Sarah Hughes, la victoire inattendue
Lors des Jeux Olympiques d'hiver de 2002 à Salt Lake City, Sarah Hughes (USA) a gagné, à l'âge de 16 ans, le titre de championne olympique de patinage artistique auquel personne, et encore moins elle, ne s'attendait. Elle est exceptionnellement revenue du 4e rang après le programme court pour devancer toutes les favorites dans le libre.
Quand démarre l'une des compétitions les plus prisées et suivies des Jeux Olympiques d'hiver de 2002, le 19 février sur la glace du Salt Lake City Ice Center, Sarah Hughes ne fait en aucun cas partie des favorites. Les pronostics en patinage artistique féminin vont de façon logique en faveur de Michelle Kwan, la championne du monde 1998, 1999 et 2001, qui a en fait presque tout gagné depuis les Jeux de Nagano 1998 où elle avait décroché la médaille d'argent. Sa principale rivale est la Russe Irina Slutskaya, sa dauphine des Mondiaux 1998 et 2001, et la championne d'Europe en titre. La deuxième sélectionnée dans l'équipe américaine, Sasha Cohen, 17 ans, comptabilise de meilleurs résultats que Sarah Hughes sur les circuits national et international. Sarah Hughes, 16 ans, doit se battre pour gagner sa place en sélection. Elle y parvient en terminant 3e des Championnats des États-Unis derrière Michelle Kwan et Sasha Cohen à Los Angeles en janvier 2002.
Le programme court confirme la tendance
Le programme court confirme si besoin était que l'heure de Sarah Hughes ne va pas sonner dans l'Utah. Elle commet deux erreurs sur des triples sauts réduits en sous-rotation et termine cette partie de la compétition au quatrième rang, derrière Kwan, Slutskaya et Cohen. Aucune patineuse n'a jamais gagné la médaille d'or en partant de la quatrième place après le court. Le titre, voire même le podium, apparaissent hors d'atteinte pour la lycéenne new-yorkaise.
Seul, finalement, son entraîneur Robin Wagner affiche une certaine confiance, soulignant à quel point sa protégée a travaillé avec acharnement sur ses sauts dans les mois précédant les Jeux de Salt Lake City. Le programme libre se déroule le 21 février. Sarah Hughes passe avant MichelleKwan, Irina Slutskaya et Sasha Cohen.
Elle commence par poser parfaitement son premier saut, un double axel, puis réussit à enchaîner deux combinaisons triple-triple. Les spectateurs n'en croient pas leurs yeux. C'est bien la première fois aux Jeux qu'une patineuse propose deux fois une combinaison triple-triple dans son libre. Sur les quatre minutes de son programme, elle va en fait de plus en plus fort : sept triples sauts tentés et réussis, magnifiques pirouettes, sur la musique de Maurice Ravel, "Daphnis et Chloé". Elle prend la première place du classement, aucun des juges ne lui accorde une note inférieure à 5,7.
Kwan, Cohen, Slutskaya : derrière !
Michelle Kwan s'élance ensuite. Elle commet plusieurs erreurs, et tombe quasiment à la réception de son triple flip, posant les mains sur la glace. Sasha Cohen est, pour sa part, victime d'une chute. Reste Irina Slutskaya pour conclure. Elle rate plusieurs réceptions : au final, ces trois patineuses récoltent des scores inférieurs à celui de Sarah Hughes, sacrée championne olympique par surprise grâce à son étincelante prestation dans le libre, devant Irina Slutskaya et Michelle Kwan qui se contente du bronze et restera comme l'une des plus grandes patineuses de l'histoire n'ayant jamais gagné l'or olympique. Sasha Cohen décroche quant à elle la quatrième place.
"Je pense que beaucoup de gens ne comptaient pas sur moi, et je ne pensais pas que je pouvais le faire", dira Sarah Hughes. "Je ne croyais même pas que ce serait possible. Alors me retrouver là avec la médaille d'or autour du cou, je n'ai jamais cru que cela pourrait arriver," confie la première championne olympique à n'avoir pas gagné auparavant un titre national ou international.
À son retour à Great Neck à Long Island, New York, Sarah Hughes est honorée par une parade dans les rues de sa ville natale. Son histoire est racontée dans une biographie écrite par Richard Krawiec, et intitulée "la championne soudaine, l'histoire de Sarah Hughes".