Le fils du légendaire karatéka Antonio Díaz, un rayon de soleil en cette période de COVID-19

Le spécialiste du karaté Antonio Díaz a attendu toute sa carrière pour participer à des Jeux Olympiques, mais la nouvelle qu'il devra patienter un an de plus n'est pas une déception. Au contraire, elle a même fait sourire un membre de cette famille vénézuélienne...

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Le fils du légendaire karatéka Antonio Díaz, un rayon de soleil en cette période de COVID-19
(2020 Getty Images)

"C'est très motivant parce qu'il sourit à chaque fois que je m'entraîne", a déclaré Antonio Díaz, deux fois champion du monde de karaté, aux Jeux panaméricains et aux Jeux mondiaux, expliquant comment son fils Antonio Junior, âgé de huit mois, l'aidait à faire face à l'impact de la pandémie de COVID-19.

"On passe du temps ensemble, on fait un peu d'exercice. Parfois, je l'utilise comme poids de musculation. Il a l'air d'adorer ça."

Quelques jours seulement avant l'interruption des compétitions de haut niveau, Antonio Díaz, 39 ans, a remporté l'argent en kata masculin à la Karate-1 Premier League de la Fédération mondiale de karaté (WKF) à Dubaï, confirmant ainsi sa place aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Il s'agissait là du point culminant d'une carrière internationale qui a véritablement débuté avec un premier titre aux Jeux panaméricains en 2003.

Même si le report des prochains Jeux Olympiques implique pour Antonio Díaz de rester en forme pendant une année de plus, il est déterminé à accueillir cette nouvelle réalité avec autant d'enthousiasme que son fils.

"Tokyo était censé être ma dernière compétition avant ma retraite", rappelle Díaz. "Il me restait trois compétitions : les Championnats panaméricains en mai, peut-être un tournoi de la Ligue mondiale de la WKF et les Jeux Olympiques. Maintenant, quand les événements reprendront leur cours, je vais devoir participer à plus de tournois et même à un autre championnat du monde. Mais je trouve ça excitant, c'est un nouveau défi.”

L'âge relativement avancé de Díaz lui donne une autre raison de se réjouir du temps inattendu dont il dispose maintenant.

"Je peux enfin me reposer après presque un an et demi de compétitions pour me qualifier", s'est réjoui l'athlète, après avoir terminé troisième du classement kata masculin lors de la première phase du programme de qualification pour les Jeux Olympiques de la WKF.  "Cette année, j'avais réservé trois mois à l'entraînement parce que la période de qualification était très dure. Mais voyons les choses du bon côté, j'ai désormais plus de temps pour me concentrer sur les choses que je veux vraiment améliorer.

Avant, j'avais un mois tout au plus pour perfectionner une technique précise. À présent, j'ai plus de temps qu'il ne m'en faut. Il faut toujours pratiquer sa technique et chercher constamment à s'améliorer, mais je dois absolument travailler ma condition physique, en particulier si je veux rester en forme pour continuer la compétition un an de plus."

Antonio Díaz est revenu au Venezuela au début du mois de mars, quelques jours seulement avant que tous les vols ne soient suspendus. Même s'il était ravi d'être avec sa femme et Antonio Junior après une absence de six semaines, il a d'abord trouvé l'incertitude difficile à gérer. Sa femme l'a encouragé à rester en forme, l'a tenu à distance des sucreries, une "faiblesse" qu'il reconnaît volontiers, et l'a poussé à faire preuve de créativité.

"J'ai un petit dojo chez mes parents où j'ai fait quelques séances la première semaine, mais j'ai préféré m'isoler parce que mon père fait partie des personnes à risque. J'ai donc apporté des tapis dans mon appartement et je les ai mis dans le salon", raconte Antonio, qui vit au huitième étage d'un immeuble résidentiel à Caracas.

(Getty Images)

"J'utilise le canapé pour faire des pompes ou des fentes, et je me sers aussi des chaises de la cuisine. C'est intéressant. Maintenant que nous savons que les Jeux Olympiques sont reportés à l'année prochaine, il n'y a plus cette énorme pression et j'essaie d'en profiter et de me faire plaisir."

Le plaisir est crucial pour un homme résolu à profiter de chaque opportunité que la vie lui réserve. De plus, ses 30 ans d'expérience dans le karaté lui ont permis de comprendre que l'on ne gagne rien à se précipiter.

"Bien sûr, le karaté apprend à être patient", a confirmé Antonio Díaz. "Nous travaillons beaucoup sur la concentration. Tout l'entraînement des katas est dans la répétition et il faut être très patient pour constater une amélioration, aussi légère soit-elle."

Un mantra que le champion du monde 2010 et 2012 transmet aux jeunes karatékas vénézuéliens, même pendant le confinement.

"J'ai une école de karaté. Habituellement, j'ai des instructeurs qui travaillent pour moi, mais j'ai commencé à donner quelques cours en ligne et organisé des formations pour d'autres instructeurs", explique Díaz. "Nous enseignons à tous les âges, mais nos élèves sont surtout des enfants. Nous essayons bien sûr d'être en contact avec leurs parents car c'est eux qui organisent les cours. Certains parents prennent aussi part aux cours, ce que nous essayons d'encourager.

C'est assez populaire, mais ce n'est pas toujours facile, car la connexion Internet au Venezuela n'est pas très bonne. Nous faisons de notre mieux. Nous voulons qu'ils s'amusent et gardent le rythme de la pratique. Une vingtaine d'élèves ont participé à mon dernier cours."

Entre les cours, l'entraînement avec les meubles, son bébé et le chien à promener une fois par jour au parc, Antonio Díaz est très occupé. Mais au fur et à mesure que les mois passeront et que Tokyo 2020 se profilera à nouveau à l'horizon, il est probable que le Vénézuélien n'ait qu'une seule chose en tête.

"J'ai reçu énormément de messages de personnes qui s'inquiétaient de savoir que je devrai attendre un an de plus pour prendre ma retraite, mais ça fait 20 ans que j'attends que le karaté figure au programme des Jeux Olympiques, confie Antonio Díaz. Une année de plus n'est donc pas un problème pour moi."

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