Coupe du monde féminine de basket :  Sika Koné a l'opportunité de briller et de « montrer son talent »

Sika Koné est prête à devenir la nouvelle star de l’équipe malienne de basketball femmes.

En 2021, elle a réalisé une performance incroyable à la Coupe du monde de basketball femmes U19, en étant élue dans le meilleur cinq de la compétition, où le Mali s’est classé quatrième, un résultat historique.

La joueuse de 20 ans a déjà confirmé au niveau senior avec une élection dans le meilleur cinq des tournois de qualification à la Coupe du monde de basketball femmes 2022. Elle avait notamment inscrit 26 points à 10/10 aux tirs contre la France.

Après une saison réussie avec le Mali et dans le championnat espagnol sous les couleurs de Gran Canaria, sa sélection à la draft WNBA en avril dernier n’était pas une surprise. Elle a été choisie par le New York Liberty au troisième tour.

Une blessure à un genou a peut-être retardé le début de son rêve américain dans la ligue la plus prestigieuse de la planète, mais elle est prête à profiter de ses qualités pour devenir la joueuse majeure qu’elle est appelée à devenir.

« Je sens que j’ai ma place en équipe nationale, et j’ai juste besoin de continuer à travailler dur pour améliorer mon jeu », a confié l'intérieure dans une interview exclusive à Olympics.com depuis Bamako où son équipe nationale se préparait à rejoindre Sydney.

« C’est une bonne opportunité pour montrer nos qualités et représenter pas seulement le Mali, mais aussi l’Afrique. »

Son grand moment : la Coupe du monde de basketball femmes 2022

Sika Koné est concentrée sur la Coupe du monde de basketball femmes. Et jusque-là, elle a été à la hauteur du rendez-vous lors de ses deux premiers matchs.

La Malienne a commencé avec 10 points et 14 rebonds face aux Japonaises, médaillées d’argent aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Elle a ensuite enchaîné avec 10 points face à l’hôte australien avec 9 points, 6 rebonds, 5 passes décisives. Ces deux premières performances prouvent ses qualités. Et dire qu’elle a été opérée pour une blessure au genou droit pendant la saison…

Le Mali peut compter sur l’agressivité offensive et la défense appliquée de sa joueuse de 20 ans. Elle sera la clé du parcours malien dans le groupe B où se trouvent aussi deux autres demi-finalistes des derniers JO, la Serbie et la France, ainsi que le Canada.

En pleine forme et en pleine confiance après une campagne réussie à l’AfroBasket 2021 où le Mali a pris la médaille d’argent derrière le Nigeria, Sika Koné est prête à s’affirmer lors du rendez-vous planétaire.

« Je me sens bien, car c’est une belle opportunité pour moi. Avoir la possibilité de jouer une Coupe du monde avec l’équipe seniors pour la première fois est quelque chose de très excitant. Ça sera une grande expérience pour moi. »

« Pour nous, cette chance représente tout. On est forte et on a une bonne équipe. On va juste devoir jouer notre jeu. »

« Le groupe est compliqué », a-t-elle admis. « Et si vous regardez toutes les joueuses, elles sont fortes. Mais nous le sommes aussi, on doit juste travailler dur et aiguiser notre défense. »

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Le Mali a remplacé le Nigéria à la Coupe du monde après une décision prise par le gouvernement nigérian en juin qui a acté le retrait de la scène internationale pendant deux ans des championnes d'Afrique en titre.

Les Maliennes avaient perdu leurs trois matchs pendant le tournoi de qualification organisé à Belgrade, mais elles auront la chance de participer au rendez-vous planétaire. Même si réunir toutes les joueuses évoluant à l'étranger pour un stage de préparation à Bamako a été « compliqué ».

Découvrir le basketball et s'épanouir

En 2010, quand le Mali a participé à la Coupe du monde de basketball femmes pour la dernière fois, Sika Koné ne connaissait même pas ce sport.

Une amie d’enfance l’avait convaincue de venir tenter quelques paniers sur un des courts ensoleillés de Bamako. Et elle a adoré. « J’ai commencé le basket à 12 ans grâce à une amie », se souvient-elle.

« Elle jouait au basketball comme son père qui voulait qu’elle en fasse comme lui. J’ai demandé : “c’est quoi le basketball ?” On est allé au terrain et elle m’a montré. Alors j’ai dit : “Pourquoi pas le basket ? C’est cool !” »

« Je suis rentrée à la maison et j’ai parlé du basket à ma famille », a expliqué la cadette d’une fratrie de six enfants. « J’ai eu leur soutien même s’ils ne savaient pas ce qu’est le basketball. Ma mère a même acheté un maillot pour que je puisse commencer à jouer au basket avec », se remémore-t-elle alors que le sourire qui ne la quittait pas pendant l'interview a soudain laissé place à l’émotion. Ces souvenirs d’enfance ont fait remonter la tristesse causée par le décès de sa mère au début de l’année 2022.

Sika Koné avait pu compter sur son soutien inconditionnel. Sa mère avait été particulièrement excitée quand Sika Koné, seulement âgée de 13 ans, était présélectionnée en équipe nationale.

« Le Mali allait participer à des qualifications à la Coupe du monde. On était 15 au stage et seulement 12 joueuses allaient ont été retenues » a expliqué l’intérieure de 1,93 m. « J’étais déjà grande, mais ils avaient dit que j’étais trop jeune. »Et quand elle a finalement été appelée pour le Championnat d’Afrique U16 en 2017, la prometteuse basketteuse a tracé sa voie. Sa combinaison de taille, force et vitesse lui a permis d’aider le Mali a gagné un cinquième titre consécutif dans cette épreuve. Au niveau individuel, elle avait obtenu sa place dans l’équipe-type de la compétition.

C’était la saison de la révélation. La même année, la joueuse de 15 ans a quitté sa famille pour accepter une bourse grâce au basket à la Canterbury School of Gran Canaria en Espagne. Elle était effrayée par ce changement, mais enthousiasmée par cette chance de poursuivre son rêve. En Europe, elle a augmenté encore un peu plus le curseur en termes d’éthique de travail.

« Quand je suis arrivée, c’était dur sans ma famille à cet âge. Mais je devais me concentrer parce que je savais que je venais pour progresser en basketball. »

« J’ai continué de travailler dur chaque jour. »

La progression d'une star en devenir

Ce n’était qu’une question de temps avant que la basketteuse passe son temps libre à réviser son anglais et à regarder des vidéos de WNBA, particulièrement celles de son idole Candace Parker, la joueuse polyvalente dont elle s'inspirait avec l'espoir d'attirer l'attention des recruteurs espagnols.

Elle a finalement signé à Gran Canaria et fait ses débuts dans le championnat espagnol, la Liga Femenina Endesa, en 2021-2022 où elle s'est immédiatement mise en valeur.

Sika Koné a été la meilleure rebondeuse avec 15,3 prises par match. Son adresse à trois-points lui a aussi permis de boucler la saison avec une moyenne de 15,5 points. La même année, elle a mené le Mali à une historique quatrième place à la Coupe du monde de basketball femmes U19 en Lituanie.

Son énergie sur le court a été décisive. Elle a étiré les défenses adverses pour terminer le tournoi avec les titres de meilleure marqueuse et meilleure rebondeuse avec 19,7 points et 14,8 rebonds par match.

Le monde a repéré sa puissance de frappe et ses qualités balle en main. Elle a même été considérée comme « la meilleure joueuse d’Afrique, avec le potentiel d’être une des meilleures de l’histoire à venir de ce continent » d’après la FIBA.

« Quand j’ai entendu ça, je me sentais bien… Quand les gens me disent ‘je t’aime, j’aime comment tu joues’, cela me rend heureuse et me donne envie de travailler encore plus dur. Je sais ce que je veux et je ne l’ai pas encore atteint. »

« J’ai toujours l’impression que je dois en faire plus… Je n’y suis pas encore. J’ai encore beaucoup de progrès à faire dans mon jeu », explique celle qui veut être meilleure des deux côtés du terrain.

Sika Koné, qui a aussi participé au titre des Maliennes au Championnat d’Afrique U18 femmes en 2018, a la conviction que c’est en WNBA qu’elle peut exploiter son potentiel au maximum. En avril, elle a été l’ultime choix du New York Liberty à la draft 2022. Elle était prête pour ce moment. La Malienne a été satisfaite, mais elle a ressenti comme un vide.

« J’étais heureuse, mais c’était très compliqué… C’était dur à cause de ma mère. Elle attendait avec impatience le jour où j’allais être draftée. Elle a supporté mes rêves et voulait me voir réussir dans tout ce que j’aimais. », a-t-elle évoqué en revenant sur le rêve que sa mère avait de la voir jouer en WNBA. Elle est malheureusement décédée avant que le Liberty ne la sélectionne.

Mais cette douleur est devenue une source de motivation pour Sika Koné. Elle veut marquer l’histoire et laisser une trace.

« Je veux continuer de faire ce que j’ai à faire pour la rendre fière. Je veux faire de grandes choses et améliorer mon jeu pour garder son nom en vie. »

« Mon rêve n’est pas seulement de jouer en WNBA », a clamé la basketteuse qui a été régulière dans les rangs maliens au cours des trois dernières compétitions. «Être draftée est une chose, mais je dois continuer de travailler dur pour rejoindre l’équipe. Je veux y aller, y rester et m’adapter pour réaliser de grandes choses avec l’équipe. »

Elle est bien partie pour devenir la cinquième joueuse malienne à évoluer en WNBA. Mais ce moment n’est pas encore arrivé.

Pour le moment, elle va continuer de porter le numéro 23 à Gran Canaria pour la saison 2022-2023. Elle est heureuse de rester en Espagne pour viser un titre de MVP auprès de son idole d’enfance Meya Tireira, une des joueuses expérimentées de l'équipe malienne pour la Coupe du monde de basketball femmes 2022. Elle est aussi la meilleure marqueuse de Valence.

« J'aime comment elle joue, et je suis tellement heureuse d'évoluer à ses côtés en équipe nationale. Elle est la meilleure. Je lui parle et elle me donne beaucoup de conseils », a avoué Sika Koné au sujet de la joueuse de 26 ans qui était aux Jeux de Pékin 2008 lorsque les basketteuse smaliennes ont participé aux JO pour la dernière fois.

Le rendez-vous planétaire à Sydney sera une occasion de rapprocher le Mali des Jeux Olympiques. Un quota pour Paris 2024 y sera décerné pour le vainqueur de la compétition.

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