Le triple olympien Gary Hall Senior dans l'ombre de son colocataire

Gary Hall Sr a remporté des médailles lors de trois éditions des Jeux Olympiques et détient de nombreux records du monde, mais un jour de la fin août 1972, c'est son ami, son coéquipier et concurrent, Mark Spitz, qui a mis le feu au monde du sport, comme l'explique Gary Hall Sr...

Le triple olympien Gary Hall Senior dans l'ombre de son colocataire
(Munich 1972 - IOC)

En tant qu'athlète d'élite, vous travaillez d'arrache-pied pour être le meilleur. Le meilleur de votre école, de votre ville, de votre État, de votre pays. Et pour ceux qui sont vraiment exceptionnels, le meilleur de votre continent ou même du monde.

Le spécialiste du papillon Gary Hall Sr a été le détenteur de records du monde dans cinq épreuves, a participé à trois éditions des Jeux Olympiques et a remporté des médailles dans chacune d'entre elles. Mais pendant un certain temps, il n'a pourtant pas été le meilleur nageur dans son propre appartement.

"Mark Spitz et moi avons partagé une chambre à l'Université dans l'Indiana, puis aux Jeux Olympiques de Munich", explique Gary Hall Sr, qui se souvient d'avoir vécu avec l'un des plus grands athlètes olympiques de tous les temps.    

"Ce n'était pas à Mexico [en 1968], mais à Munich où il a remporté ses sept médailles d'or que j'étais son compagnon de chambrée."   

Lors des Jeux de Munich 1972, Mark Spitz a en effet remporté sept médailles d'or dans les bassins, une première à l'époque, toutes avec un record du monde à la clé. Sa performance a tenu pendant 36 ans jusqu'à ce que son compatriote Michael Phelps remporte huit médailles d'or aux Jeux de Beijing 2008.    

La première finale de la course au sept médailles de Mark Spitz a eu lieu le 28 août dans le 200 m papillon. Quatre ans plus tôt à Mexico, le nageur américain avait terminé la finale sur la même distance, mais à la dernière place.

Ce jour-là à Munich, Gary Hall Sr et Mark Spitz n'ont pas seulement pris leur petit-déjeuner ensemble, ils se sont également retrouvés l'un à côté de l'autre sur les plots de départ.

Mark Spitz était dans le quatrième couloir. Sur le plot de départ, à côté de lui, dans le troisième couloir, se trouvait Gary Hall Sr. Comme son coéquipier de natation du club Indiana Hoosiers, Gary Hall Sr participait à ses deuxièmes Jeux, après avoir remporté une médaille d'argent dans le 400 m quatre nages individuel à Mexico.  

Plus de deux minutes plus tard, Mark Spitz célébrait sa première grande performance mondiale et la première médaille d'or de son parcours historique, avec 13 secondes d'avance sur le temps qu'il avait fait quatre ans plus tôt. Gary Hall Sr a pour sa part doublé son compatriote Robin Backhaus sur les 25 derniers mètres pour terminer deuxième.  

Gary Hall Sr – dont le fils Gary Hall Jr a également remporté des médailles en natation lors de trois édition des Jeux Olympiques, ce qui fait d'eux les seuls père et fils à avoir réussi cet exploit – a ensuite décroché une médaille de bronze aux Jeux de Montréal 1976 avant de quitter les bassins pour se lancer dans une carrière de chirurgien ophtalmologue. 

(Montreal 1976 - IOC)

Il dirige aujourd'hui les camps d'entraînement des nageurs du Race Club de Floride aux côtés de Gary Hall Jr. Ayant été le témoin privilégié des remarquables performances de Mark Spitz, Gary Hall Sr fait sans l'ombre d'un doute partie des rares personnes les mieux placées pour reconnaître les qualités d'un grand champion.

Le nageur de 69 ans estime qu'aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 reportés à 2021, l'étoile montante actuelle de la natation américaine Caeleb Dressel pourrait surpasser les exploits de Mark Spitz et de son successeur Michael Phelps en remportant neuf médailles d'or dans une même édition des Jeux.  

"C'est une période intéressante pour la natation", a déclaré Gary Hall Sr. "Aux États-Unis, il y a beaucoup de jeunes nageurs talentueux qui arrivent sur le devant la scène. Ce devrait être le 'Caeleb Dressel show' à Tokyo, et j'espère que ce sera le cas. C'est un garçon formidable et il a un talent fou."  

(Munich 1972 - IOC)

"Parce que des épreuves supplémentaires ont été ajoutées [le 800 m nage libre pour les hommes, le relais mixte 4 x 100 m quatre nages et le 1 500 m nage libre pour les femmes], Caeleb Dressel pourrait potentiellement battre le record de médailles d'or de Michael Phelps. Cela n'arriverait pas sans l'ajout de relais supplémentaires, mais c'est une chance."

Le report des Jeux de Tokyo 2020 a rappelé à Gary Hall Sr des souvenirs de l'époque où la politique, plutôt qu'une crise sanitaire mondiale, menaçait les Jeux.

Il est convaincu que le report inévitable de cette année profitera probablement à certaines des étoiles montantes du monde entier.   

(Mexico 1968 - IOC)

"J'ai participé à trois éditions des Jeux Olympiques de 16 à 25 ans – en 1968, 1972 et 1976 – avant de mettre fin à ma carrière", confie-t-il. 

"Ayant vécu le boycott [des Jeux Olympiques de Moscou] en 1980, ce fut une véritable catastrophe pour certains athlètes. Certains d'entre eux ne s'en sont jamais remis : une occasion ou une chance de gagner une médaille leur a été enlevée.Mais là, c'est différent. Tout le monde l'a bien pris et comprend les raisons de cette décision. Les athlètes d'élite à qui j'ai parlé approuvent ce report des Jeux. Un an, c'est long, mais quatre ans, c'est une éternité pour un athlète. Un an, ils peuvent le gérer. Certains athlètes plus âgés s'accrochent et de nombreux jeunes nageurs très talentueux émergent. Pour eux, cette année supplémentaire est probablement une bonne chose." 

La pandémie de COVID-19 qui a entraîné le report des Jeux Olympiques de Tokyo a obligé les personnes et les organisations à repenser la façon dont elles interagissent. 

(Getty Images)

Dans le cadre du partenariat du CIO avec Airbnb, les olympiens et paralympiens proposent des expériences en ligne pour gagner un revenu supplémentaire en partageant leur passion et leur vécu avec le public partout dans le monde.   

L'un de ces athlètes est le fils de Gary Hall, Gary Hall Jr, lequel a remporté dix médailles olympiques – dont cinq en or – et concourt malgré un diabète de type 1.  

"Gary Jr est particulièrement apte à servir de modèle aux enfants diabétiques dans n'importe quel sport, et pas seulement en natation", précise son père. "ll joue très bien ce rôle et prouve que l'on peut vivre avec le diabète et faire ce que l'on veut."  

(Munich 1972 - IOC)

Gary Hall Jr, comme son père avant lui, a réalisé ses rêves sportifs dans les bassins. Son père a peut-être terminé derrière le légendaire Mark Spitz en 1972 – comme presque tout le monde – mais il n'a jamais perdu son amour pour la natation.

"Je n'ai jamais arrêté le sport", confie Gary Hall Sr. "Pendant mes études de médecine, je courais surtout, puis j'ai commencé à faire du triathlon. Ensuite, on a construit une piscine en Arizona et j'ai commencé à diriger le programme de natation."

"J'ai débuté comme entraîneur en 2005 après avoir pris ma retraite, et je continue à le faire depuis."

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