La Coalition sportive au service des réfugiés : des promesses aux actions
Lors du tout premier Forum mondial sur les réfugiés organisé l'année dernière, le Comité International Olympique (CIO) et l'Olympic Refuge Foundation (ORF), en étroite coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), ont annoncé la création d'une initiative mondiale sans précédent : une coalition sportive résolue à construire un monde meilleur pour les réfugiés grâce au sport. Alors que la Coalition sportive au service des réfugiés souffle sa première bougie – et que le HCR fête ses 70 ans – penchons-nous sur quelques projets concrets réalisés en 2020 grâce aux travaux entrepris par la coalition.
Composée de plus de 80 partenaires – des gouvernements aux Comités Nationaux Olympiques (CNO), en passant par les Fédérations Internationales (FI) de sport, les clubs, les associations et les organisations de la société civile – la Coalition sportive au service des réfugiés a pris trois engagements importants pour promouvoir et garantir l'égalité d'accès de tous les réfugiés à :
Malgré les nombreux défis à relever en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, les membres de la coalition ont transformé ces engagements en actions concrètes et efficaces qui ont apporté les nombreux bienfaits du sport à un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées ainsi qu'aux membres des communautés d'accueil tout au long de l'année.
Les athlètes réfugiés au bénéfice de bourses se préparent pour Tokyo
En étroite collaboration avec tous les membres du Mouvement olympique, le CIO a continué à aider les athlètes réfugiés au cours de cette année difficile. Suite au report des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, le CIO a prolongé jusqu'en 2021 tous les programmes de la Solidarité Olympique destinés aux athlètes. Le soutien apporté aux 51 athlètes réfugiés détenteurs de bourses a ainsi été maintenu, ce qui leur permet non seulement de continuer à s'entraîner dans le but de se qualifier pour les Jeux au Japon, mais aussi de poursuivre leur carrière sportive et de construire leur avenir.
"Dans une période aussi incertaine, la prolongation des bourses a été un réel soulagement pour moi. J'ai pu continuer à me concentrer sur mon entraînement et mes études en ayant le sentiment d'être toujours soutenu. Le sport est essentiel à mon équilibre. Il me permet de m'épanouir à la fois sur les plans professionnel et personnel", confie Eyad Masoud, titulaire d'une bourse pour les athlètes réfugiés. Ce nageur de 25 ans a dû fuir la Syrie à cause de la guerre. Avec sa famille, il a d'abord rejoint l'Arabie Saoudite, puis est arrivé en Nouvelle-Zélande où il vit et s'entraîne aujourd'hui.
Eyad Masoud explique comment les bourses de soutien peuvent aider les réfugiés à traverser les périodes d'incertitude auxquelles ils sont confrontés. Il déclare ainsi : "La guerre, la maladie, les restrictions sociales et la pauvreté empêchent souvent les réfugiés de profiter des bienfaits de la participation au sport. Ces bourses apportent un peu d'espoir, nous soutiennent tous et nous donnent la force de poursuivre nos rêves. Notre rôle est de faire de notre mieux, mais aussi d'inspirer les jeunes réfugiés et de leur montrer que tout est possible."
Le CIO a également poursuivi ses efforts de promotion de la participation des athlètes réfugiés aux compétitions internationales organisées par les FI, tout en soutenant la révision des statuts des FI afin de permettre cette même participation.
L'Olympic Refuge Foundation soutient les réfugiés pendant la pandémie
Née d'un partenariat solide et de longue date avec le HCR, l'Olympic Refuge Foundation (ORF) a été créée par le CIO et lancée en 2017. Avec des programmes dans six pays qui aident jusqu'à 200 000 jeunes, l'ORF place le sport au cœur de ses activités pour soutenir l'inclusion et la protection des jeunes déplacés.
Qui plus est, en 2020, l'ORF a débloqué 500 000 USD pour soutenir quatre programmes novateurs en réponse à la pandémie de COVID-19 en Jordanie et en Ouganda, où la santé mentale et la résilience des jeunes réfugiés ont été particulièrement mises à rude épreuve suite aux conditions très strictes de confinement qui ont été imposées.
Malgré la pandémie de COVID-19, le programme "Games Connect" a été lancé en Ouganda en août. Ce programme entend améliorer la santé mentale et le bien-être psychosocial des jeunes réfugiés en les aidant à pratiquer un sport en toute sécurité. "Tous les réfugiés sont heureux que l'on pense à eux en ces temps si difficiles", a récemment informé Karen Mukiibi, directrice exécutive adjointe de "Youth Sport Uganda". Cette initiative est un bon exemple des puissantes synergies entre les membres de la coalition qui participent à la mise en œuvre du programme, notamment l'ONG locale Youth Sport Uganda, l'ONG internationale Right to Play, le CNO ougandais, le HCR et l'ORF. L'ONG internationale AVSI Foundation fait également partie du consortium.
La contribution du sport à la cohésion
Le projet "Active Kids Sport Schools" du CNO turc entend quant à lui unir et responsabiliser les jeunes par le sport. Après le lancement réussi d'une école de sport pour plus de 500 enfants de la région et réfugiés syriens dans la ville de Gaziantep en 2017, le projet a été étendu à d'autres régions fin 2019 et a mis l'accent sur l'intégration de plus de 300 enfants de la région et réfugiés syriens.
À la suite du Forum mondial des réfugiés, et afin de souligner ses engagements en faveur d'un sport sûr et équitable pour les réfugiés et les enfants de la région, le CNO turc, en étroite collaboration avec la municipalité métropolitaine de Gaziantep, a organisé une manifestation pour plus de 500 enfants au début de l'année, au cours de laquelle ces derniers ont participé à une journée complète d'activités sportives avec des olympiens et athlètes turcs et ont reçu de nouveaux vêtements de sport. Le CNO continue de travailler pour tenir son engagement envers la coalition, en augmentant l'accès des réfugiés au sport, en améliorant la cohésion sociale au sein de leurs nouvelles communautés et en soulignant le pouvoir fédérateur du sport et sa capacité à promouvoir le bien-être physique et mental, tout en favorisant une société active et saine.
Construire des communautés
La Fondation de la Fédération internationale de tennis de table (ITTF) travaille elle aussi avec les réfugiés dans les camps et les communautés d'accueil. Comme annoncé, la Fondation poursuit ses programmes dans le camp de Za'atari en Jordanie depuis 2018 et dans les camps de réfugiés d'Azraq depuis 2019, en utilisant le sport pour offrir aux réfugiés une nouvelle identité, celle d'un joueur de tennis de table. L'accent n'est pas mis sur la performance, mais sur le plaisir, les aspects sociaux permettant aux réfugiés de construire une communauté et d'avoir de nouvelles aspirations. À ce jour, plus de 146 jeunes ont suivi le programme et il y a en moyenne 84 participants réguliers. Alors que les sessions ont été suspendues en raison de la pandémie de COVID-19, les entraîneurs ont participé à des sessions hebdomadaires en ligne et il est prévu que les enfants y prennent part prochainement.
Dans un rapport publié la semaine dernière, le HCR estime que le nombre de déplacements forcés dans le monde a dépassé les 80 millions en milieu d'année, alors que la pandémie de COVID-19 remet en question la protection des réfugiés à l'échelle mondiale. La Coalition sportive au service des réfugiés continuera à s'adapter et à innover afin de maintenir la pertinence de ses engagements au profit des personnes déplacées et des communautés d'accueil. Les membres de la coalition informeront régulièrement sur la mise en oeuvre des engagements sur la plateforme numérique du Pacte mondial sur les réfugiés, ainsi que lors des étapes importantes qui suivront le Forum mondial sur les réfugiés, notamment l'événement de haut niveau sur l'examen à mi-parcours, lequel sera organisé par le HCR en 2021.