JO de Paris 2024 - Saut d’obstacles : Julien Epaillard, à toute vitesse

Par Nicolas Kohlhuber
5 min|
Julien Epaillard
Photo de FEI/Martin Dokoupil

Julien Epaillard se présente aux Jeux Olympiques de Paris 2024 en tant que cinquième mondial.

Il y a pourtant un autre classement, plus honorifique, que le spécialiste du saut d’obstacles domine avant de venir au château de Versailles : celui du cavalier le plus rapide du circuit. Il est considéré ainsi par certains de ses adversaires tant il efface les obstacles avec rapidité.

« Qu’ils continuent à penser ça, ça veut dire qu’ils me craignent encore un peu », en rigole le Français dans une interview exclusive avec Olympics.com.

Cette réputation n’est pas volée. Il a été pris en excès de vitesse sur presque tous les concours du monde avec des chronos bien souvent inférieurs à ceux de ses adversaires. Quand en plus, aucune barre ne tombe, cela donne des résultats exceptionnels à l’image de ses médailles individuelles aux Championnats d’Europe (3e en 2023), en Finale Coupe du monde (2e en 2024) ou au Super Grand Prix 2023 (1er en 2023).

Plus impressionnant encore, le cavalier de 46 ans fait preuve d’une régularité exceptionnelle malgré son style tout en prise de risques.

L’année 2022 a été particulièrement brillante avec 76 succès en un an. Le natif de Cherbourg grimpait alors dans le classement mondial à toute allure pour s’installer solidement dans le top 5. S’il arrive à ne pas confondre vitesse et précipitation pour enchaîner les performances, c’est grâce à ses montures selon lui.

« J'ai la chance d'avoir des cracks. L'année dernière, j'avais Donatello qui était le meilleur cheval au monde et Dubaï qui devait être cinquième mondial, je crois. Avec le premier et le cinquième, c'est comme si j'avais Ronaldo et Messi dans mes écuries, évidemment, ça aide », image-t-il.

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Passionné de sports mécaniques, Julien Epaillard s’amuse à affoler les chronomètres

Les qualités de ses chevaux ne font pas tout. Pour aller aussi vite, il faut le vouloir et c’est le cas de Julien Epaillard.

« J'aime toujours m'amuser en piste et essayer de faire des chronos, évidemment, ça m’amuse », avoue celui qui n’accélère pas que sur la piste.

La vitesse est une véritable passion pour lui. Les sports mécaniques l’ont toujours attiré, en parallèle à sa pratique de l’équitation. Avant d’être rapide à cheval, il l’était même en motocross avec notamment un titre national chez les jeunes. Si l’adrénaline est la même, l’approche est pourtant bien différente entre ces deux disciplines.

« Ce n'est pas du tout la même chose, ce ne sont pas les mêmes codes, ce n'est pas la même façon de faire, mais oui, j'ai toujours aimé tout ce qui était motocross, BMX, karting. Quand j'étais jeune, je pratiquais beaucoup. Avec les chevaux, il faut être un peu plus patient, leur demander quand ils sont prêts à le faire. Donc il n'y a pas que le cavalier, il faut vraiment qu'un rapport de confiance s'installe avant de pouvoir demander des choses à un cheval », analyse-t-il avec passion.

Cette grande différence se lit dans son entraînement.

Pour se donner l’opportunité de passer la seconde avec ses chevaux, le cavalier originaire de Bretagne ne travaille même pas tant la vitesse que cela. Les concours s’enchaînent à un tel rythme qu’il n’a pas de temps pour mettre l’accent sur la rapidité lors du temps passé à l’écurie pour s’entraîner. La priorité est mise sur le contrôle et le relâchement pour mieux sentir les chevaux en compétition et en tirer le maximum.

Cette manière de faire a été adoptée avec le temps, le quadragénaire pouvant compter sur sa grande expérience pour trouver les clés du succès.

« Je suis professionnel depuis que j'ai seize ans. J'en ai 46 aujourd'hui, ça ne s'apprend pas en un jour. Il faut pratiquer, il faut faire des erreurs. Il faut se remettre en question. C'est comme tous les sports de haut niveau, il y a une remise en question à faire à chaque fois. »

Julien Epaillard se transcende quand il est sous pression

Le temps lui permet aussi d’apprécier encore plus les concours à forts enjeux.

Comme un symbole de sa passion pour la vitesse, les épreuves où il ne doit pas en garder sous la pédale sont celles qu’il préfère.

« J'aime beaucoup la pression, ça force vraiment à être 100 % concentré, 100 % appliqué. Et c'est vrai que maintenant, à mon âge, j'aime de plus en plus ça. J'ai fait beaucoup de concours, de parcours avec beaucoup de chevaux. Aujourd'hui, je préfère faire moins de parcours, mais faire des parcours vraiment où il y a un enjeu, il y a une intensité. C'est vraiment ce qui me fait vibrer aujourd’hui », détaille celui qui va participer aux Jeux Olympiques pour la première fois de sa carrière.

À domicile qui plus est, les attentes seront maximales, un contexte pas loin d'être idéal pour lui. Julien Epaillard avance à l'adrénaline et au rythme où il va, aucun obstacle ne semble en mesure de l’arrêter.

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