Pianiste virtuose, athlète écléctique, Micheline Ostermeyer icône du sport français
De tous les terrains d’entraînement des futures vedettes olympiques, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris n’est pas le plus réputé… Cela n’empêcha pas, cependant, cette grande école européenne de musique et de danse de nourrir en son sein l’une des grandes athlètes des Jeux de 1948.
En effet, l’athlète française Micheline Ostermeyer née dans un milieu artistique était une pianiste virtuose. Sa famille avait été parmi les familiers de Victor Hugo et sa mère l’avait mise au piano dès l’âge de quatre ans; ainsi était-elle sortie diplômée du Conservatoire. Mais dans le registre sportif, elle n’en était pas moins une athlète de niveau national dans un nombre varié de disciplines et elle était déterminée à poursuivre de front ses deux passions.
Tout comme la Néerlandaise Fanny Blankers-Koen, Micheline Ostermeyer était une athlète polyvalente. Elle détenait 134 titres nationaux en haies, sprints, saut en hauteur, lancers du poids et du disque et au pentathlon et fut confrontée à un choix épineux quand elle dut décider les épreuves dans lesquelles elle se présenterait. Elle opta finalement pour trois d’entre elles : le disque, le poids et le saut en hauteur.
Le disque était le premier de la liste, elle ne s’y était mise que quelques mois auparavant. À l’avant–dernier essai, elle était en position de décrocher la médaille de bronze, mais restait un tour supplémentaire. Et en dernier ressort, Micheline Ostermeyer rassembla toutes ses forces ce qui lui valut la victoire à 75 cm de sa coéquipière Jacqueline Mazéas et plus encore de l’Italienne Edera Cordiale-Gentile.
Quatre jours plus tard, ce fut le tour du lancer du poids. C’était la première fois que la version féminine de ce sport était au programme olympique et Micheline Ostermeyer domina la compétition. Avec 66 cm de mieux, elle l’emporta et célébra sa victoire en offrant à l’impromptu un récital Beethoven à la délégation française médusée.
Après une courte pause, elle repassa à l’action en saut en hauteur où son style roulé caractéristique lui permit d’égaler le record français et de se classer troisième. Avec deux titres de championne olympique à son actif, elle acheva ces Jeux avec une médaille de bronze supplémentaire, un palmarès splendide pour une personnalité en tout point remarquable.
Micheline Ostermeyer ne revint pas aux Jeux Olympiques par la suite mais poursuivit sa carrière musicale. Elle annonça son retour en concert en jouant pour trois publics différents en une seule soirée. Suivirent des centaines d’autres récitals et de nombreux enregistrements. Elle passa ensuite plus de trente ans à enseigner la musique, source d’inspiration pour les jeunes comme elle le fut un temps pour les fans sportifs.