Que représente une médaille olympique ? Jackson Richardson, Daniel Dhers, Elina Svitolina, Martin Fourcade... Ces athlètes témoignent

Par Florian Bouhier
8 min|
Silver medalist, Audrey Tcheumeo of France celebrates
Photo de 2016 Getty Images

À l’occasion de la révélation des médailles olympiques pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Olympics.com est allé demander ce qui rend cet objet si iconique.

Or, Argent, Bronze.

Ce triptyque est désormais bien connu de tout amateur de sport, c’est à partir des Jeux Olympiques de 1904, à Saint-Louis, aux États-Unis d’Amérique, qu’il apparaît pour la première fois.

Le vainqueur sera doré, le vice-champion olympique argenté et le troisième bronzé. Il faut attendre les Jeux Olympiques à Rome 1960 pour voir apparaître la fameuse tradition de la médaille autour du cou, celle rêvée par les athlètes du monde entier. Au total, depuis les Jeux Olympiques de 1896 à Athènes, les premiers de l'ère moderne, près de 36 600 médailles (or, argent et bronze) ont été attribuées aux athlètes.

Heureux après son titre olympique, l'Américain Cassius Marcellus Clay, Jr., plus connu par la suite en tant que Mohamed Ali, portera jour et nuit sa médaille avant de l’égarer. Aux Jeux Olympiques de 1996 d’Atlanta, la légende de la boxe avait ému le monde entier en allumant la flamme olympique et un peu plus tard, s’était vu remettre de nouveau sa médaille olympique de 1960.

Derrière chaque médaille olympique, il y a un athlète, une histoire personnelle, de l’espoir, des heures d’entraînements, des doutes. Ultime récompense d’une carrière pour certains, déception de ne pas voir atteint l’eldorado doré pour d’autres : mais que signifie vraiment une médaille olympique ?

Ces athlètes olympiques livrent leur sentiment à Olympics.com sur l’objet de toutes les convoitises : la médaille olympique.

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La médaille olympique, le rêve d'une vie : « Je n’ai pas de mots pour décrire ce moment »

À leur entrée en compétition lors des Jeux Olympiques, tous les athlètes ne pensent qu'à une chose : la médaille olympique. Cet objet pourrait changer leur destin, l’histoire du sport, voire celle de leur pays.

Compétiteurs dans l’âme, il est rare que ces athlètes explosent de joie lorsqu’on leur octroie une médaille d’argent, souvenir d’être passés tout près de l’or olympique. Ce n’est qu’a posteriori qu’ils prennent conscience de leur immense exploit, à l’image de la Française Sarah-Léonie Cysique, judokate double médaillée olympique aux JO de Tokyo 2020.

« C’est vrai qu’au début à Tokyo, j’étais dégoutée d’avoir perdu mon dernier combat. Mais une fois qu’on la met autour du cou, que je l’ai vue, je me suis dit ‘whoa’ c’est là qu’on voit que ça reste une médaille olympique ! J’étais très contente et mon sourire est revenu automatiquement. »

Pour le biathlète français Martin Fourcade, sportif français le plus titré des Jeux Olympiques, été et hiver confondus, les médailles olympiques sont aussi un moyen… de rappeler son glorieux passé sportif à ses proches !

« C’est la seule occasion que j’aie de pouvoir prouver à mes filles que je suis champion olympique. Elles étaient trop jeunes à ce moment-là ! » a-t-il confié lors de la présentation des médailles olympiques de Paris 2024, le jeudi 8 février.

Également argenté à Rio 2016, le Belge Alexander Hendrickx a ensuite découvert le bonheur de l'or, quatre ans plus tard à Tokyo. Meilleur buteur du tournoi de hockey sur gazon, il a enfin pu toucher la médaille qui le faisait rêver depuis tout petit.

« C’est un rêve d’enfant d’être aux Jeux Olympiques et puis de gagner le plus grand prix... Je n’ai pas de mots pour décrire ce moment. Porter une médaille, c'est vraiment lourd... Je me souviens de l'avoir porté en marchant et tout le monde me regardait comme si c’était incroyable. C’est un sentiment agréable », déclarait-il au micro d’Olympics.com lors du TQO de hockey de Valence en janvier, où la Belgique a décroché sa qualification pour Paris 2024.

Une médaille olympique est dénuée d'équivalent pour la plupart des athlètes. Pour Audrey Tcheuméo, « il n’y a pas de mots pour décrire les médailles, même quand c’est de l’argent ou du bronze ». Médaillée aux JO de Londres 2012 puis à ceux de Rio 2016, la judokate française affirme que la récompense olympique est sans pareil dans le monde du sport au gré d’une comparaison... culinaire.

« C’est une source de fierté. Il y a une différence entre une médaille mondiale et une médaille olympique. Ce sont deux saveurs différentes : une médaille olympique, c’est comme du caviar et une médaille mondiale, c’est comme de la truffe. »

À Tokyo 2020, en 2021, Luka Mkheidze fut le premier médaillé de la délégation française. « Ma médaille de bronze aux Jeux, c'est ma plus belle réussite. »

Pour ce judoka passé par de nombreux obstacles lors de sa vie, ce n’est pas qu’une simple récompense sportive. Cette médaille, c'est une réflexion de son destin.

« Cette médaille représente beaucoup pour moi, tous les sacrifices que j’ai pu avoir dans ma carrière. J’ai passé tellement de temps avec cette médaille, je l’ai tellement montrée, tellement portée que je la connais par cœur. Je sais qu’elle va rester dans ma famille de génération en génération. C’est la plus belle compétition qui existe pour moi dans le sport. »

Car, en plus de récompenser les meilleurs athlètes dans leur discipline, une médaille est souvent porteuse de message et d’émotions se diffusant beaucoup plus loin que le podium olympique.

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La médaille olympique, plus qu'une simple récompense : « ma médaille a donné de l’espoir, beaucoup de sentiments positifs »

« Une médaille olympique pèse 500 grammes. C’est lourd, pour de vrai - votre cou vous fait mal si vous la portez longtemps. Mais, je pense qu’elle pèse encore plus pour ce qu’elle représente. »

The Boss Daniel Dhers est l’un des athlètes les plus reconnus dans le monde du BMX Freestyle. Médaillé d’argent à Tokyo, il sait que l’écho de sa médaille d’argent a fait vibrer son pays, le Venezuela, démontrant l’impact que peut avoir un exploit olympique.

« Je pense que ma médaille a donné de l’espoir, beaucoup de sentiments positifs dont le Venezuela avait besoin - et cela me procure beaucoup de joie. Une médaille olympique pèse un demi-kilo, mais elle pèse d’incommensurables kilos pour la société. »

Lorsqu’ils gagnent la finale pour la médaille de bronze aux JO de Barcelone 1992, l’équipe de France de handball ne se doute pas qu’elle vient de participer à un événement fondateur du sport français.

« Nous, à l'époque, on était arrivé un peu la fleur au fusil, on était comme des enfants. Voir les Jeux Olympiques pour la première fois, c'était grandiose », raconte le charismatique Jackson Richardson à Olympics.com.

Les Bronzés remportaient la première médaille internationale de la France dans cette discipline. Un bronze inespéré pour cette équipe encore inconnue à un tel niveau de compétition. Les Bleus de Daniel Costantini sont les premiers d’une dynastie d’équipes de France qui vont dominer ce sport sur plusieurs générations.

« On était très fiers parce que c'est la première médaille du handball français. Le fait de pouvoir vivre ces premiers JO et d'avoir une première médaille, cela a facilité notre adaptation dans les compétitions internationales. »

« Le plus important, c'est que les autres générations ont réussi à aller chercher la médaille d'or qui nous manquait et ça pour moi, ce n'est que du bonheur. »

Menée 1-4 dans la dernière manche du match pour la médaille de bronze de l’épreuve de tennis femmes à Tokyo 2020, Elina Svitolina va forcer son destin en alignant cinq jeux consécutifs. Vingt-six minutes de rêve qui lui permettent de repartir du Japon avec une belle médaille de bronze pour elle, mais également pour son pays, l’Ukraine.

« C’était incroyable de revenir en Ukraine avec une médaille, la première médaille de tennis pour l’Ukraine. C’était quelque chose d'inimaginable, j'ai mis toute mon énergie dans ces Jeux Olympiques. C'était vraiment spécial pour moi », confiait-elle lors d’une interview exclusive pour Olympics.com en 2022.

« Apporter cette médaille pour l’Ukraine, cela m’a apporté tant de bonheur et tant de moments incroyables que je me souviendrai pour le reste de ma vie. »

Si certains préfèrent garder leur médaille durement acquise le plus proche d’eux, le skateur brésilien Pedro Barros préfère récompenser l’une des personnes les plus chères à ses yeux, sa mère.

« Ma médaille olympique est avec ma mère en ce moment. C’est quelque chose que je ne m’attendais pas à avoir. Je pense qu’elle est très heureuse d’avoir une médaille olympique chez elle. (rires) »

Et on parie qu’elle passe ses journées avec cette médaille autour du cou.