JO de Paris 2024 - Judo : Joan-Benjamin Gaba - Abe Hifumi, les secrets du duel qui a changé la finale par équipes mixtes
« Joan, c'était l'homme de la situation. »
Voici comment Clarisse Agbégnénou a qualifié la performance de Joan-Benjamin Gaba en finale par équipes mixtes de judo des JO de Paris 2024.
Ce compliment peine pourtant à résumer l'impact du judoka de 23 ans sur l'épique duel entre la France et le Japon. Dans un combat décisif face à Abe Hifumi, la victoire était obligatoire pour que les Bleus puissent encore rêver d'une médaille d'or, le Français s'est imposé.
Il a sauvé les siens et libéré toute l'Arena Champ-de-Mars après 8 min 52 s de lutte acharnée face à un judoka double médaillé d'or aux Jeux Olympiques et invaincu sur la scène internationale depuis 2018. Malgré l'ampleur de l'exploit, le héros du jour a préféré salué la performance collective des Tricolores.
« Je pense que c'est d'avoir vu la manière de se battre de mes compagnons qui m'a donné la force d'aller au bout. Maxime-Gaël perd mais il donne tout, quand je le vois faire ça, ça me motive et je me dis moi aussi il faut que j'aille au combat. Oui je bats le plus fort de leur équipe, mais je ne suis pas tout seul dans l’équipe. Il fallait que les autres suivent et ils ont été énormes », analyse celui qui avoue n'avoir pensé qu'à la gagne durant les presque neuf minutes de combat face à un judoka qui paraissait invincible.
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Technique inédite, soutien du public et conviction d'avoir l'ascendant
Cet état d'esprit a été décisif pour lutter contre son adversaire, mais aussi contre les pénalités. Joan-Benjamin Gaba a passé plus de cinq minutes en étant doublement pénalisé et donc sous le coup d'une disqualification. La moindre erreur aurait été fatale pour lui, et pour son équipe. Il en fallait plus pour le faire douter.
« J'étais bien physiquement, je voyais que je ne craquais pas, je n'allais pas craquer, c'était impossible avec ce public », explique-t-il.
Plus le combat s'est étiré, plus le médaillé d'argent des -73 kg a pris confiance face au médaillé d'or des -66 kg. Un tournant a même lieu à ce niveau avant même la dernière action du combat.
Abe Hifumi est allé consulter les soigneurs pour un saignement du nez, un signe de sa fébrilité selon Joan-Benjamin Gaba qui n'a pas perdu patience pendant cette interruption.
« Généralement, quand on dit à l'arbitre qu'on saigne, c'est qu'on est fatigué, qu'on veut récupérer. Donc là je me dis ‘il est mort’ et du coup à la reprise, je l'attaque, je l'agresse directement et ça a marché. »
Le reste appartient l'histoire, le natif du Chesnay trouvant la faille avec un mouvement d'épaule rentré de manière assez frontale mais parfaitement déroulé. Ce n'était pas le morote-seoi nage de sa demi-finale individuelle mais un kata-guruma qui rappelle le spécial d'Amandine Buchard. Cette prise est pourtant loin d'être une de ses favorites, la preuve en est, le héros du jour n'avait jamais marqué en compétition avec auparavant. Il ne l'avait « testé que deux ou trois fois à l'entraînement », mais l'a « senti ». Faire chuter son adversaire sur cette inspiration aura été le point de bascule de cette rencontre mythique.
Sa victoire de légende a montré la voie à suivre à Clarisse Agbégnénou et Teddy Riner qui ont remporté les deux derniers combats de la finale pour définitivement renverser son issue et offrir la médaille d'or aux Bleus.
Mais le plus dur était déjà fait grâce à Joan-Benjamin Gaba qui avait maintenu les siens en vie !
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