur ce qui se fait dans le monde, découvrir les bonnes pratiques en Europe, en Asie, partout, afin de m'en inspirer.