Les archers turcs déterminés à entrer dans l'histoire à aux Jeux de Tokyo 2020

Si la Turquie n'a encore jamais remporté de médaille en tir à l'arc aux Jeux Olympiques, Yasemin Anagoz et Mete Gazoz sont bien décidés à remédier à cette situation à l'occasion des Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo.

Les archers turcs déterminés à entrer dans l'histoire à aux Jeux de Tokyo 2020
(2019 Getty Images)

À tout juste 20 ans, les deux archers se sont déjà hissés parmi les meilleurs de leur discipline et ont tous les deux été nommés 'Athlète de l'année 2018' en tir à l'arc par leurs pairs.

Bien qu'ils ne soient pas encore qualifiés pour les Jeux de Tokyo, ils ne visent rien de moins que le podium, de préférence la plus haute marche, un titre qui leur permettrait d'inscrire leur nom et celui de la Turquie dans l'histoire.

"Je ne compte pas décevoir l'espoir de nos compatriotes", assure Yasemin Anagoz.

Et Mete Gazoz de renchérir : "Je vise une double médaille d'or olympique et je prévois de continuer sur cette lancée jusqu'en 2036."

Le secret de leur ascension ? Du temps et de l'argent, mais aussi une bonne dose de talent et de détermination, sans oublier un travail acharné, avec pas moins de dix heures d'entraînement par jour.

Le tir à l'arc fait partie intégrante de leur quotidien, puisqu'ils cohabitent avec 12 autres archers et entraîneurs dans un hôtel d'Antalya.

Un mode de vie éprouvant, qui ne fait qu'alimenter leur motivation dans cette poursuite de la gloire olympique.

Les Jeux Olympiques de Tokyo seront les deuxièmes auxquels ils participeront. Lors de leurs débuts à Rio en 2016, ils sont tous les deux arrivés en 32es de finale des épreuves individuelles d'arc classique dans leur catégorie respective.

Tokyo inaugurera pour la première fois les épreuves par équipes mixtes, une catégorie dont le duo est sorti vainqueur lors de trois Championnats du monde l'année dernière seulement.

En juin dernier, leur discours à l'occasion des Jeux européens de Minsk, en Biélorussie, a laissé entrevoir leurs différentes personnalités. Pratiquant le tir à l'arc depuis l'âge de trois ans, Mete Gazoz est un amateur de jeux vidéo d'un naturel plutôt tranquille, mais qui aime être entouré. D'un caractère plutôt solitaire, Yasemin Anagoz semble quant à elle plus réfléchie et perspicace.

"Nous n'avons rien en commun, nos personnalités sont totalement différentes", reconnaît Yasemin Anagoz en souriant. "Nous sommes comme des frères et sœurs qui se chamaillent de temps en temps."

Née à Izmir en octobre 1998, Yasemin Anagoz est l'aînée de la famille. Son frère, Nuri, est né dix ans plus tard.

En tant qu'aînée, elle a grandi couverte d'affection dans une famille fermement partisane des sports féminins, laquelle l'a encouragée à donner sans cesse le meilleur d'elle-même. Fidèle à cet esprit, sa famille l'a exhortée par la suite à gérer seule son argent et sa carrière, ainsi qu'à gagner le respect de ses pairs par ses propres moyens.

Sa mère, Songul, a surmonté beaucoup d'épreuves, puisqu'elle dû faire face au décès de ses parents alors qu'elle était enfant, puis à la mort de ses frères. Servant à la fois d'exemple et d'influence, elle apprend à sa fille à prendre du recul et à voir la solution et non le problème.

"Après toutes les épreuves qu'elle a traversées, ma mère n'a jamais baissé les bras et a continué à vivre sa vie", confie Yasemin Anagoz. "Elle n'a jamais eu besoin de l'aide de personne et a toujours tout fait par elle-même.

Je n'avais jamais imaginé devenir une femme forte et tenace. Si j'y suis parvenue, c'est grâce à elle."

À neuf ans, Yasemin Anagoz a un véritable coup de foudre pour le tir à l'arc. Trois mois plus tard, elle se lance dans la compétition. Dès le début, son objectif a été d'intégrer l'équipe nationale et de remporter des médailles pour la Turquie.

Elle participe aux Championnats du monde juniors, avant de parvenir en quarts de finale aux Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2014 à Nanjing. En 2015, elle décroche la médaille d'argent aux épreuves par équipes des Championnats du monde de la jeunesse, mais ce n'est que l'année suivante qu'elle marque les esprits, à l'occasion de ses débuts aux Jeux Olympiques de Rio.

"C'était un moment tout simplement incroyable. Je donnerais tout pour le revivre", déclare-t-elle. "Dès que j'ai un coup de blues, je repense à ce moment. À l'époque, j'avais tout juste 17 ans. Aujourd'hui encore, je suis très heureuse quand je le revois. Je ne sais même pas comment j'ai pu garder une posture aussi impeccable sur la ligne, ni comment j'ai réussi à atteindre le cercle du 10. Moi-même, je n'arrive pas à y croire. Ce fut un véritable tournant dans ma vie."

Lors des Championnats du monde de la jeunesse à Rosario en 2017, elle s'associe à Mete Gazoz dans l'équipe mixte, avec qui elle remporte le bronze, puis continue son ascension en poursuivant sa réussite au niveau senior en 2018.

Yasemin Anagoz a été couronnée championne d'Europe à Legnica en Pologne, après avoir battu l'ancienne championne du monde danoise, Maja Jager, et avoir mené l'équipe féminine vers la victoire. Elle produit ensuite une performance impeccable lors de la finale de la Coupe du monde Samsun en battant la championne olympique Chang Hye-jin, pour finalement s'offrir la médaille d'argent.

Si Yasemin Anagoz vise le podium aux prochains Jeux Olympiques, il ne lui reste toutefois que deux occasions pour décrocher son ticket pour les Jeux, à Antalya et à Berlin en mai et juin 2020.

"Tôt ou tard, j'y arriverai", promet-elle. "J'ai confiance en moi. Je mérite cette victoire et je l'obtiendrai. Quand je ferme les yeux, je ne vois pas les Jeux de Tokyo, mais la médaille. Ne vous inquiétez pas, je décrocherai cette qualification."

Fort de son expérience, Mete Gazoz partage le même état d'esprit.

Le cadet des deux athlètes a grandi à Istanbul dans une famille d'archers. Son père, Metin Gazoz, était entraîneur de l'équipe nationale junior, tandis que sa mère, Meral, est présidente d'un club. Sa sœur, Melisa, pratique également le tir à l'arc.

À l'âge de trois ans, il reçoit son premier arc, taillé par son père, et à huit ans, il prend déjà part à des compétitions. Pour Mete Gazoz, le destin était tout tracé. "Il n'y a pas un seul jour où je regrette mon choix", déclare-t-il par l'intermédiaire de Yasemin Anagoz. "J'ai grandi dans cet univers et toute ma vie tourne autour du tir à l'arc, donc l'idée que je pourrais ne pas aimer ce sport ou ne pas atteindre mes objectifs ne m'a jamais effleuré l'esprit."

Après des débuts dans l'équipe nationale junior en Roumanie à 14 ans, Mete Gazoz se classe à la quatrième place des Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2014 à Nanjing. Très vite, il atteint le haut du classement de l'équipe junior, et s'envole pour Rio deux mois après son 17e anniversaire. Sa performance au premier tour a particulièrement marqué les esprits. Mené 4-0, il force un tie-break pour finalement remporter l'épreuve.

Son plus beau souvenir n'est pourtant pas Rio, mais le moment où il s'est qualifié pour les Jeux Olympiques en décrochant l'argent aux Championnats d'Europe de Nottingham en Angleterre.

"C'est le moment dont je me souviendrai à jamais, mon plus grand exploit", déclare-t-il. "Le sentiment qui m'a envahi lorsque j'ai décroché ma place était encore plus grisant que de participer à la compétition."

En 2018, il triomphe en remportant l'or dans les épreuves individuelles et par équipes, ainsi que dans les équipes mixtes aux côtés de Yasemin Anagoz lors des Championnats d'Europe de la jeunesse à Patras en Grèce.

Il s'offre aussi l'argent lors des épreuves junior masculines d'arc classique aux Championnats du monde de tir à l'arc en salle à Yangton dans le Dakota du Sud. Et les victoires se poursuivent dans le circuit senior avec sa première Coupe du monde de tir à l'arc à Berlin.

En avril 2019, Mete Gazoz atteint le plus haut score réalisé en compétition internationale hors Jeux Olympiques, en obtenant 698 points sur un total possible de 720 pour l’épreuve de classement des 72 flèches à 70 mètres à l’occasion du Grand Prix européen à Bucarest.

Il gagne également toute une série de médailles lors de la Coupe du monde en obtenant une double médaille d'or à Berlin en juillet, quelques jours après la fin des Jeux européens.

Un monde de possibilités s'ouvre pour le tir à l'arc turc, ce que Mete Gazoz attribue à la motivation et à la détermination.

"Le secret, c'est de travailler d'arrache-pied. Contrairement à nos prédécesseurs, nous y croyons dur comme fer. Nous ne cherchons pas seulement à nous qualifier, mais à être les meilleurs. Nous visons toujours l'or, voire mieux. C'est ainsi que nous surpassons la concurrence."

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