Présentation de Carissa Moore, triple championne du monde de surf
Née à Hawaï, la Mecque du surf où elle a grandi, Carissa Moore s'est depuis toujours amusée avec une planche. Après avoir participé régulièrement au Championship Tour (CT) de la World Surf League (WSL) depuis l'âge de 15 ans, Carissa a décroché son premier titre mondial en 2011 avant de renouveler son exploit en 2013 et 2015.
Autrefois élève dans la même école que Barack Obama et fanatique de scrapbooking, Carissa , forte de ses victoires en série, a maintenant en vue la victoire aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 .
Le surf est au programme des prochains Jeux Olympiques, vous êtes triple championne mondiale et vous figurez actuellement au Top cinq mondial – vous devez vous sentir heureuse ?
Je suis très excitée. Les premières compétitions de cette saison m'ont apporté énormément de plaisir. L'une d'entre elles a dû malheureusement être annulée en Australie mais, hormis cela, cette année s'est jusqu'ici bien déroulée.
C'est l'épreuve du Margaret River Pro qui a dû être annulée pour des raisons de sécurité suite à des attaques de requins dans la région, comment gérez-vous des situations comme celle-là ?
Ce n'est pas quelque chose auquel je pense tout le temps. En général, je me sens plutôt en sécurité sur les spots où j'ai choisi de surfer. C'est un sujet tellement sensible. Pour certaines personnes, c'est un vrai problème. Quant à moi, deux précautions valent mieux qu'une. Je me sens plutôt en sécurité avec les différents protocoles que la WSL (World Surf League) a mis en place mais, en définitive, elle a pris la bonne décision. C'est très bien.
Comment expliquez-vous que le surf réussisse à chasser des sujets d'inquiétude comme celui-ci de votre esprit ?
J'adore cette sensation d'être en communion avec l'océan et d'être reliée aux éléments. Le reste du monde n'existe plus quand on est sur l'océan. C'est magique d'avoir un univers d'une telle force tout autour de soi. Et quand vous arrivez à être pratiquement en harmonie avec cette force, c'est vraiment super.
Vous êtes une pro depuis 2008, le surf féminin a-t-il beaucoup changé depuis cette date ?
Bien sûr, vous devez faire toujours mieux pour rester parmi les meilleures. Le niveau s'améliore tout le temps, à chaque saison, 100 pour cent.
Vous êtes connue, au sein de la WSL, pour votre aptitude à faire facilement un somme. Quel est l'endroit le plus étrange où vous vous êtes un jour endormie ?
Je ne sais pas si l'on peut parler d'endroits étranges mais, une fois, je me suis carrément endormie sous la table de mon physio lors d'une compétition de surf, à même le sol. Je dirais que c'était l'un des endroits les plus insolites. J'aime les sols des aéroports ou les grandes tentes de nos compétitions, ce sont des endroits calmes et personne ne peut me trouver.
Vous avez épousé votre petit ami du lycée l'année dernière en décembre, avez-vous essayé ou plutôt évité de faire du surf durant votre lune de miel ?
Nous sommes allés en Islande et en Grèce. Nous n'étions pas partis pour cela, notre objectif était d'aller dans un endroit où il n'y avait aucun spot de surf mais j'ai découvert qu'il était possible de surfer en Islande. Et comme enfiler une combinaison bien mouillée avec une cagoule, des gants et des bottillons a toujours été sur ma liste de choses à faire, nous l'avons fait. C'était génial, il y avait de la neige partout! C'était tellement cool, il faisait froid, il y avait à peu près quatre heures d'ensoleillement.
Barack Obama a fréquenté le même établissement scolaire que vous, l'école Punahou. Vous y êtes-vous rencontrés ?
Je ne l'ai jamais croisé. Mais j'étais au lycée quand il a pris ses fonctions et nous étions tous hyper enthousiastes. Mon école en a retiré une grande fierté.
En revanche, j'ai rencontré Michelle Wie (golfeuse professionnelle) qui était vraiment cool. Elle était en dernière année alors que j'étais une nouvelle recrue; j'étais vraiment éblouie de la voir sur le campus. Et j'ai pu lui parler.
On comprend que c'est une très bonne école…
L'enseignement y est excellent; les professeurs soutiennent de façon remarquable les athlètes et encouragent les rêves individuels, ce qui est génial. J'étais entourée de personnes fantastiques. Je n'avais qu'une chose en tête à l'école mais comme j'étais bonne élève, on me laissait faire du surf après les cours.
Vous vous êtes souvent exprimée sur le “body shaming”, pouvez-vous expliquer ce que cela signifie pour vous ?
Tout cela vient du fait que j'ai dû me battre avec confiance pour accepter l'image de mon corps durant toute ma vie. Quand j'ai subi des transformations physiques durant mon adolescence et que j'ai commencé à prendre un peu plus de poids et de rondeurs, l'une des choses que mon père m'a toujours encouragée à faire, c'est d'être tout simplement naturelle.
À certains moments, les gens parlaient et faisaient des commentaires sur mon apparence physique; c'était tout simplement mieux d'être honnête et de partager mon histoire. J'ai alors compris qu'il y avait d'autres personnes qui vivaient la même chose et cela m'a un peu aidée.
Il est important pour les jeunes femmes que l'on parle de ces problèmes. Ce qui me réjouit probablement le plus, c'est de voir que les gens sont 100% authentiques et qu'ils n'ont pas peur d'être vulnérables. C'est beaucoup mieux que de faire comme si tout était parfait car ce n'est jamais le cas. Personne n'est parfait.
Sur votre site web on peut lire que vous adorez le “scrapbooking” – pouvez-vous nous en dire plus ?
J'ai un scrapbook pour chaque année de ma vie. C'est comme un magazine de photos; je découpe des silhouettes amusantes, je les colle et j'ajoute des stickers et des dessins rigolos. Ce n'est pas un simple album photos, c'est beaucoup plus. C'est un peu une œuvre artistique.
J'aimerais pouvoir les montrer à tout le monde mais, la plupart du temps, il y a ces textes maladroits. Il n'y a pas vraiment lieu d'en faire étalage à la maison et puis je trouverais bizarre de dire "Hé, viens voir mon scrapbook". Et pourtant il y a une chance que je le fasse car j'en suis très fière.