Des terrains de squash pour refuge : comment Sport Coach+ soutient les entraîneurs travaillant avec des réfugiés 

Le Comité International Olympique (CIO) s'attache à apporter son soutien aux réfugiés et aux populations victimes de déplacements. En 2017, le CIO a créé l'Olympic Refuge Foundation (ORF) afin de renforcer cet engagement et de soutenir, grâce au sport, la protection, le développement et l'autonomisation des enfants et des jeunes en situation de vulnérabilité.

A pickleball class with Ukrainian kids in Moldova (2023)
© Iulia Durlestean

À noter l'initiative de l'ORF baptisée Sport Coach+, laquelle est un programme mené en collaboration avec le Centre de référence psychosocial de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), qui forme des entraîneurs en Ukraine et dans les pays voisins afin de mieux soutenir le bien-être mental des jeunes réfugiés. Le club de squash et de padel de Moldova est un bon exemple de cette mission. Une femme entraîneure dans ce club nous fait part du soutien apporté par le programme lorsque son club a ouvert ses portes aux réfugiés ukrainiens.

Le sport, un espace sûr

Iulia Durlestean est entraîneure et coordinatrice logistique du club de squash et de padel Kangaroo à Chișinău, en Moldova, lequel a joué un rôle déterminant pour les réfugiés en leur offrant un havre de paix. Avec plus de 1,4 million d'Ukrainiens entrés en Moldova depuis février 2022 et plus de 120 000 réfugiés restés dans le pays, son club est devenu un refuge, servant d'abri et apportant un soutien à celles et ceux qui en ont besoin.

Ainsi que l'explique Iulia Durlestean : "Pour aider, nous avons créé un abri temporaire pour les réfugiés en adaptant nos terrains de squash, en posant des palettes, en fabriquant des lits et en permettant aux personnes d'avoir accès aux douches et à la cuisine. De nombreuses personnes vivaient dans le club."

Aider les jeunes à redécouvrir la joie

Une fois les familles installées, Iulia Durlestean et les membres de son club se sont employés à aider les enfants à retrouver un peu de joie de vivre grâce au sport. Ils leur ont proposé des jeux comme le pickleball et le padel, lesquels sont faciles à apprendre et favorisent l'interaction sociale.

Nous voulons simplement qu'ils soient de bonne humeur et qu'ils commencent enfin à s'amuse. Le sport est un outil très utile pour aider les enfants à surmonter leur stress. Lorsque nous pratiquons un sport, nous oublions les traumatismes, les mauvaises nouvelles et même la guerre l'espace d'un instant.
Iulia DurlesteanEntraîneure et coordinatrice logistique du club de squash et de padel Kangaroo à Chișinău, en Moldova

Consciente de la nécessité d'un soutien professionnel dans le paysage changeant de son sport, Iulia Durlestean a accepté sans hésiter l'invitation du Comité National Olympique (CNO) de Moldova à participer au projet pilote Sport Coach+. Et de confier : "Pour moi, c'était une formidable occasion, non seulement parce que je veux aider ces personnes, mais aussi parce que je veux les aider professionnellement." En observant l'impact que cela a eu sur ses propres connaissances et compétences en matière d'accompagnement des jeunes victimes de déplacements, elle a ajouté : "Sport Coach+ a été pour moi un véritable enseignement".

© Iulia Durlestean

Lors d'une séance de formation Sport Coach+ à Bucarest, en Roumanie, Iulia Durlestean a appris des techniques pour répondre aux besoins psychologiques des jeunes athlètes. "J'ai appris à quel point il était important d'accorder plus de temps au volet psychologique dans nos séances de sport", reconnaît-elle. La formule "calmer, connecter et coacher" un formateur fait désormais partie intégrante de son approche : "Nous devons être calmes, partager quelques exercices de relaxation, comme des techniques de respiration, puis échanger avec nos élèves."

L'histoire de Victoria et de sa fille Angelina, âgée de 12 ans, a été l'une des plus marquantes pour Iulia Durlestean. Après un voyage éprouvant – elle a marché jusqu'en Moldova, Angelina, qui était joueuse de squash avant d'être victime de déplacement, a trouvé du réconfort en enseignant à son tour le squash à de jeunes enfants. Iulia Durlestean a veillé à ce qu'elle soit soutenue par Maksym, un autre réfugié ukrainien et entraîneur du club. Ce lien et cette activité ont aidé Angelina à reprendre confiance en elle et à retrouver un but, alors même que sa mère et elle envisagent de rentrer chez elles.

© Iulia Durlestean

Un appel à l'action pour les entraîneurs

Alors que la guerre continue d'avoir une incidence sur la vie de tout un chacun, des initiatives telles que Sport Coach+ jouent un rôle clé en aidant les jeunes déplacés à reconstruire leur avenir grâce au sport. Cette initiative de l'Olympic Refuge Foundation, menée en partenariat avec le Centre psychosocial de la FICR, les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et les Comités Nationaux Olympiques, entend fournir des outils et des compétences essentiels pour favoriser la tenue de séances de sport bienveillantes et inclusives, qui tiennent aussi compte des traumatismes subis par les participants, tous niveaux confondus.

Outre les entraîneurs et les professionnels de la santé mentale travaillant dans des régions touchées par le déplacement, Iulia Durlestean insiste sur l'impact transformateur de Sport Coach+ pour les personnes qui, comme elle, se sont retrouvées de manière totalement inattendue à occuper des postes d'entraîneurs : "Ces personnes et ces enfants ont besoin de ces exercices et de cette formation en matière de santé mentale pour démarrer leur nouvelle vie", indique-t-elle.

Si vous êtes un(e) entraîneur(e) travaillant avec des réfugiés, envisagez de participer au programme Sport Coach+. L'initiative propose en effet une formation pour aider à créer des environnements favorables pour les jeunes en situation de vulnérabilité, en particulier celles et ceux qui sont victimes de déplacements. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.sportcoachplus.org.