Emil Zatopek écrit sa légende aux Jeux de Londres

Emil Zatopek écrit sa légende aux Jeux de Londres

Chaque fois qu’il participait à une course, Zatopek ravissait la foule grâce simplement à trois caractéristiques majeures. Avant tout, c’était un champion qui aimait passionnément le sport. Deuxièmement, durant l’action il paraissait exténué, incarnation même de l’athlète dans l’effort. Et enfin, il était de toute évidence une personnalité sympathique et amicale, un être qui charmait aussi bien les spectateurs que ses adversaires.

Il s’aligna au 5 000 m et au 10 000 m sans compter ne gagner ni l’une ni l’autre de ces épreuves. En effet, le favori était le Finlandais Vijo Heino, détenteur du record du monde du 10 000 m. En fait, Zatopek contrôla la course, accomplissant chacun des tours à une cadence de 71 foulées par seconde. Sur ce terrain-là, personne ne l’égalait et finalement même un Heino dépassé et à bout de forces ne put que s’incliner.

Zatopek s’était entraîné pour un tel moment. Il était connu pour vouloir courir quelles que soient les conditions météo, grande chaleur ou neige profonde, et portait souvent des bottes épaisses plutôt que des chaussures de course, simplement pour accroître l’effort. Ainsi, aux Jeux de 1948 devant la foule du Stade de Wembley, tous ces efforts commencèrent à payer. Quand dans le sprint final son immense talent sportif l’eut conduit sur la ligne d’arrivée, Zatopek avait distancié tous ses adversaires sauf deux mais il remporta la course avec une avance incroyable de 300 m.

Il fit la fête dans le village olympique en allant chanter la sérénade sous la fenêtre de celle qui plus tard devait devenir sa femme, Dana Zátopková, future championne olympique de javelot. À son apparition, il brandit sa médaille d’or mais la laissa tomber malencontreusement dans le bassin qui bordait le bâtiment. Ni une ni deux, il se dévêtit et plongea pour la récupérer!

Dans le 5 000 m la chance ne fut pas autant de son côté cependant. Peut-être mal remis de son effort dans la course de fond précédente, il traînait à 50 m jusqu’au dernier tour qui le vit se lancer dans un sprint fulgurant. Et sur les 200 m restants, il parvint à rattraper le Belge Gaston Reiff qui menait en tête, mais la ligne d’arrivée arriva deux secondes trop tôt et Reiff l’emporta avec un mètre d’avance, offrant à la Belgique sa première médaille d’or en athlétisme. Zatopek, pour sa part, s’en retourna chez lui pour se préparer à de nouvelles performances olympiques extraordinaires quatre ans plus tard.

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