Rio 2016 - Jour 13 : Usain Bolt au firmament

Revivez sur olympic.org la journée du jeudi 18 aout 2016 à Rio. Elle est marquée par le "triple-double" d'Usain Bolt, vainqueur du 200m, par le doublé familial des frères Brownlee en triathlon, par l'inédite victoire argentine en hockey, tout comme par les feux d'artifice finaux en beach volley, en voile et en canoë-kayak sprint

15 min
Rio 2016 - Jour 13 : Usain Bolt au firmament
(Getty Images)

Triple double pour Sa Majesté Usain Bolt!

Le Jamaïcain Usain Bolt, superstar du sprint, achève en apothéose ses chevauchées individuelles aux Jeux Olympiques avec une médaille d'or conquise sur 200m en 19.78. Après avoir réalisé le triplé sur 100m, il récidive sur sa distance de prédilection. Un triple-double qui cimente un peu plus la légende du plus grand sprinter de tous les temps et qui ne risque pas d'être à nouveau réalisé aux Jeux avant longtemps! Le Canadien Andre De Grasse (20.02) et le Français Christophe Lemaitre (20.12) accompagnent Sa Majesté Bolt sur le podium. La nette victoire de Bolt se dessine à la sortie du virage dont il émerge seul en tête. Comme rarement, il poursuit son effort jusqu'au bout en grimaçant et signe à l'arrivée son moins bon chrono dans un grand évènement! "Je vieillis et mon corps prend de l'âge. Personnellement, je pense que c'était mon dernier 200m, mais mon entraîneur ne sera sûrement pas de cet avis. Je n'étais pas content de mon temps, simplement mon corps n'a pas répondu dans la ligne droite", remarque-t-il. Et d'ajouter: "J'essaie d'être l'un des plus grands, entre Pelé et Ali."

Les deux 400m haies ont lieu ce même jour. Les hommes sont en action pour commencer. L'Américain Kerron Clement s'impose tout en puissance, en contenant les assauts du Kenyan Boniface Tumuti. Incroyable arrivée avec le vainqueur en 47.73, son dauphin en 47.78 et le Turc Yasmani Copello en bronze en 47.92. Quatre coureurs sous les 48 secondes sur la distance! "J’avais un objectif en tête et mon état d’esprit, c’était de venir ici et de gagner une médaille. En 2008, j’étais plutôt court, et j’ai eu l’argent. En 2012, je me battais avec les blessures et les opérations. 2016 est pour moi l’année de la rédemption. Je suis si honoré d’avoir la médaille d’or." déclare Kerron Clement.

Dans le 400m haies dames, l'Américaine Dalilah Muhammad mène sa finale de bout en bout. Du haut de ses 26 ans, Muhammad termine en 53.13 sous une pluie battante, en devançant de 42/100e la Danoise Sara Petersen (53.55), suivie par sa compatriote Ashley Spencer qui décroche le bronze en 53.72. À propos du doublé américain hommes-femmes sur la distance, Dalilah Muhammad explique : "Les USA sont vraiment forts sur les haies; Je m’entraîne avec deux de mes coéquipiers chaque jour. Nous avons le même entraîneur, et cela me pousse à aller de l’avant. C’est juste une des épreuves dans laquelle on excelle grâce au travail qu’on y investit."

Ashton Eaton s'affirme comme un des plus grands décathloniens de l'histoire et le meilleur de son époque. L'Américain conserve son titre au terme des dix travaux d'hercule record olympique égalé en prime (8893 pts), mais il doit dans cette deuxième journée repousser les assauts du Français Kévin Mayer, qui se rapproche dangereusement après le lancer du javelot et le saut à la perche. Dans l'ultime effort, le 1500m, le recordman du monde (9045 pts en 2015) dépasse sur la piste son jeune rival et assure son triomphe. Mayer termine en argent avec 8834 pts et le Canadien Damian Warner complète le podium (8666 pts). "C'est beau d'avoir un ambassadeur de notre discipline aussi charismatique", observe Mayer à propos du double champion olympique qui, dans le même temps, évoque sa possible retraite sportive.

La Croate Sara Kolak signe une victoire surprise au lancer du javelot en améliorant son record personnel et celui de son pays. Son lancer à 66,18m à sa quatrième tentative lui assure la victoire. Elle devance la Sud-Africaine Sunette Viljoen qui avait pris la tête du concours à son premier lancer (64,92, m), alors que la favorite tchèque double championne olympique en titre Barbora Spotakova qui rêvait au départ de devenir la première femme à aligner trois victoires consécutives dans la même épreuve d’athlétisme, doit se contenter de la médaille de bronze avec 64,80m à son 5e essai. "C’est une grosse surprise", indique Sara Kolak. "C’est extraordinaire. C’est ce pourquoi je travaille depuis toujours. J’ai 21 ans et je suis championne olympique. J’ai fait le maximum et je suis très fière de moi."

Ryan Crouser fait un festival en lançant son poids à plus de 22m à trois reprises dont un record olympique à 22,52m à son cinquième essai pour devancer largement son coéquipier américain Joe Kovacs (21,78m) et le Néo-Zélandais Tomas Walsh (21,36m). "Quand j'ai commencé le concours, tout s'est mis en place et a marché parfaitement, l'ambiance était électrique, les mots ne peuvent pas décrire ce que je ressens", dit Ryan Crouser, dont le père (au disque) et l'oncle (au javelot) ont aussi lancé aux Jeux et sont présents en tribunes, ce qu'il nomme "la Team Crouser. C'est incroyable de partager ce titre avec eux !".

Magnifique doublé familial à l’arrivée du triathlon. Alistair Brownlee conserve son titre!

Le Britannique Alistair Brownlee conserve son titre de champion olympique de triathlon face à la plage de Copacabana, en devançant son frère Jonathan. Alistair Brownlee reste constamment dans les premières positions, quatrième après les 1500m de natation parcourus en 17:24, deuxième après les 38,49km à vélo, avalés en 1h13.52, et parti pour un doublé familial avec son frère cadet sur le circuit de quatre tours pour 10km de course à pied. Il finit par se détacher irrésistiblement et effectue le dernier tour seul à l’avant, applaudi par les très nombreux spectateurs massés au bord du parcours au Fort Copacabana, terminant son effort en 1h45:01, six secondes avant Jonathan. Quatre ans après, la fratrie Brownlee obtient donc ce qu’elle était venue chercher à Rio: le doublé. "C’est fabuleux. Nous voulions déjà l’or et l’argent à Londres en 2012 et cette fois, nous y sommes arrivés!", se réjouit le premier triathlète double champion olympique. "Quand Jonny a franchi la ligne d’arrivée, je lui ai dit "On l’a fait!". Nous avons tous deux traversé des années difficiles. Nous nous sommes poussés au maximum. Voir votre petit frère arriver une dizaine de secondes après vous, c’est phénoménal et tellement satisfaisant… ".

Lutte libre féminine: Helen Maroulis fait tomber Saori Yoshida!

Comme sa compatriote Kaori Icho, la lutteuse japonaise Saori Yoshida, treize fois championne du monde, invaincue durant 14 ans, est arrivée à Rio en quête d'un quatrième titre olympique consécutif. Mais là où Icho a réussi son pari dans la catégorie -58 kg, Yoshida bute sur la dernière marche dans la catégorie -53 kg, battue 4-1 par l'Américaine Helen Maroulis."J’en ai rêvé toute ma vie. Je la mets sur un piédestal", déclare Maroulis qui couvre Yoshida d’éloges. "Je rêvais de me mesurer à Saori depuis si longtemps. C’est une héroïne. Elle est la lutteuse la plus titrée de notre sport. C’est un honneur de la défier en compétition."

Chez les -63kg, Risako Kawai, 21 ans, apporte au Japon son quatrième titre en lutte libre féminine à Rio. Elle s'impose très nettement (6-0) face à la Biélorusse Maryia Mamashuk qui gagne la première médaille de son pays dans la discipline.

Enfin, la Canadienne Elizabeth Wiebe s'adjuge le titre des -75 kg en disposant 6-0 de la Kazakh Guzel Manyurova, qui décroche un troisième podium aux Jeux (argent en en 2004 et bronze en 2012). "Je ne pensais même pas à qui je combattais. Je ne pensais pas à qui elle était. Je me suis simplement concentrée sur ce que je devais faire à ce moment-là, et je n’arrive toujours pas à y croire", explique Wiebe après sa finale victorieuse.

Un duo de beach volley brésilien porté par tout un peuple vers le sacre!

Les champions du monde en titre brésiliens Alison Cerutti et Bruno Oscar Schmidt prennent le meilleur en finale 2 sets à 0 sur la paire italienne pair Paolo Nicolai et Daniele Lupo dans une ambiance volcanique, sur le sable du stade de Copacabana. Une médaille d’or fêtée par tout un peuple! Portés par une foule de spectateurs survoltés qui occultent complètement la pluie, dans un stade à guichets fermés, Alison Cerrutti et Oscar Schmitt décrochent la première médaille d’or olympique du Brésil depuis 12 ans en beach volley. Les favoris bataillent ferme pour obtenir leur victoire face à des Italiens qui attaquent pourtant les deux sets sur les chapeaux de roue avant de se faire rattraper. Score final: 20-19, 20-17. "Ce qui a fait la différence dans ces Jeux Olympiques, ce sont les spectateurs, dit Alison Cerrutti", très ému; " Ils ont été à nos côtés dans les moments difficiles. Gagner ici à Copacabana, c’est incroyable. Je n’arrive pas encore à réaliser".

Une première historique pour les hockeyeurs argentins

L'Argentine est pour la première fois de son histoire championne olympique de hockey sur gazon en s'imposant en finale contre la Belgique 4 buts à 2 à Deodoro. La médaille de bronze revient à l'Allemagne, qui bat les Pays-Bas aux tirs au but (1-1, 4-3 t.a.b.). Dans le match pour l'or, les Belges prennent les devants grâce à un but de Tanguy Cosyns. Mais les Argentins Pedro Ibarra et Ignacio Ortiz frappent deux fois dans le premier quart temps, avant de faire un premier break par Gonzalo Peillat dans la deuxième période (3-1). De retour au score au troisième quart temps grâce à Gauthier Boccard (3-2), les Belges tentent leur va-tout, en sortant dans les dernières secondes le portier, laissant la cage vide. Augustin Mazzilli peut ainsi marquer sans peine le dernier but du sacre. Le joueur argentin Gonzalo Peillat s'exclame alors: "C’est comme toucher le ciel! Nous avons gagné ce tournoi, et c’est la première fois dans l’histoire pour l’Argentine. C’est mon rêve. Quand j’ai commencé le hockey, je pensais toujours à ce rêve, et il est devenu réalité!

Le bonheur en double pour le Japon en badminton

Incroyable finale du double dames où les Japonaises Misaki Matsumoto et Ayaka Takahashi N°1 mondiales doivent batailler sur chaque point face aux Danoises Christinna Pedersen et Kamilla Rytter Juhl, particulièrement déterminées, et puiser au plus profond de leurs ressources pour s’extraire d’une mauvaise passe et finir par l’emporter au bout du suspense 18-21, 21-9, 21-19 devant le public du Pavillon 4 Riocentro. Ainsi, Pedersen et Rytter Juhl mènent 19-16 dans les dernières minutes du match, mais les Japonaises marquent cinq points de suite et anéantissent leurs espoirs, pour apporter à leur pays son premier titre olympique en badminton ."À la fin, tout ce que nous avions mis dans notre travail et nos entraînements a payé", remarque Misaki Matsumoto.

L’adolescente Ren Qian plonge sur l’or du haut vol 10m!

La Chinoise Ren Qian devient, à 15 ans et 180 jours, la plus jeune championne olympique des Jeux de Rio 2016 en plongeon haut vol 10m dans la piscine Maria Lenk. Née le 20 février 2001 à Chengdu, Ren réalise trois derniers plongeons magnifiques tous notés au-dessus des 91 points, pour totaliser 439,25 et l’emporter largement devant sa coéquipière Si Yajie, tout juste 17 ans, 419,40, et la Canadienne déjà médaillée de bronze au 10m synchronisé Meaghan Benfeito, 27 ans, 389,20. "Je me sens bien par rapport à mon âge. Je suis très jeune, mais j’ai la médaille. Je pense que je vais m’entraîner et travailler encore plus dur à partir de maintenant afin de me focaliser sur mon futur", explique Ren Qian.

Les régates de voile de Rio 2016 s’achèvent en conte de fée.

Au terme de quatre courses aux médailles rythmées par les sensations fortes et d’une rare intensité dramatique, le programme olympique de voile se clôture ce 18 août dans la baie de Guanabara. Martine Grael et Kahena Kunze réalisent une "medal race" à couper le souffle au terme des 10 jours de compétition dans la baie de Guanabara. À la surprise générale, elles gagnent l’or pour le Brésil dans l’épreuve très serrée du 49er FX dames. Quatre équipages pouvaient encore prétendre à la victoire finale avant cette ultime course. En coupant la ligne d'arrivée les premières, Grael et Kunze mettent le public en transe. Elles devancent sur le podium les Néo-Zélandaises Alex Maloney/Molly Meech et les Danoises Jena Hansen/Katja Salskov-Iversen.

En contraste avec l’épreuve féminine, les vainqueurs de la série 49er chez les messieurs sont connus avant la course aux médailles, le duo néo-zélandais Peter Burling et Blair Tuke s’étant déjà ménagé une confortable avance sur ses plus proches rivaux. C’est ce même Burling qui, en juin 2017, va remporter la Coupe de l'América à la barre du catamaran volant "Team New Zealand"! Les Australiens Nathan Outteridge/Iain Jensen sont en argent et les Allemands Erik Heil/Thomas Plössel en bronze.

En 470 féminin, les Anglaises Saskia Clark et Hannah Mills, médaillées d’argent à Londres en 2012, tiennent leur marge d’avance de 20 points au général jusqu’au dernier jour pour s’assurer de n’avoir qu’à terminer la "medal race" afin de s’assurer le titre. À l’arrivée de cette course, elles prennent la 8e place, une performance suffisante pour maintenir leur avance, réduite à 10 points. Les Néo-Zélandaises Jo Aleh et Polly Powrie décrochent l’argent, tandis que la paire française Camille Lecointre et Hélène Defrance s’attribue le bronze. Et en 470 hommes, Sime Fantela et Igor Marenic remportent la toute première médaille d’or olympique pour la Croatie en voile, surmontant le défi proposé par leurs adversaires néo-zélandais Mathew Belcher/Will Ryan qui finissent médaillés d'argent tandis que Pavlos Kagialis et son coéquipier Panagiotis Mantis décrochent une médaille de bronze qui était attendue depuis de longues années en Grèce.

Le boxeur cubain Julio Cesar La Cruz s’adjuge le titre des mi-lourds

Julio César La Cruz devient champion olympique de la catégorie -81 kg en battant en finale le Adilbek Niyazymbetov sur le ring du pavillon Riocentro 6. Âgé de 27 ans et triple champion du monde amateur de la catégorie, La Cruz était le grand favori du tournoi. Sa boxe mobile et légère en fait un adversaire réputé insaisissable et Niyazymbetov en fait les frais, le Cubain remportant les trois rounds. Cuba compte désormais un titre dans chacune des douze catégories de la boxe olympique. Mais celle-ci est la première gagnée à Rio dans une catégorie où les boxeurs de l’île des Caraïbes ne s’étaient pas imposés depuis 1980. "Je connaissais bien mon adversaire, il est un des meilleurs boxeurs au monde. Aujourd’hui, j’ai apprécié la bataille et vous pouvez voir le résultat sur le champ: j’ai la médaille dans la main!", dit Julio Cesar La Cruz. Le Français Mathieu Bauderlique et le Britannique Joshua Buatsi prennent les médailles de bronze.

Des arrivées au millième de seconde lors des finales de canoë-kayak sprint

En dehors d’une nette victoire de la Hongroise Danuta Kozák en K1 500m, les trois autres finales en canoë-kayak sprint du jour sur le lagon Rodrigo de Freitas sont extrêmement serrées. Dans la première course à l'or du jour, les Allemands Max Rendschmidt et Marcus Gross s’imposent en 3:10.781, faisant le nécessaire pour ne pas être inquiétés outre mesure, mais le rush final des Serbes Marko Tomićević et Milenko Zorić leur permettent de finir sur leurs talons, à 188/1000e. Les Australiens Ken Wallace et Lachlan Tame prennent le bronze à 1.812.

Dans la finale suivante, l'Ukrainien Ukraine Yuriy Cheban conserve son titre du C1 200m. Il s'impose in extremis, jetant son bateau sur la ligne pour l'emporter en 39.279, meilleur chrono olympique sur la distance, tombant à l'eau après sa manœuvre. Il devance l'Azerbaïdjanais Valentin Demyanenko médaillé d’argent à 214/1000e, et le Brésilien Isaquias Queiroz dos Santos, en bronze à 349/1000. "Dans le final, tout athlète veut mettre le nez de son bateau aussi loin que possible afin de maximiser ses chances de finir premier. Le poids de mon corps est passé à l’arrière du bateau et j’ai chaviré. C’était le truc en or!", note le double champion olympique.

Les Espagnols Saul Craviotto and Cristian Toro décrochent l'or olympique du K2 200m en dominant la troisième finale du jour. Le duo espagnol parcourt la distance en 32.075 et devance à l'arrivée l'équipage britannique Liam Heath et Jon Schofield de 293 millièmes de seconde. Les Lituaniens Aurimas Lankas et Edvinas Ramanauskas prennent le bronze à 307/1000e. Saul Craviotto remporte sa troisième médaille olympique. Il avait gagné l’or en K2 500m avec Carlos Pérez à Beijing en 2008 et l’argent en K1 200m à Londres en 2012. "Je n’ai jamais rêvé d’avoir trois médailles dont deux en or. Donc, maintenant, je rêve", s'exclame-t-il.

Enfin, Kozák s'affirme comme la reine des épreuves de canoë-kayak sprint sur le lagon Rodrigo de Freitas. Déjà en or 48 heures plus tôt sur K2 500m avec Gabriella Szabo, la championne hongroise gagne le K1 500m pour la deuxième fois consécutive après Londres 2012. Elle l'emporte pour sa part très nettement en 1:52.494 alors que la photo-finish est nécessaire pour départager ses dauphines à près de deux secondes: la Danoise Emma Jorgensen prend finalement l'argent et la Néo-Zélandaise Lisa Carrington, championne olympique du K1 200m à Rio, le bronze.