Mary Peters : « Un sentiment de pure extase et un moment que je n’aurais jamais imaginé vivre »

La Britannique Mary Peters a participé au pentathlon des Jeux Olympiques de 1964, 1968 et 1972, gagnant l’or en 1972 avec un record du monde à la clé. Elle a par la suite joué un rôle majeur lors de la cérémonie d’ouverture de Londres 2012, en portant la torche olympique à l’intérieur du stade, juste avant l’embrasement de la vasque.

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Mary Peters : « Un sentiment de pure extase et un moment que je n’aurais jamais imaginé vivre »
(IOC)

J’ai participé à mes premiers Jeux Olympiques à Tokyo en 1964 et je n’aurais manqué la cérémonie d’ouverture pour rien au monde. C’était tout simplement extraordinaire. Je me sentais tellement fière de participer à mes premiers Jeux Olympiques et de défiler derrière l’Union Jack avec le reste de l’équipe britannique. J’ai été beaucoup plus émue par cette cérémonie d’ouverture que je ne m’y attendais : c’était un sentiment de pure extase et un moment que je n’aurais jamais imaginé vivre.

À cette époque, nous avions l’habitude de défiler en tant qu’équipe en rythme avec la musique : nous marchions tous au pas alors qu’aujourd’hui, les athlètes musardent tous, en prenant des photos avec leurs téléphones portables. Nous étions beaucoup plus disciplinés et organisés. Nous étions tous très fiers et c’était une grande joie et un grand privilège de défiler, un sentiment fantastique.

(IOC)

La partie la plus émouvante de la cérémonie s’est située pour moi avec la montée du drapeau olympique et le lâcher des colombes symbolisant la paix. Je pense que le moindre athlète, même à l’époque, était très fier d’être olympien.

J’ai vécu mes deuxièmes Jeux Olympiques quatre ans plus tard à Mexico, en 1968. Cette cérémonie d’ouverture a été très différente de la précédente. Chaque cérémonie d’ouverture est en réalité très différente, car chacune a son propre style et sa propre personnalité. Je me souviens que tous les membres de l’équipe britannique étaient habillés en rose vif pour cette occasion.

Je pense que la cérémonie d’ouverture est particulièrement spéciale pour ceux qui pratiquent l’athlétisme, car ils vont entrer en lice au même endroit quelques jours plus tard, et c’est toujours bon d’avoir une petite expérience du stade et du public avant d’entrer réellement dans le vif du sujet. À l’époque, le programme d’athlétisme commençait tôt et quelquefois, les dirigeants de l’équipe n’aimaient pas trop qu’on y aille si on débutait la compétition peu de temps après, à cause de la fatigue. J’ai eu de la chance puisque j’ai pu participer aux trois cérémonies d’ouverture. Et puis la dimension des cérémonies d’alors n’avait vraiment rien à voir avec le gigantisme d’aujourd’hui. En 1964, 93 pays seulement étaient présents contre plus de 200 aujourd’hui et les Jeux se sont considérablement développés. Aujourd’hui, les équipes comptent beaucoup plus d’athlètes, si bien que la cérémonie d’ouverture dure bien plus longtemps.

À mon avis, ce qui fait en grande partie le sel des Jeux Olympiques, c’est d’y être du début à la fin, mais malheureusement, je n’ai pas pu participer aux cérémonies de clôture de 1964 et 1968, car à l’époque je n’étais pas une athlète professionnelle. Je travaillais à plein temps et j’ai dû rentrer pour reprendre le travail.

(IOC)

J’ai participé à mes derniers Jeux en tant qu’athlète en 1972 à Munich et une fois encore, l’équipe britannique s’est plutôt distinguée au niveau vestimentaire lors de la cérémonie d’ouverture. Nous portions du lilas et du violet, et j’ai encore le chapeau. C’était un canotier agrémenté d’un ruban violet et lilas. J’étais une nouvelle fois très fière de faire partie de l’équipe, mais j’étais loin de me douter qu’à peine quelques jours plus tard, j’allais gagner une médaille d’or, et que cela allait changer ma vie à jamais.

À Munich, j’étais sûre qu’il s’agissait de mes derniers Jeux Olympiques et cela a été d’autant plus émouvant. On ne pense cependant jamais à ce qui adviendra si on est victorieux, et je n’aurais jamais imaginé que je me retrouverais impliquée dans d’autres Jeux Olympiques autant d’années plus tard.

En 2012, quelques semaines à peine avant le début des Jeux Olympiques de Londres, Sebastian Coe m’a demandé de m’impliquer dans la cérémonie d’ouverture. J’étais l’une des sept médaillés d’or britanniques à avoir transmis la flamme olympique à sept jeunes athlètes sélectionnés – dont l’un par mes soins, qui ont ensuite embrasé la vasque. Ce fut une expérience extraordinaire, j’ai vraiment adoré. Je n’oublierai jamais ce moment.

Quand nous avons tendu nos torches à ces jeunes athlètes, nous étions tous enlacés, et c’était comme si la fierté nous soudait. Quel privilège d’avoir contribué à ce moment ! D’ailleurs, la cérémonie d’ouverture a été d’un bout à l’autre un événement incroyable.

J’ai participé à la cérémonie de clôture à Londres en 2012, et la magie était au rendez-vous. Nous venions de vivre deux semaines extraordinaires et la joie pure des Londoniens qui avaient pris le sport à cœur était fabuleuse à voir. Je dois reconnaître que lors de la cérémonie de clôture de Londres, je n’ai pas pu retenir mes larmes. C’est émouvant lorsqu’on est olympien et c’est assez fabuleux de participer à quelque chose d’aussi exceptionnel.