JO de Paris 2024 | Rugby à 7 : La préparation de l'équipe de France en dansant, un franc succès
Les épreuves de rugby à 7 aux Jeux Olympiques de Paris 2024 se sont achevées ce samedi, avec la plus belle des récompenses à la clé pour l'équipe de France : la médaille d'or !
Après une victoire d'étape à Los Angeles sur le tournoi mondial et un titre final à Madrid, les Bleus de Jérôme Daret ont prouvé que leur préparation hors du commun a porté ses fruits.
En plus des entraînements classiques de rugby sur le terrain et des séances de physique et de musculation en dehors, ils se sont prêtés à une discipline bien particulière depuis quelques années : la danse.
Après leur titre olympique, au milieu de la pelouse du Stade de France puis au Club France devant un tas de supporters venus les féliciter, ils ont repris ensemble la chorégraphie travaillée depuis des mois. Un franc succès pour deux univers qui semblaient opposés. Laure Bontaz, leur professeure, a prouvé que les deux disciplines n’étaient pas si éloignées.
« Ça fait trois ans à peu près que l’on a mis en place des sessions de maîtrise du tempo, » explique-t-elle. « Ce sont des sessions de danse ou les joueurs vont travailler sur la synchronisation, la coordination et les changements de rythme. On essaie avec le coach, Jérôme Daret, d’optimiser la performance sur le terrain à l’aide d’artifices, de choses de l’environnement que l’on a pas l’habitude de trouver dans le rugby. »
Quelques jours avant leur entrée en lice dans le tournoi olympique, Olympics.com a pu assister à l'un des derniers cours de danse des Bleus. Entre rires et bonne humeur, mais aussi discipline et rigueur, découvrez les coulisses de la préparation inédite de l’équipe de France de rugby à 7.
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« 1, 2, 3, 4 ! 1, 2, 3, 4 ! »
Au Centre National de rugby, à Marcoussis, l’équipe de France peaufine les derniers réglages avant le coup d’envoi des Jeux Olympiques, dans quelques jours. Leur professeure de danse, Laure Bontaz donne le tempo de cette première activité de la matinée.
En cercle, tous à distance d’un écart de bras environ, les joueurs doivent se faire des passes au rythme d’un métronome qui résonne et des comptes de leur professeure. Un ballon chacun, tous dans le même sens, le rythme s’accélère.
« 1, 2, 3, 4 ! » répète encore Laure Bontaz, placée au centre du cercle. Elle tape des mains, pour insister sur le rythme et pousser ses élèves à ne pas le perdre. Puis démarre la chanson : « On ne parle plus que des Jeux Olympiques » chantent les joueurs en chœur. Sans baisser le rythme, sans perdre la balle. « Et parmi tous ces sports athlétiques, le plus joli, c’est le rugby ! »
Un chant qui accompagne leur activité mais qui est rapidement devenu un hymne pour l’équipe. « Ce n’est pas forcément que de la rigolade, ça a un côté très ludique et fun, mais on travaille des choses très spécifiques en dansant et en chantant », détaille Laure Bontaz.
Des activités peu communes, atypiques même !
« Ça n’a pas été forcément évident dès le départ parce que la danse et le rugby, on peut croire que ça ne va pas forcément ensemble. Mais les joueurs se sont impliqués dans ces séances et ce sont de vrais entraînements. Ce n’est pas une récréation, on pose les choses. Il y a du contenu et le coach fait ensuite un transfert de la salle de danse jusque sur le terrain, notamment sur tout ce qui concerne le mapping, les enclenchements de jeu, les positionnements, le graphisme sur le terrain. On retrouve tout ça dans une salle de danse lors d’une chorégraphie » complète-t-elle.
Il y a donc de grandes similitudes entre les deux activités et tous les membres de l’équipe y ont désormais adhéré. Aujourd’hui, la danse fait partie de l’univers et du paysage naturel de l’équipe de France de rugby à 7.
Une heure de danse, de chant, de rigolade mais surtout de coordination
Puis c’est au tour de la deuxième activité du jour. Après le chant, la danse ! Tous positionnés face à leur professeure, ils enchaînent les pas de danse appris tout au long de l’année. D’abord tous ensemble, puis par petits groupes, ils présentent la chorégraphie, applaudis par leurs coéquipiers et toujours en rythme.
« La danse, ça leur permet de se connecter entre eux, de se synchroniser, ça apporte une belle complicité et puis surtout le fait de se décomplexer, d’être à l’aise avec leur corps, de gérer l’espace, » énumère Laure Bontaz lorsqu’il s’agit de détailler les bienfaits de la danse vers le rugby.
« On travaille vraiment sur la maîtrise du tempo avec de la musique, des comptes particuliers à respecter, ce sont des aspects très précis que l’on va chercher dans la danse et également dans le chant. »
Elle donne le rythme à ses élèves, puis s’ajoute la musique. Ils recommencent la chorégraphie une dernière fois avant le silence total. Pour la dernière représentation, c’est aux joueurs de gérer le rythme dans leur tête et de ne pas perdre le tempo. Une activité facile pour certains, un peu moins pour d’autres !
Arrivée il y a près de trois ans au sein du staff, cette professeure de danse s'est retrouvée là un peu par hasard. Elle fait désormais partie de l’aventure et de l’objectif médaille à 100%. « Je ne suis pas du rugby à l’origine, mais je viens du Sud-Ouest, donc une terre de rugby, je m’y suis toujours intéressée, » détaille-t-elle.
« Je débarque un peu par hasard, Jérôme Daret a besoin d’une coach de danse pour mettre en place ces sessions. Il me contacte par l’intermédiaire d’amis en communs et je teste la première fois à l’INSEP avec des battles, des challenges entre les joueurs. Ça accroche bien, ils s’amusent bien et aiment se mettre des défis. »
Le tour était joué ! Depuis, ils ont tous le sourire aux lèvres au moment de démarrer ces fameux cours, comme ce dernier mercredi, à Marcoussis, à une semaine du coup d’envoi de leur compétition. Ils s’apprêtent alors à entamer la troisième activité, qui mêle toujours le rythme et l’ovalie : le morpion !
En colonne, par équipes de 4, ils doivent se passer les ballons un par un. Le dernier joueur, le plus proche des lignes situées au sol doit positionner la balle au sol de manière à former une ligne complète. Comme le fameux jeu du morpion qui se joue avec un stylo, des croix et des ronds ! La première équipe à réussir à remplir la ligne remporte le jeu. Si un joueur fait tomber le ballon ou si l’un d’entre eux ne parvient pas à toucher la balle, il disqualifie son équipe. C’est ce qui est arrivé à l’équipe bleue d’Antoine Dupont. Sanctionnée à deux reprises par les arbitres, aussi intraitables que sur le terrain, ils ont dû passer par la punition karaoké.
« Les Champs-Elysées » de Joe Dassin puis « Aïcha » de Khaled. La professeure de danse en profite pour leur faire bosser le rythme, en tapant des mains. Travailler en s’amusant, c’est possible.
Il ne reste plus qu'à Antoine Dupont, Stephen Parez et leurs coéquipiers de prouver que la danse et le chant pourront aussi les aider à se frayer un chemin jusqu’au podium des Jeux Olympiques.