Les Pays-Bas bien sûr, mais aussi la Norvège, le Canada et la République de Corée en patinage de vitesse masculin
Les épreuves sur l'anneau de glace de Gangneung ont notamment permis à Sven Kramer de devenir le plus médaillé des patineurs de vitesse aux Jeux, avec son 3e titre consécutif sur 5000 m, et le bronze de la poursuite par équipes pour totaliser 9 podiums. Mais ces Jeux à PyeongChang ont aussi été ceux de la Norvège, avec Havard Lorentzen sur 500 m et la poursuite par équipes médaillée d'or, du Canada grâce à Ted-Jan Bloemen sur 10 000 m, et de la République de Corée avec Lee Seung-hoon vainqueur de la première mass-start olympique de l'histoire.
La première épreuves hommes est le 5000 m disputé le 11 février où le champion néerlandais Sven Kramer écrit sa légende en s'imposant sur la distance pour la troisième fois consécutive, ce qu'aucun patineur n'avait fait avant lui. Record Olympique à la clé, il devance largement le Canadien Ted-Jan Bloemen et le Norvégien Sverre Lund Pedersen, départagés au millième de seconde pour l'argent et le bronze !
Vancouver 2010 : 1er, Sven Kramer. Sotchi 2014 : 1er, Sven Kramer. PyeongChang 2018 : 1er, Sven Kramer ! Le champion néerlandais le plus titré aux championnats du monde avec 19 médailles d'or dans les Mondiaux simple distance, et 9 titres dans ceux "toutes distances", réalise un triplé de légende sur sa distance de prédilection, ces 12 tours 1/2 des anneaux de vitesse, où il n'a pas connu la défaite depuis longtemps.
Il est le premier patineur de l'histoire aux Jeux à gagner la même épreuve trois fois de suite. Son huitième podium lui permet de dépasser les vedettes des années 1920 et 1930, le Finlandais Clas Thunberg et le Norvégien Ivar Ballangrud, qui avaient gagné sept médailles aux Jeux d'hiver.
Kramer, 31 ans, boucle son épreuve en 6:09.76, nouveau record olympique. Il a effectué son parcours dans la 10e et avant dernière paire, en compagnie du Japonais Seitaro Ichinohe, mais ce n'est pas contre lui qu'il se bat : il chasse le chrono du Canadien Ted-Jan Bloemen, 6.11:616 établi dans la 9e paire avec le Norvégien Sverre Lund Perdersen, même temps au 100e de seconde, départagés au millième (6:.11.618).
Sven Kramer est en fait pointé en tête à tous les intermédiaires ! A l'écran, cela donne une ligne noire qui avance sur la glace, et devant laquelle le Néerlandais évolue tout le temps pour à l'arrivée, devancer Bloemen en argent et Pedersen en bronze de 1 seconde et 85 centièmes. "C'est génial de battre le record olympique. Tous les quatre ans, je progresse, et c'est beau à voir ! J'ai gagné beaucoup, j'ai beaucoup perdu, et cette victoire est très spéciale pour moi," dit-il.
Doublé néerlandais sur 1500 m avec Kjeld Nuis et Patrick Roest
Le 13 février, jour du 1500 m hommes sur l'anneau de Gangneung, Kjeld Nuis, en 1:44.01, devance son compatriote Patrick Roest de 85/100e. Le patineur de la République de Corée Kim Min-seok prend la médaille de bronze, à 92/100e du vainqueur. Nuis devient le premier champion du monde en titre à remporter dans la foulée la médaille d'or olympique sur cette distance.
C'est Patrick Roest qui établit le temps de référence dans la 4e paire patinée avec le Néo-Zélandais Reyon Kay, le laissant à plus de 3 secondes avec un chrono de 1:44.86. Kjeld Nuis part bien plus tard, dans la paire 14 avec le Japonais Takuro Oda qui termine 5e. Nuis signe une large victoire sur son compatriote. Il faut attendre la 15e paire et le chrono du Coréen Kim Min-seok pour connaitre le podium. Il finit en 1:44.93 pour prendre le bronze.
"Je ne peux vraiment pas décrire ce que je ressens," dit le champion de 28 ans originaire de Leyde (Hollande-méridionale), "C'est carrément étrange. Il faut que je me calme un peu là. Je suis OK, je suis vraiment, vraiment heureux. Après ma course, je me suis dit que c'était bon, mais vous ne pouvez jamais savoir. Ce sont les Jeux Olympiques."
Ted-Jan Bloemen stoppe la série néerlandaise avec l'or sur 10.000 m
Impressionnant ! Avec une belle avance, en 12.39.77, nouveau record olympique, le patineur de vitesse canadien Ted-Jan Bloemen est sacré le 15 février champion olympique du 10.000 m. Il devance de 2 secondes et 21 centièmes le tenant du titre Néerlandais Jorrit Bergsma, mettant donc un terme à la série de victoires des patineurs et patineuses orange dans ces Jeux. A plus de 14 secondes, l'Italien Nicola Tumolero prend la médaille de bronze.
Bloemen patine justement dans la 5e paire en compagnie de Tumolero qu'il laisse donc à 14:55 sur la ligne d'arrivée. Cela n'empêche pas l'italien de s'attribuer la troisième place. Ted-Jan Bloemen, né aux Pays-Bas, et qui a couru pour ce pays jusqu'en 2014 avant de rejoindre le Canada, remporte son premier titre olympique à 31 ans.
Parti dans la 4e paire avec un autre Italien, Davide Ghiotto, qu'il cloue littéralement sur place,
Jorrit Bergsma a signé le temps de référence en 12:41.98, déjà un nouveau record olympique, mais ce chrono ne résiste pas au rush de Bloemen, déjà médaillé d'argent sur 5000 m à PyeongChang, et Bergsma doit se contenter de la deuxième place.
Avec les 25 tours avalés en 12.39.77, Bloemen explose au final la marque justement établie en 2014 à Sotchi par Bergsma, en 12.44;45. Le Canadien, qui est déjà le détenteur du record du monde (12:36.30) rabote le record olympique de 5 secondes,
"Ça va me prendre du temps pour réaliser ! C'est difficile de dire ce qui me passe par la tête. C'est beaucoup d'émotions. C'est la plus grande scène sur laquelle je n'ai jamais été, et gagner ici est la plus grosse chose que vous pouvez obtenir," dit le nouveau champion olympique. De son côté, Sven Kramer, pour sa 4e tentative olympique sur la distance, connait une déception en se classant 6e à plus de 21 secondes du vainqueur canadien.
La Norvège 70 ans après sur 500 m avec Havard Lorentzen
Cela faisait exactement 70 ans que la Norvège n’avait pas gagné la médaille d’or du 500 m en patinage de vitesse. Ça change le 19 février par Havard Lorentzen, 25 ans, qui s'impose en établissant un nouveau record olympique en 34.41. Cha Min Kyu de la République de Corée termine deuxième à un centième seulement alors que le Chinois Gao Tingyu s’empare du bronze en 34.65.
Sur 500 mètres, la plus courte des distances, on avait l’habitude de voir briller les Asiatiques ou même les inévitables Néerlandais qui étaient trois sur le podium sur cette distance à Sotchi en 2014. Mais cette fois-ci, c’est un Norvégien, leader de la Coupe du Monde qui a réussi à mettre tout le monde d’accord. « C’est la meilleure course que je n’ai jamais faites," explique Havard Lorentzen. "Je m’étais blessé gravement sur la glace il y a deux ans à l’entraînement et je m’étais coupé la moitié du mollet. Mais depuis, je me suis vraiment bien entraîné. Je suis revenu plus fort que jamais."
Spécialistes des longues distances, les Norvégiens ne s’étaient pas imposés sur cette distance depuis Finn Helgesen aux Jeux de Saint Moritz en 1948. Et surtout, ils n’avaient pas obtenu l’or olympique depuis les Jeux de Nagano en 1998 avec Adne Sondral sur 1500 m.
Parti comme un boulet de canon, ce grand gaillard d’1,87 m et 86 kg, fait preuve d’une étonnante vélocité pour dominer le Néerlandais Ronald Mulder, parti avec lui (16e paire) sur le magnifique Oval de Gangneung, plein comme un œuf. Il ne faiblit pas dans la dernière ligne droite et parvient à améliorer le record olympique de l’Américain Casey Fitzrandolph d’un petit centième, un record établi lors des Jeux de Salt Lake City en 2002.
Dans une salle chauffée à blanc, Cha Min Kyu a signé juste avant une performance magistrale en 34.42 égalant à cet instant le record olympique. « Même si j’ai fait une faute à 100m de l’arrivée, je pense avoir fait une belle course, » estime-t-il "C’est vrai que la foule m’a donné beaucoup d’énergie." La troisième place revient au tout jeune Chinois Gao Tingyu, 20 ans, qui ne comptait jusque-là qu’un seul podium en Coupe du Monde. Avide de décrocher la médaille d’or sur cette distance en 2022 à Beijing, il semble déjà sur une très bonne voie. La déception vient des Néerlandais qui avaient réussi le triplé à Sotchi sur cette distance. Le meilleur d’entre eux, Ronald Mulder prend la 7eme place à 42/100e du vainqueur. Les Orange avaient placé un représentant dans les trois précédentes courses masculines de ces Jeux de PyeongChang.
Le trio norvégien de la poursuite triomphe dans l'adversité
Il aura fallu retenir son souffle en finale de la poursuite par équipes ! Devant un public chauffé à blanc le 21 février, l’équipe de la République de Corée fait jeu égal avec celle de Norvège avant de céder en toute fin de course. Les deux formations se tiennent vraiment tout au long des 3200 mètres (8 tours) dans un mano a mano haletant.
Mais les Norvégiens réussissent à faire parler leur puissance supérieure pour accélérer dans les deux derniers tours. A l’arrivée, l’écart est infime mais l'équipe scandinave s’impose en 3.37.32 avec 1.20 d’avance sur ses adversaires. Elle n’améliore pas le record olympique qu’elle avait établi quelques minutes plus tôt lors de sa demi-finale victorieuse face aux Pays-Bas (3.37.04).
L’équipe norvégienne, composée de Havard Bokko, Simen Spieler Nilsen et Sverre Lunde Pedersen offre une toute première médaille olympique masculine à son pays dans cette épreuve qui a fait son apparition au programme des Jeux en 2006 à Turin. A noter que la République de Corée alignait Chung Jae-won, Kim Min-seok et Lee Seung-hoon et elle obtient une quatrième médaille sur la longue piste de l’anneau de Gangneung.
"C'est extraordinaire. C'est un vrai effort d'équipe et depuis beaucoup, beaucoup d'années. Cela a fini par payer aujourd'hui où nous avons patiné la meilleure poursuite de notre vie," dit Havard Bokko. "Depuis le premier mai (2017), nous nous sommes entraînés ensemble tous les jours. Nous nous étions concentrés sur la poursuite mais aussi sur les courses individuelles, mais c'est dans la poursuite que nous avions avoir des chances de médaille, et même en or. C'est bien cela que nous espérions."
Aucun suspense dans la petite finale où une très forte équipe néerlandaise composée de Jan Blockhuijsen, Sven Kramer et Patrick Roest écrase les All Blacks néo-zélandais en finissant avec plus de cinq secondes d’avance. Les patineurs Orange se consoleront en constatant que leur chrono de 3.38.40 est meilleur que celui de la République de Corée lors de la finale A.
Les Néerlandais obtiennent ainsi leur treizième médaille lors des compétitions de patinage de vitesse à PyeongChang 2018. Sven Kramer qui atteint le total de neuf médailles olympiques depuis les Jeux de Turin 2006, est le plus décoré de tous les patineurs de vitesse dans l'histoire des Jeux.
Kjeld Nuis remporte un deuxième titre sur 1000 m
Kjeld Nuis est double champion olympique à PyeongChang 2018. Après avoir gagné le 1500 m le 13 février, il s'impose dix jours plus tard sur 1000 m en battant de 4/100e le médaillé d'or norvégien du 500 m Havard Lorentzen. Le patineur de la République de Corée Kim Tae-yun prend la médaille de bronze à 27/100e.
Kjeld Nuis patine dans la 18e et dernière paire, en compagnie du Finlandais Mika Poutala, qu'il laisse à 1:63 sur la ligne d'arrivé. En 1:07.95, il améliore de 4/100e le chrono que vient de signer le champion olympique du 500 m Havard Lorentzen dans la 16e paire (1:07.99). Plus tôt, Kim Tae-yun a réalisé 1:08.22, une performance qui lui a assuré de figurer sur la troisième marche du podium.
Après un faux-départ, Nuis, qui ferme donc la marche, est en avance sur Lorentzen de 3/100e à l'amorce du deuxième tour, puis à égalité parfaite avec lui avant d'aborder le dernier virage. Il le négocie parfaitement, accélère encore, et peut lever les bras en signe de triomphe une fois passée la ligne d'arrivée.
Kjeld Nuis s'était doublement annoncé à PyeongChang 2018 : il avait gagné le 1000 m et le 1500 m disputés dans la même arène de Gangneung lors des championnats du monde ISU simple distance 2017 ! "La médaille d'or du 1500 m était une victoire, et celle-ci, c'est un soulagement. Je voulais absolument gagner cette course," dit-il. "Quand j'ai vu le temps de Lorentzen, j'ai pensé, "OK, c'est OK !" Je pensais que je pouvais faire mieux. Après le faux-départ, je me suis dit "oh non, dernière paire, faux-départ, ça n'est pas bon ça !" J'ai alors senti la nervosité envahir tout mon corps, mais maintenant, ça n'a plus aucune importance."
Lee Seung-hoon met l'arène de Gangneung en fusion avec l'or de la mass-start
En maitrisant le dernier tour et le sprint final face à ses derniers rivaux, le Belge Bart Swings et le Néerlandais Koen Verweij, le patineur de la République de Corée Lee Seung-hoon assume magnifiquement son statut de grand favori de cette épreuve inaugurale sur la scène olympique. Il s'imposé sous les clameurs d'un public ravi et conquis en clôture des épreuves de patinage de vitesse à Gangneung le 24 février.
La tactique et le travail d'équipe jouent leur rôle dans la mass-start de patinage de vitesse. Ainsi Chung Jae-won prépare le triomphe de son illustre coéquipier Lee, le patineur qui compte le plus de victoires dans la discipline en Coupe du monde (8), le champion du monde 2016, et le vainqueur de trois des quatre dernières courses disputées avant les Jeux de PyeongChang 2018.
Après que Chung ait dicté le tempo, puis que le quadruple champion olympique néerlandais Sven Kramer se soit échappé à deux tours de l'arrivée (mais lui aussi pour préparer le sprint de Koen Verweij), l'accélération décisive a lieu à 700 m de la ligne d'arrivée. Lee, Swings et Verweij se détachent pour se disputer la victoire, et le patineur coréen s'impose magistralement prendre les 60 points synonymes de médaille d'or, mettant l'arène de Gangneung en fusion. Avec l'argent, Bart Swings remporte la seule médaille de la Belgique à PyeongChang 2018. Koen Verweij lui, y porte à seize le nombre de médailles néerlandaises hommes et dames en patinage de vitesse.
Le palmarès de Lee Seung-hoon prend de l'épaisseur. Il avait gagné le 10.000 m à Vancouver en 2010 et pris la médaille d'argent du 5000 m. A PyeongChang, il a aussi disputé la finale de la poursuite par équipes avec Chung Jae-won et Kim Min-seok pour prendre la médaille d'argent derrière la Norvège. C'est donc sa cinquième médaille olympique et son deuxième titre. Il devient un des trois athlètes les plus décorés de son pays aux Jeux d'hiver.
"Comme c'est la première mass-start olympique, je me sens très heureux de réussir ça devant mon public, et je me sens honoré de recevoir tant d'éloges avec cette médaille," dit le premier champion olympique de la discipline. "C'est comme un rêve de gagner l'or dans cette épreuve, je ne peux pas décrire ça avec des mots. Je pense que ma famille ressent la même chose, ils ont même dû être beaucoup plus nerveux que moi !"