Jeux Paralympiques de Paris 2024 | Para natation : trois nouvelles médailles pour la France, récit d'une soirée encore exceptionnelle à la Paris La Défense Arena
Trois de plus qui font treize ! Ce jeudi 5 septembre, la Para natation tricolore a décroché trois nouvelles médailles dans le bassin de la Paris La Défense Arena, par l'intermédiaire d'Ugo Didier (argent) et Hector Denayer (bronze) sur le 200 m 4 nages SM9, et de Laurent Chardard (bronze) sur le 100 m nage libre S6.
À Nanterre, les jours se suivent mais ne ressemblent pas toujours. La veille, si Kylian Portal n'avait pas réussi à ramener de médaille sur le 100 m nage libre S12, sixième, l'équipe de France de Para natation rentrait bredouille. Ce jeudi, les Bleus étaient survoltés et cela s'est vu dès les séries, avec les deuxièmes temps de Laurent Chardard (sur le 100 m nage libre S6) et d'Ugo Didier (sur le 200 m 4 nages SM9). Si Elodie Lorandi (sixième des séries du 400 m nage libre S10) et Hector Denayer (huitième du 200 m 4 nages SM9) se qualifiaient également, quatre tricolores - sur les quatre engagés ce matin - étaient donc au rendez-vous des finales.
Et rien de mieux que de débuter une soirée par un record du monde ! Alors que la salle de la Paris La Défense Arena était déjà bouillante en attendant ses protégés, l'athlète des NPA Mariia Pavlova volait la vedette quelques instants en battant la meilleure performance de l'histoire du 100 m brasse SB7 - qu'elle possédait déjà avec un temps 1'26''86 réalisé plus tôt dans l'année à Limoges - par un incroyable 1'26''09 grandement salué par la foule.
Derrière, les autres étaient battues, mais la jeune britannique de tout juste 13 ans, Iona Winnifrith, signait une magnifique médaille d'argent (1'29''69) devant la Canadienne Tess Routliffe (1'31''58).
Deux records du monde en deux courses
Tout juste quelques minutes plus tard, le Chinois Guo Jincheng réalisait une nouvelle grande performance. Sacré champion paralympique du 50 m nage libre S5 - devant ses deux compatriotes Weiyi Yuan et Lichao Wang - il battait sa propre marque de l'année dernière, améliorant son chronomètre de 29''78 à 29''33, au prix d'une coulée de... 50 mètres, n'ayant jamais repris sa respiration tout au long de la course.
Le podium allait être émouvant, mais avant cela, un Français était attendu au tournant : Laurent Chardard.
Deuxième temps des séries du 100 m nage libre S6, le sprinteur tricolore pouvait compter sur le public, scandant son nom au moment d'entrer dans l'enceinte, puis tout au long de la course en le poussant dans ses ultimes retranchements. Sixième après la mi-course, le Réunionnais pensait bien toucher en deuxième position, derrière l'Italien Antonio Fantin, mais ce sera finalement le bronze qui l'attendra, devancé d'un petit centième par le Brésilien Talisson Henrique Glock.
« C'est un peu dur à avaler, mais je suis content parce que j'adore les courses qui sont serrées et c'est génial pour le spectacle, avouait-il après sa course. Ce sont les courses que j'aime, ça se joue à la bagarre et, malheureusement, je fais 3 mais il y en a qui font 4 en ayant le même scénario donc je suis content d'être quand même sur la boîte. »
Elodie Lorandi, l'important c'est de participer
Pas le temps de souffler, juste après la médaille de Laurent Chardard, c'est au tour d'Elodie Lorandi de se frotter aux meilleures mondiales sur le 400 m nage libre S10. Malgré les nombreux drapeaux brandis et le soutien indéfaillible des spectateurs, la Française, ligne d'eau numéro 7, ne pourra mieux faire que sixième, loin derrière le podium composé de la Canadienne Aurélie Rivard, de l'Américaine Alexandra Truwit et de la Hongroise Bianka Pap.
Championne paralympique sur le 400 m aux Jeux de Londres 2012, la Cannoise de 35 ans a dû faire une longue traversée du désert avant d'en arriver à cette finale à Paris : « C'était l'objectif principal de se qualifier pour la finale du 400. J'ai très bien nagé ce matin, mais ça a été un petit peu plus dur cet après-midi, confiait-elle. J'ai fait ma course, j'ai fait comme je pouvais et quand je vois le public comme ça, je me dis qu'on a tout gagné. Il y a 12 ans, je gagnais l'or mais je n'ai pas eu tout ce parcours depuis. Donc je suis très fière et très contente d'avoir atteint cet objectif », relativisait ensuite la tricolore.
Ugo Didier, Hector Denayer : un double podium qui a fait grand bruit à la Paris La Défense Arena
Si les tribunes sont remplies à ras bord pour assister à cette finale, la dernière de la soirée côté tricolore, le public était fin prêt pour ce qui allait se produire quelques minutes plus tard. Sur le 200 m 4 nages SM9, Hector Denayer (ligne d'eau 8) et Ugo Didier (ligne d'eau 5) sont acclamés par la foule à l'annonce de leurs noms. La salle tremble même alors que le top départ est lancé et les fauves lâchés.
Après deux premières longueurs en papillon, puis en dos, la brasse rend l'Arena complètement hystérique, alors que les deux Français entament leur dernier virage en deuxième et troisième positions. À l'image d'un Léon Marchand pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024, Ugo Didier est porté par le public à chaque fois qu'il fait sa réapparition hors de l'eau. « J'ai entendu le public pendant la brasse et ça m'a poussé à résister on va dire ! », expliquait le nageur de 22 ans, qui terminait sa course vice-champion paralympique, en 2'15''98, derrière l'impérial australien Timothy Hodge, qui battait le record paralympique dans le même temps en 2'13''31.
Ugo Didier, qui obtenait son troisième métal après l'or sur le 400 m nage libre S9 et l'argent sur le 100 m dos S9, attendait une autre lumière s'allumer, celle de son compatriote. Derrière, au prix d'une dernière énorme longueur, Hector Denayer s'adjugeait le bronze en 2'17''34. Déjà en argent sur le 100 m brasse SB9, le garçon de 19 ans décroche sa deuxième breloque à titre personnel, bien qu'il ait été malmené en séries un peu plus tôt dans la matinée : « Je n'y croyais pas [à ce podium]. Ce matin, c'était compliqué pour moi, j'ai eu un peu de chance de rentrer dans cette finale et, justement, j'avais une chance et il fallait la concrétiser ce soir et c'est chose faite. »
Les deux hommes, pris par l'émotion, se prendront dans les bras avant de célébrer avec le public en sortant du bassin. Sur le podium, les émotions ne seront que décuplées dans la Paris La Défense Arena. "Représentant la France...", la speakerine n'a pas le temps de finir sa phrase que la foule est en liesse au moment où Hector Denayer monte sur le podium. Ugo Didier s'en frotte les mains, les cris sont encore plus unanimes pour accueillir la médaille d'argent du jeune français.
L'ambiance résonne le long des tribunes, y compris pour célébrer le champion paralympique de l'épreuve, Timothy Hodge. Alors que l'hymne australien retentit, deux drapeaux tricolores montent haut dans le ciel encadrant celui du pays océanien.
Les réactions d'Ugo Didier et d'Hector Denayer après leur double podium
Laurent Chardard, qui suivait la course de près, n'en revenait pas lui non plus. « Quand j'attendais mon podium, il y avait la course d'Ugo et d'Hector. Autant Ugo on s'attendait à la médaille, autant Hector c'était incroyable à la [ligne d'eau] 8. Un podium, c'est bien, mais quand t'es plusieurs, c'est génial. Ce sont des émotions énormes parce qu'on les partage avec les copains », confirme-t-il, lui qui attend avec impatience de briller avec le relais 4x100 m nage libre samedi pour espérer décrocher une autre médaille, mais cette fois-ci en équipe.
De beaux objectifs pour l'équipe de France dans cette fin de Jeux
Un double podium qui apportait ainsi les douzième et treizième médailles de l'équipe de France de Para natation dans ces Jeux de Paris 2024. Guillaume Domingo, le manager de la performance de la Para natation pour la Fédération Française Handisport, en veut encore plus : « On peut déjà s'en satisfaire de ces treize médailles, mais on a encore de belles courses à disputer et des ambitions. Pour l'instant, je suis satisfait de la dynamique collective et de tout cet entrain autour de l'équipe. Et puis le public est juste exceptionnel, il porte tous les soirs les athlètes pour qu'ils donnent encore plus et c'est ce qui nous amène à ce résultat aujourd'hui, reconnait-il, avant d'ajouter : Mais la paralympiade n'est pas terminée, il reste deux jours et il va falloir être solide. »
Il poursuit : « On est dans une dynamique où les médailles amènent les médailles. Elles donnent envie aux sportifs de ramener les mêmes médailles que les copains, et voire même mieux. Cette émulation, elle est notamment due parce qu'on fait un bon début de compétition, c'est ça qui entraîne après la dynamique ». Une dynamique qu'Elodie Lorandi explique : « On montre que les jeunes arrivent et qu'ils prennent la relève. On a eu tellement de belles médailles - et on va encore en avoir là - donc je me dis quand je vois cette équipe qu'il faut qu'ils continuent comme ça et ils vont tout rafler à Los Angeles. »
Une fin de soirée en fanfare
Alors que les Français terminaient leur journée, les dernières courses se révélaient être, elles aussi, scrutées par le public. L'ambiance est d'ailleurs quasi similaire aux médailles tricolores quand l'Allemande Elena Krawzow remportait le titre paralympique du 100 m brasse SB12, record du monde à la clé.
Son compatriote, Taliso Engel, sacré sur le 100 m brasse SB13, célébrait sa victoire sur le tube "99 Luftballons" de Nena, tandis que le Néerlandais Rogier Dorsman, fêtait son titre sous les airs de la musique "Links Rechts", devenue virale pendant l'Euro de football de cette année, puis après le sacre de ses compatriotes en finale du basketball 3x3 aux Jeux Olympiques, incitant les participants à sauter à gauche ("Links"), puis à droite ("Rechts").
Comme un dernier bonbon avant de se quitter, l'ultime course de la soirée, le relais Mixte 4x50 m 4 Nages - 20 Points, sacrait la Chine, avec un nouveau record du monde battu (en 2'24''83). Le moins que l'on puisse dire, c'est que la Paris La Défense Arena ne s'est pas ennuyée, ce jeudi soir, avant les deux dernières journées de compétition en Para natation.
Le programme complet de la journée en Para natation