Les athlètes des JOJ reviennent sur les défis que 2020 leur a lancés

Tout au long de l'année 2020, les athlètes du monde entier ont dû surmonter d'importants défis en raison de la pandémie de COVID-19, comme le report ou l'annulation de tournois, ainsi que l'impact des mesures de confinement sur leurs entraînements. Dans cet article, d'anciens athlètes des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) révèlent comment ils se sont adaptés face à cette situation sans précédent.

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Les athlètes des JOJ reviennent sur les défis que 2020 leur a lancés
(Getty Images)

Pandelela Rinong

(MAS, plongeon)

"La pandémie a marqué la plus longue pause de ma carrière de plongeuse. Je pense que cela a aussi été une bénédiction pour moi, parce que les années d'entraînement et de compétition ininterrompues ont fatigué mon corps. J'ai toujours eu ces blessures intermittentes que je n'ai jamais eu le temps de guérir à 100 %, car je ne pouvais pas me reposer. Mais avec la pandémie, nous avons été forcés de rester chez nous et je ne pouvais pas plonger. Donc, je pense que ça a été l'occasion parfaite pour moi de me remettre de mes blessures et de prendre une pause bien méritée."

Camille Prigent

(FRA, canoë-kayak)

"C'était difficile, je n'avais jamais eu une aussi longue pause depuis que j'ai commencé le kayak, c'est-à-dire à l'âge de 12 ans. Mais je me suis dit : "Nous sommes des athlètes et il y a des problèmes plus importants en ce moment. Nous sommes en pleine pandémie et il y a de nombreuses questions bien plus urgentes à régler." Donc, j'ai compris pourquoi nous n'avions pas le droit de concourir. Ça fait quand même vraiment du bien de pouvoir s'y remettre. Cette sensation m'avait manqué. J'ai essayé de regarder beaucoup de vidéos pour ne pas oublier comment m'y prendre !"

Dylan McCullough

(NZL, triathlon)

"J'étais vraiment impatient de participer aux Championnats du monde cette année, car c'était ma dernière dans le circuit junior, mais malheureusement l'événement a été annulé en raison de la COVID-19. Je n'ai fait qu'une seule course cette année, en février aux Championnats d'Océanie à Devonport (Australie), que j'ai gagnée. Et puis en milieu d'année, ça a commencé à être vraiment très, très compliqué de trouver la motivation pour m'entraîner. Cette année a donc été un peu rude, mais espérons que 2021 soit plus clémente."

Keely Small

(AUS, athlétisme)

"Avec cette période d'incertitude et le report des Jeux Olympiques, il est difficile de savoir quoi faire, surtout lorsque l'on s'est autant donné pour participer aux Jeux. Personnellement, j'y travaille depuis les Jeux Olympiques de la Jeunesse, ma dernière grande compétition, car je n'ai pas pu participer aux Championnats du monde à cause d'une blessure. Donc mon objectif a tout de suite été Tokyo 2020. Les JOJ m'ont vraiment donné envie de plonger un peu plus dans l'expérience olympique. C'était difficile à entendre, mais en prenant du recul, on se rend bien compte qu'il ne pouvait en être autrement. Je pense que même dans une période incertaine comme celle-ci, durant laquelle on ne sait pas vraiment ce qu'il se passe, cela nous offre un objectif, quelque chose que l'on attend avec impatience. Je pense qu'une fois que nous serons tous sortis de là, nous nous dirons : "OK, maintenant nous pouvons organiser les Jeux Olympiques comme il se doit." Pour l'instant, ce report m'a surtout apporté un but et une attente, dans les moments où j'ai du mal à trouver la motivation de m'entraîner."

Manu Bhaker

(IND, tir)

"C'était un peu décevant [l'annonce du report des Jeux Olympiques de Tokyo 2020], mais les questions de santé sont plus importantes que le sport. J'ai apprécié le confinement et être en mesure de m'entraîner à domicile. J'essaie de voir le bon côté de cette situation, comme le fait que j'ai eu plus de temps libre pour peindre et passer de bons moments avec mes parents. Mais il n'est bien sûr jamais bon de manquer des compétitions."

Hugo Calderano

(BRA, tennis de table)

"Au début, j'étais frustré [lorsque les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 ont été reportés], mais je savais qu'il n'y avait pas d'autre option, compte tenu de tout ce qu'il se passe dans le monde. J'ai réussi à rester positif et motivé pour m'entraîner. Pendant plusieurs semaines, nous n'avons pas eu le droit de nous rendre à la salle, donc j'ai dû adapter mon entraînement pour le transposer chez moi. J'ai mis une table de ping-pong dans mon appartement et je me suis procuré du matériel de musculation. Il était impossible de continuer les mêmes entraînements auxquels je suis habitué, mais j'en ai profité pour travailler des choses sur lesquelles je n'ai normalement pas le temps de me concentrer. Je vis dans une toute petite ville, donc mon quotidien se résume à m'entraîner, manger et dormir. Je dois avouer que cette routine n'a pas beaucoup changé, même depuis que nous avons à nouveau accès à la salle d'entraînement, Pour moi, le plus difficile a été de rester positif et de garder espoir en suivant les actualités internationales, et plus particulièrement ce qui se passe au Brésil."

Charity Williams

(CAN, rugby à sept)

"C'était clairement un grand choc [l'annonce du report des Jeux Olympiques de Tokyo 2020]. J'ai eu l'impression que ma vie était mise en pause. On travaille avec acharnement pendant quatre ans et soudainement, tout s'arrête. C'était presque irréel, comme si c'était impossible que cela soit vrai, car ce genre de choses n'arrive jamais. Il m'a donc fallu un peu de temps pour accepter cette décision et vraiment comprendre ce qui était en train de se passer. On ne peut pas être égoïste dans ce genre de situation. Nous passons notre vie entière à nous entraîner pour les Jeux, mais des personnes souffrent partout dans le monde, et nous n'avons pas le droit de nous considérer plus importants qu'autrui. Je pense que c'est ce qui m'a permis d'accepter plus facilement la situation, savoir que je dois rester chez moi pour aider ceux qui traversent actuellement des moments très difficiles."

Daria Gavrilova

(AUS, tennis)

"Cela fait maintenant presque un an que je ne participe plus aux compétitions à cause d'une blessure. J'étais en convalescence chez moi et je devais jouer mon premier tournoi depuis ma blessure la semaine où tout a été annulé à cause de la pandémie. C'était un peu frustrant, mais nous étions encore assez hésitants vis-à-vis de ma blessure. Nous étions encore en train de discuter de ma participation à ce tournoi, de nous demander si c'était une bonne idée, quand finalement la décision a été prise pour nous. Je n'allais jouer aucun match. Nous n'avions pas le droit de nous entraîner pendant le premier confinement. Je devais faire tous mes entraînements chez moi. J'ai eu la chance de pouvoir me procurer du matériel de sport grâce à la fédération. J'utilise également un programme de cyclisme virtuel et je me sens plutôt en forme. Mais se remettre dans le bain des compétitions est toujours assez différent, car rien n'est comparable à la forme que l'on doit avoir pour un match. Vivre un deuxième confinement a été un peu difficile, mais nous avons énormément de chance en tant qu'athlètes, car nous pouvons continuer à nous entraîner. Je ne prends plus rien pour acquis et j'ai une perspective différente de la vie à présent. Même si toute cette période a été rude, j'en retire des choses positives, comme le fait d'avoir pu passer plus de temps avec ma famille. Tous les joueurs et joueuses de tennis se plaignent de ne jamais être à la maison. Je pense qu'on y a maintenant passé bien assez de temps."

Twan van Gendt

(NED, cyclisme)

“C'était frustrant [quand les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 ont été reportés], mais d'un autre côté, c'était aussi un soulagement parce que je me suis blessé assez sérieusement en janvier. Je me suis luxé le scaphoïde et déchiré plusieurs ligaments de la main. Cela allait prendre au moins six mois à guérir, soit presque toute la période précédant les Jeux de Tokyo. Mais je bénéficie maintenant d'un an de plus et je vais essayer d'en profiter un maximum. Je prends ça comme une chance pour nous tous de nous améliorer et devenir encore meilleurs."

Aditi Ashok

(IND, golf)

"Je crois que je ne suis jamais restée aussi longtemps à la maison depuis mes 11 ou 12 ans. C'est clairement difficile, surtout de ne pas pouvoir s'entraîner sur le terrain de golf. Il est impossible de reproduire cette expérience chez soi. J'ai construit une espèce d'installation avec plusieurs tapis pour la balle, que j'envoie dans un tas de rideaux. Ça fonctionne, même si la balle ne s'envole pas vraiment. Mais en dehors de ça, je n'ai pas pu faire grand-chose depuis chez moi. Par contre, j'ai beaucoup lu, plus que d'habitude. C'est généralement assez difficile d'emporter des livres avec moi en voyage, donc je ne lis pas souvent, c'est pourquoi j'ai profité du confinement pour lire. J'ai aussi appris à cuisiner plus de plats indiens. Je ne suis pas très douée, mais je m'en sors mieux qu'avant le confinement ! J'ai également commencé à apprendre à écrire de la main gauche, juste parce que j'ai lu que c'était un bon exercice pour le cerveau. C'est une bonne façon de passer le temps."

Noah Lyles

(USA, athlétisme)

"C'est clairement une période étrange et différente. J'ai demandé à tous mes coéquipiers si c'était la saison la plus tumultueuse qu'ils aient jamais vécue et la plupart m'ont répondu oui. Je me suis beaucoup concentré sur ma santé, parce que je suis une personne à risque en raison de mes allergies et de mon asthme qui affaiblissent mon système immunitaire. J'ai donc prêté plus d'attention à mon alimentation et à ma santé en général. Je fais tous les bons gestes, je me lave constamment les mains. Rien qu'en se lavant les mains, on élimine facilement et rapidement une tonne de microbes. Mais tout ceci fait un peu peur, notamment parce que j'ai attrapé la grippe porcine à l'époque, donc je sais que mon corps est susceptible de contracter le virus. Je suis peut-être plus à risque que d'autres, c'est pourquoi je dois en faire plus."

Tímea Babos

(HUN, tennis)

"Je n'ai pas touché à une raquette de tennis pendant environ les cinq premières semaines [du confinement]. En tant qu'athlète professionnelle, le sport est, et a toujours été, une part importante de ce que je suis, donc je m'entraîne un peu tous les jours. Je ne fais rien de trop poussé. Je ne vais pas mentir, il a été difficile de trouver la motivation sans savoir pour quel tournoi je m'entraînais. Mais j'en ai profité pour passer du temps avec mes proches. J'ai enfin pu fêter mon anniversaire chez moi, pour la première fois depuis plus de dix ans. J'ai prévu des vacances au lac Balaton, j'ai commencé à suivre des cours en ligne d'architecte d'intérieur et j'ai bien sûr essayé de perfectionner mon français. Dans l'ensemble, c'était assez relaxant et agréable, mais évidemment la compétition m'a manqué."