Hugo Gaston, des JOJ à Roland Garros : la naissance d’un champion

Deux ans après sa médaille d’or obtenue en simple lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires, Hugo Gaston, 20 ans, a réussi à se qualifier pour la première fois en 1/8e de finale d’un tournoi du Grand Chelem, éliminant l’ancien vainqueur du tournoi Stan Wawrinka, 17e mondial, en cinq sets avant de pousser le n°3 mondial, Dominic Thiem, vers une cinquième manche haletante, dans une ambiance de folie.

4 min
Hugo Gaston, des JOJ à Roland Garros : la naissance d’un champion
(OIS)

Assis tout seul sur sa chaise sur le court Suzanne Lenglen en cette journée pluvieuse d’automne, Hugo Gaston, 239e joueur mondial arbore un large sourire. Un peu comme celui d’un enfant ayant été pris avec la main dans le pot de confiture. Pourtant, il ne s’agit pas d’une blague.

Le natif de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, vient de surclasser le Suisse Stan Wawrinka, 17e mondial en lui infligeant un sévère 6/0 dans la dernière manche de son tout premier match en cinq sets. « C’est complètement fou », reconnaît-il avec beaucoup de flegme. « J’essaie de profiter de chaque moment. Je vais aller savourer tout ça avec ma famille et mes entraîneurs. Je suis très content que cela arrive à Paris. »

(Getty Images)

Le roi de l’amortie

À tout juste 20 ans, Hugo atteint ainsi les huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem, lui qui n’avait disputé et perdu qu’un seul match de ce niveau en janvier à l’Open d’Australie où il s’était incliné face à l’Espagnol Jaume Munar en quatre sets. Mais ce qui a surtout impressionné les observateurs, c’est le talent affiché par ce jeune gaucher capable de varier le jeu et les effets, multipliant les amorties, contre-amorties, lobs et autres coups entre les jambes, déstabilisant Wawrinka, le vainqueur 2015 du tournoi et ex-n°3 mondial.

Au tour suivant, le vainqueur des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2018 a bien failli rendre fou le récent vainqueur de l’US Open, Dominic Thiem, avec ses 58 amorties en cinq sets. Les 1000 spectateurs du court Philippe Chatrier (limite imposée pour cause de crise sanitaire) ont vibré avec ferveur en dépit de leurs masques, entonnant même « la Marseillaise » pour soutenir leur héros, dernier Français en course en simple messieurs.

(OIS)

Porte-drapeau en 2018

« J’ai énormément de respect pour les autres joueurs français », explique-t-il, quand on lui demande ce qu’il pense de son nouveau statut. « J’essaie surtout de rester concentré sur mes propres performances. J’aime jouer sous pression. C’est comme ça que je donne le meilleur de moi-même. »      

La pression, il l’a connue lors des Jeux Olympiques de la jeunesse de Buenos Aires 2018 où le jeune homme avait été désigné porte-drapeau de la délégation française. « Cette semaine-là, toutes les planètes étaient bien alignées, » se souvient Marc Barbier, son entraîneur depuis qu’il a six ans et qui l’accompagnait en Argentine. « Il faisait partie des médaillables mais il n’était pas favori. En finale, il avait réussi à battre l’Argentin Facundo Diaz dans une ambiance incroyable. » Hugo Gaston avait également remporté la médaille de bronze en mixte avec Clara Burel et celle du double avec son copain Clément Tabur.

(OIS)

Humble et respectueux

« Il a un environnement qui fait qu’il a des valeurs assez simples. Il est poli et humble et il a appris à respecter les gens, » souligne Marc Barbier. « Ce sont des valeurs fondamentales dans la construction d’un athlète. On fait en sorte que les deux pieds touchent bien le sol et que la tête reste au milieu des deux épaules. » Originaire d’une famille de passionnés, Hugo a partagé de nombreuses parties de tennis sur les murs du salon avec son grand frère tandis que son père est lui devenu le président du club, le TC Fonsorbes, à une vingtaine de kilomètres de Toulouse.

Son aventure aux JOJ de Buenos Aires restait jusque-là son meilleur souvenir sportif. « J’y ai franchi un échelon, reconnaît-il.  Quand j’ai gagné la médaille d’or, c’était très important pour moi. C’était vraiment quelque chose d’énorme de remporter trois médailles. C’étaient des émotions incroyables. Aujourd’hui, j’ai atteint les huitièmes de finale de Roland Garros et c’est un rêve pour moi. Je travaille très dur au quotidien pour être un très bon joueur. Pour l’instant, j’essaie de franchir les étapes petit à petit. »

(OIS)

A l’issue de son magnifique parcours à Roland Garros, Hugo Gaston se rapproche de la 150e place mondiale mais il a surtout marqué les esprits par son style de jeu atypique qui rappelle un peu John McEnroe, un autre illustre gaucher des années 80. Du haut de ses 173 centimètres, il a déjà tout d’un grand….

Plus de