Championnats du monde de judo 2023 | Amandine Buchard : « Réaliser l'un des rêves de mon père »
Amandine Buchard utilise toutes les échéances, dont les Championnats du monde de judo 2023, pour préparer les Jeux Olympiques de Paris 2024. La Française y vise la médaille d’or pour rendre hommage à son père.
Lors des Mondiaux de judo 2023, Amandine Buchard peut monter sur son quatrième podium planétaire.
Mais ce n’est pas son seul objectif à Doha, ce lundi 8 mai. Elle va surtout pouvoir prendre de nouvelles informations sur la concurrence dans la perspective des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Pas que le titre mondial ne soit pas important, mais la médaille d’or olympique est encore au-dessus pour elle. Et ça a toujours été le cas pour cette compétitrice de nature.
« Mon esprit de compétition fait que je vise toujours ce qu'il y a de plus haut et en judo, ce sont les JO. Mon objectif a toujours été d'être championne olympique », se rappelait-elle dans un entretien exclusif avec Olympics.com en janvier.
Cette quête l’anime depuis plus de deux décennies, mais elle a été renforcée par un événement tragique. Quand Bubuche était adolescente, son père est décédé après l’avoir suivie à un entraînement de judo. Il avait commencé la pratique de cet art martial pour faire comme sa fille et a succombé d’une embolie pulmonaire suite à l’infection d’une blessure anodine subie sur les tatamis.
Celui qu’elle considère comme son exemple, sa force ou son repère avait beaucoup fait dans sa passion de l’effort, et du judo en particulier.
« Il y a eu des années où je regardais les Jeux Olympiques avec mon père et il me disait “Ma fille, je te vois là-bas, j'adorerais te voir y participer”. »
Amandine Buchard a connu la dépression après avoir manqué Rio 2016
Ces mots ont marqué Amandine Buchard et ils ont motivé son quotidien. Le deuil a donné naissance à la judokate qu’elle est aujourd’hui. Participer aux JO n’était plus une option, c’était une obligation pour remplir ses objectifs et réaliser les rêves de son père.
La Française a tout donné pour participer à Rio 2016. Trop, même. Alors en -48 kg, elle faisait des régimes tellement poussés pour représenter son pays dans cette catégorie que son corps a dit stop. La médaillée de bronze des Championnats du monde 2014 n’arrivait plus à tenir son poids et voyait la participation aux Jeux Olympiques lui échapper alors qu’elle faisait partie des prétendantes au podium.
La déception était si grande que raccrocher le kimono a été une option. Elle a traversé une période très difficile en souffrant notamment de dépression, mais la mémoire de son père lui a permis de garder le cap quand le mental avait du mal à suivre.
« Quand tu es au plus bas, tu n'as pas d'autres choix que de remonter. Il y a eu une période où j'étais mal, mais il fallait relever la tête. J'avais toujours été une guerrière, mon père m'a éduquée comme ça : se battre pour ce qu'on veut. Je me suis relevée, j'ai travaillé énormément et j'avais les crocs. J'étais frustrée, mais cette expérience m'a forgée. Je suis passée par des étapes très douloureuses et des moments sombres, mais je ne regrette rien. »
La perte de son père lui donne une force supplémentaire qui l’aide à se sortir des moments les plus compliqués et à construire ses plus grandes victoires. La native de Noisy-le-Sec est passée en -52 kg et a redoublé d’efforts pour s’y imposer. La catégorie de poids n’était plus la même, mais l’objectif et la motivation n’avaient pas changé.
Elle est revenue plus forte que jamais en s'invitant rapidement sur les podiums du circuit mondial, toujours guidée par le souvenir de son père.
« Sur chaque compétition, chaque championnat, il est avec moi, je le sens avec moi. »
La Francilienne a gagné une nouvelle médaille de bronze aux Championnats du monde en 2018 et est devenue championne d'Europe en 2021, quelques semaines avant la découverte tant attendue des Jeux Olympiques.
Une médaille d'argent olympique dont elle ne se contente pas
Chaque compétition étant une forme d’hommage à son père, participer aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020, en 2021, a été particulièrement émouvant pour la Française. Elle faisait partie des favorites au même titre que Abe Uta et a assumé ce statut lors de sa découverte des JO en éliminant successivement Tetiana Levytska-Shukvani, Park Da-Sol et Fabienne Kocher pour retrouver la Japonaise en finale.
Dans ce choc au sommet, l'ultime marche s'est dérobée quand Abe Uta l'a immobilisée dans le golden score. Amandine Buchard a dû se contenter de la médaille d'argent, mais sa mission était accomplie : elle avait réussi ce que son père espérait d'elle.
« C'est une certaine fierté pour moi », explique la combatante de 27 ans. « Même s'il n'est plus là, j'ai réalisé un de ses rêves, un rêve qu'on partageait et c'est juste incroyable. »
La vice-championne olympique en titre est heureuse du chemin parcouru mais sait ce qu'il lui reste à accomplir. Elle a toujours cette médaille d'or à aller chercher et n'oublie pas que deux nouvelles occasions devraient se présenter à elle pour y arriver : Paris 2024 et Los Angeles 2028.
L'expérience acquise dans les bons, comme dans les mauvais moments, doit désormais lui servir pour y arriver.