JO de Paris 2024 : Luka Mkheidze, une détermination forgée par un passé déchirant
La première médaille, c’était lui !
Aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020, Luka Mkheidze a remporté la médaille française avec le bronze chez les moins de -60 kg, dès le deuxième jour de la compétition.
Un joli clin d’œil pour celui qui est arrivé en France en 2010, après avoir fui la guerre en compagnie de sa mère.
« Ma médaille de bronze aux Jeux, c'est ma plus belle réussite. C'est une compétition unique qui est rare, qui est difficile rien que pour être sélectionné. »
Luka Mkheidze s'était confié à Olympics.com sur son parcours de vie extraordinaire, sa médaille olympique, sa grave blessure au genou et son rêve de Jeux Olympiques de Paris 2024.
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Luka Mkheidze : un mental à toute épreuve
Luka Mkheidze n’est jamais seul lorsqu’il combat. À son entrée sur les tatamis, il est accompagné par son histoire, son parcours de vie.
Né en Géorgie, à Tbilissi, Luka Mkheidze y vit jusqu’à l’âge de 12 ans. Suite au conflit en Ossétie du Sud, il fuit la guerre avec sa famille, d’abord en Pologne puis en région parisienne à partir de 2010.
« L'histoire que j'ai vécue avec ma famille, d'avoir quitté mon pays d'origine, arriver dans un autre pays où je ne connaissais personne… C’est un parcours qui n'a pas été facile, mais une fois qu'on voit le bout du tunnel, qu'on arrive à s'en sortir, qu'on arrive à ce niveau-là, c'est beaucoup de bonheur. »
Quand beaucoup auraient plongé face tant de difficultés, Luka Mkheidze s’adapte et s’acclimate à la France. De son histoire personnelle, il en tire une force mentale au-dessus de la moyenne qui lui permet de renverser des montagnes.
« Ça m'a forgé mentalement. Je savais qu'il fallait que je travaille davantage parce que je ne suis pas né ici. Il fallait que je m'adapte à la culture. Ça m'a donné de la force et, à chaque fois, avant les compétitions, je repense à tout ce que j'ai vécu, tout le chemin que j'ai parcouru. »
Le médaillé surprise aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 s’est révélé sur le tard, remportant sa première breloque continentale quelques mois avant les JO lors des championnats d’Europe 2021 à Lisbonne.
Le vent en poupe, il confirme le bronze de Tokyo par une belle troisième place lors du Paris Grand Slam à Bercy en février 2022. Mais les belles histoires ne durent pas éternellement. Le judoka d'origine géorgienne se blesse au genou droit et doit tout arrêter pendant presque un an.
« Quand on est éloigné des tatamis aussi longtemps, ce n'est pas facile. On voit les autres qui font des médailles, qui performent… C'est un peu dur parce que tu as envie d'être là aussi à leurs côtés et de défendre ses chances. »
Une fois de plus, Luka Mkheidze va puiser dans sa force mentale. Au lieu de se morfondre, il trouve un côté positif à sa blessure qui le décharge de la pression qui accompagnait son nouveau statut de médaillé olympique.
« C’était un mal pour bien, ça m'a permis de souffler, ça m'a fait du bien. Quand on est arrêté aussi longtemps, on accumule de l'envie. On accumule beaucoup, beaucoup, beaucoup d'envie. Une fois revenu sur le tapis, j'ai senti que je débordais d’énergie. »
Luka Mkheidze sur les JO de Paris 2024 : « Monter sur la plus haute marche »
De retour en début d’année 2023, Luka Mkheidze va réussir son retour, remportant deux tournois de Grand Chelem à Tel-Aviv, en Israël, le 16 février et à Antalya, en Türkiye, le 31 mars. Une première pour lui pour des compétitions aussi prestigieuses. Questionné sur cette réussite, le 14ᵉ mondial (au 1er novembre 2023), met en avant une nouvelle fois sa force mentale.
« L'expérience, c'est la clé. Je suis une personne qui n'a pas été immédiatement performant. J'ai mis des années avant de l'être. Avant 2020, j'étais personne. J'ai mis des années avant d'arriver à ce niveau. Il faut être patient. C'est dans ces moments, où il faut persister. Il ne faut pas abandonner parce que sinon tu regrettes. »
Après la médaille de bronze à Tokyo 2020, la suite logique serait de viser le titre de champion olympique à domicile, à Paris. Mais, dans le judo et en équipe de France, la concurrence est très forte. En plus de Luka Mkheidze, la délégation bleue dispose de deux autres judokas dans le top 20 en la personne de Cédric Revol qui vient de remporter le Grand Chelem d’Abu Dhabi et Romain Valadier Picard, sélectionné pour les championnats d’Europe.
« Les Jeux, c'est une fois tous les quatre ans, je ne suis pas certain de revivre les Jeux. Si ça se trouve un autre Français fera des meilleurs résultats que moi, il sera plus fort que moi. »
« L'ambition, c'est de pouvoir monter sur la plus haute marche. Je sais que le chemin va être long et je sais qu'il y a des étapes avant d'arriver aux Jeux de Paris, je dois faire mes preuves. Je suis en concurrence avec d'autres Français qui sont très, très bons, donc il va vraiment falloir mériter ma place. »
Rencontré dans l’obscurité de la salle inférieure de l’Institut du Judo, Luka Mkheidze y voit pourtant clair sur ses prochaines ambitions. La recette du succès, il la connait par cœur : « de l’envie et du travail ». Deux ingrédients qui pourraient le porter une nouvelle fois très haut lors des prochains Championnats d’Europe de Judo à Montpellier.
« C'est important d'avoir de l'envie parce que le sport de haut niveau, c'est tellement dur. Je sais que je peux accomplir encore des belles choses. J’ai une médaille olympique, une médaille européenne, mais il faut essayer de viser plus haut. Pourquoi pas de gagner les Jeux Olympiques ? J'ai pas mal des choses à prouver encore. »