Le jour où Simon Ammann est devenu le plus titré des spécialistes du saut à ski aux Jeux
Le spécialiste du saut à ski suisse est le seul à avoir réalisé deux doublés aux Jeux d'hiver, à huit années d'écart. Il obtient son quatrième titre le 20 février 2010 à Vancouver, sur le grand tremplin de Whistler en repoussant très loin la concurrence, et inscrit son nom en lettres d'or dans le grand livre de l'histoire olympique.
Dire que Simon Ammann a connu des trous d'air après sa fabuleuse double victoire à Salt Lake City 2002 est un euphémisme ! En effet, il lui faudra attendre après les Jeux de Turin 2006 pour retrouver les sommets. Surnommé 'Harry Potter' quand il a gagné à 20 ans sur les tremplins de Park City l'épreuve K90 à la barbe des favoris, l'Allemand Sven Hannavald et le Polonais Adam Malysz, avec deux énormes bonds le 9 février 2002, avant de remettre ça sur le tremplin K120 quatre jours plus tard, devant les mêmes adversaires en étant le seul à dépasser deux fois les 140 m, devenant un héros national, il s'est ensuite un peu perdu en chemin.
Ne comptant après cet exploit aucun résultat notable pendant quatre ans, 38e sur le petit tremplin et 15e sur le grand tremplin aux Jeux de Turin 2006, les observateurs en viennent à se poser la question : a-t-il bénéficié d'une énorme chance dans l'Utah ou bien est-il frappé depuis de malchance ? La réponse ne tarde pas à arriver : Simon Ammann renoue avec le succès en s'imposant à Lillehammer en décembre de la même année puis remporte l'argent au tremplin normal et son seul titre sur grand tremplin aux Championnats du monde FIS 2007 à Sapporo. Il continue sa montée en en puissance lors de l'hiver 2008-2009 en terminant 2e du classement général de la Coupe du monde, et compte déjà cinq victoires, en route pour gagner le seul gros globe de cristal de sa carrière, quand arrivent les Jeux de Vancouver 2010.
Deux concours, et personne n'atterrit plus loin que Simon Ammann
Le 13 février, il est le dernier concurrent à s'élancer (dossard n°51) pour le premier saut sur le tremplin HS106 du parc olympique de Whistler. Et il assomme d'entrée la concurrence en s'envolant pour se poser à 105 m et prendre la tête du concours avec 135,5 points. Au second tour, il voit tous ses rivaux améliorer un à un leur performance, puis s'élance sur la rampe pour... battre le record du tremplin avec un bond à 108 m. À la réception, il boxe l'air de son poing, persuadé que l'or lui est acquis. Et il a raison : il termine son concours avec une avance confortable de sept points pour son troisième titre olympique, huit ans après. Adam Malysz est à nouveau son dauphin. L'Autrichien Gregor Schlierenzauer se classe troisième.
Une semaine plus tard, ce samedi 20 février dont nous fêtons l'anniversaire, Simon Ammann se remet en piste, cette fois sur le grand tremplin HS140. Une nouvelle fois, il assure le spectacle en claquant un énorme saut de 144 m, nouveau record olympique pour prendre la tête du concours et à nouveau repousser loin la concurrence. Son deuxième saut, long de 138 m, s'avère suffisant pour lui offrir la plus haute marche du podium. Fait remarquable pour un athlète qui a soufflé le chaud et le froid au fil des années, il aura signé lors de chaque tour des deux finales les plus longs sauts des compétitions. Le podium du grand tremplin est le même, mais Adam Malysz est repoussé encore plus loin, à 14 points, et Gregor Schlierenzauer termine à 21 points !
L'enfant de Grabs (Canton de Saint-Gall) est le premier spécialiste du saut à ski de l’histoire à réaliser deux fois le doublé, devenant au passage Ie sportif olympique hivernal suisse le plus titré de tous les temps, rejoint en 2018 par le fondeur Dario Cologna. Il est également le seul à s'être adjugé quatre médailles d'or individuelles en saut à ski, autant que Matty Nykänen, mais l'un des quatre titres du champion finlandais a été obtenu par équipes.
Première expérience olympique à 16 ans, à Nagano 1998
"J'avais environ 10 ans quand j'ai commencé le saut à ski, après avoir vu un petit papier placardé sur le tableau de mon école où il était écrit que tout le monde pouvait s'essayer au saut en rejoignant le club local pour disputer des petites compétitions avec des skis alpins", a-t-il déclaré. Et d'ajouter : "J'ai gagné cette compétition. Au début, j'avais peur de la vitesse, parce que pour le petit gars que j'étais sautant à 40 ou 50 km/h sur des petits tremplins, on décollait à plus de 100 km/h avec juste le casque, la combinaison et les skis, ça pouvait parfois être assez effrayant."
Il dispute sa première compétition en Coupe du monde en décembre 1997, et le voilà sélectionné pour ses premiers Jeux à Nagano 1998. "J'avais tellement de chance d'être là au Japon à 16 ans, j'étais le plus jeune athlète. J'ai donc été un peu un peu spectateur de l'évènement mais je pense que cela m'a aidé pour être le plus fort quatre ans plus tard. L'impact mental a été énorme et j'ai adoré le temps passé à Nagano."
Quand il arrive quatre ans plus tard à Salt Lake City, il n'a pas encore gagné une seule épreuve sur le circuit international. "J'étais en train de faire une bonne saison, mais j'étais un parfait outsider. Nous connaissions le tremplin de Park CIty, nous y étions venus les deux derniers étés, mais j'étais très nerveux avant mes sauts. Sur le tremplin normal, j'attendais de voir mon score, puis mes coéquipiers se sont rués vers moi et m'ont porté en triomphe en hurlant. Quelle magnifique journée ! Je m'attendais ensuite à être bon sur le grand tremplin parce que c'était plus facile pour moi de voler. Quand j'ai vu le n°1 sur l'écran géant, c'était l'un des plus beaux jours de ma vie".
On connaît la suite... les lunettes et le visage d'adolescent qui font penser au sorcier de J.K Rowling, les années sans résultats, le retour tonitruant à Vancouver 2010, suivi en mars de la même année par un titre mondial en vol à ski remporté sur le tremplin HS215 de Planica (Slovénie) et en fin de saison, de la victoire au classement général de la Coupe du monde.
Simon Ammann n'a pas encore mis fin à sa carrière. Il dispute les Jeux de Sotchi 2014 où il est le porte-drapeau suisse.
Il est encore présent à PyeongChang 2018. À 38 ans, il dispute cet hiver sa 23e saison de Coupe du monde, où il totalise 80 podiums dont 23 victoires.
Le plaisir est son moteur, et sa motivation reste intacte, à la recherche du saut parfait...