Samira Malekipour, entraîneure de karaté iranienne : « Toutes les filles de la planète doivent être libres de réaliser leur rêve »

Il y a trois ans, elle a rejoint le Canada pour entraîner son mari Hamoon Derafshipour, qui a représenté l'équipe olympique des réfugiés du CIO lors des JO de Tokyo 2020.

4 minPar Olympics.com
Samira Malekipour and her husband have left Iran, because the law in the country does not allow a woman to coach.

Lorsque l'Iranien Hamoon Derafshipour a participé aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 en tant que membre de l'équipe olympique des réfugiés formée par le CIO, il était le seul karatéka accompagné d'une entraîneure.

Un an plus tôt, lui et sa femme Samira Malekipour étaient partis pour le Canada afin que Samira, ancienne entraîneure de l'équipe féminine de karaté d'Iran, puisse le préparer en vue des Jeux de Tokyo. En effet, les règles en vigueur en Iran ne lui permettaient pas de le faire.

« Nous voulions donner à Hamoon les meilleures chances de réussir, et j'étais prête à l'aider à réaliser son rêve olympique », a expliqué Samira.

« Il voulait avoir la liberté de choisir son entraîneur et il m'a choisie, moi, une femme, son épouse. »

« Montre-leur que c'est possible »

De grands progrès ont été accomplis pour que les Jeux Olympiques deviennent l'événement sportif le plus important du monde en termes d'égalité des genres. À Tokyo 2020, les femmes ont représenté 48 % des athlètes. Mais il y a encore du travail à faire pour augmenter la représentation des femmes dans l'entourage des athlètes. À Tokyo par exemple, seuls 13 % des entraîneurs étaient des femmes.

Le CIO s'est engagé à relever ce défi et encourage le Mouvement olympique à trouver le moyen de permettre à davantage de femmes d'atteindre le plus haut niveau dans le secteur de l'encadrement sportif. Mettre à l'honneur les entraîneures d'élite qui ont surmonté les obstacles et sont des modèles est déjà un objectif en soi.

Samira, elle-même karatéka d'élite, affirme qu'il ne devrait pas y avoir de différence entre un entraîneur féminin et un entraîneur masculin.

« Le fait d'entraîner mon mari aux Jeux Olympiques m'a donné la confiance nécessaire pour partager mon expérience et mes connaissances avec des athlètes et d'autres femmes entraîneures, et leur montrer que c'est vraiment possible. Ce ne sont pas que des paroles en l'air. »

Persévérer pour surmonter les obstacles

Samira a grandi en Iran et son parcours pour devenir une entraîneure de renom n'a pas été simple. Elle a réussi tous les cours d'entraînement nationaux et internationaux et a été invitée au camp de l'équipe nationale en tant qu'entraîneure. « Nous avions un chemin difficile à parcourir, car les femmes entraîneures n'avaient pas une totale liberté d'action et les décisions finales étaient généralement prises par les hommes au sein des fédérations », explique-t-elle.

Elle estime également que les jeunes filles et les femmes sont confrontées à beaucoup plus d'obstacles que les hommes. Ces obstacles sont souvent liés à des barrières mentales, à un manque de confiance et, comme dans le cas de Samira, à une culture patriarcale. Mais malgré les difficultés, Samira affirme que les femmes et les jeunes filles persévèrent pour occuper des postes de haut niveau dans le sport.

« Il y a en Iran de nombreuses femmes qui travaillent dur et qui ont de grandes capacités dans divers domaines sportifs, mais en raison de la culture patriarcale, elles ont moins d'occasions d'être performantes. Malgré cela, nous voyons chaque année nombre d'entre elles briller lors de diverses compétitions sportives », dit-elle.

« Ce qui est essentiel, c'est la capacité à aller de l'avant », ajoute-t-elle. « Si vous tombez mille fois, assurez-vous de vous relever mille et une fois. »

Le changement doit commencer à la base

Les entraîneurs sont des décideurs visibles et influents. Il est essentiel que les femmes et les jeunes filles voient des entraîneures, qu'elles croient qu'elles peuvent aussi occuper des postes de responsabilité et d'influence. Les difficultés commencent souvent au niveau local, et il faudra du temps pour que les choses s'améliorent. Une carrière d'entraîneur dure généralement de 10 à 12 ans au niveau national avant d'atteindre le niveau olympique. En d'autres termes, il faut souvent plus de temps pour devenir un entraîneur d’élite que pour devenir un athlète de haut niveau.

« Toutes les filles de la planète doivent être libres de réaliser leur rêve », estime Samira Malekipour.

Pour réaliser son rêve, Samira a fait beaucoup de sacrifices. « Ma famille, mes amis et mon pays me manquent, mais lorsque j'étais aux Jeux de Tokyo, je me suis sentie incroyablement fière. Si des filles me voient faire ce que je fais et décident qu'elles peuvent aussi le faire, c'est tout ce que j'espère », dit-elle.

Outre le soutien apporté aux jeunes filles pour qu'elles deviennent entraîneures, Samira s'est également engagée à aider de jeunes réfugiés au Canada à se former pour devenir athlètes et entraîneurs.

« Les réfugiés ont une histoire tellement douloureuse, et je suis convaincue que le sport a un pouvoir de guérison », dit-elle. « C'est pourquoi je ferai tout pour aider ces jeunes à surmonter leur douleur grâce au sport. »

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