Hollie Pearne-Webb est déterminée à conserver son titre en hockey sur gazon féminin à Tokyo
Si elle a tiré l’ultime coup de pénalité, synonyme de victoire lors de la finale de Rio 2016, Hollie Pearne-Webb ne regarde pourtant pas en arrière. En hockey sur gazon, l’un des sports collectifs féminins les plus imprévisibles, la star britannique est déterminée à remporter une deuxième médaille d’or consécutive à Tokyo en 2020.
Tirer une pénalité pour gagner une médaille d’or olympique - à la fois pour soi et pour ses partenaires – génère un stress énorme, comme seul le sport peut en procurer. Hollie Pearne-Webb, dernière hockeyeuse britannique à tirer un penalty aux Jeux de Rio 2016, a pourtant gardé sa lucidité et son sang-froid. Faisant preuve d’une grande force mentale – l’équipe britannique avait énormément travaillé en ce sens au cours de sa préparation –, elle s’est approchée de la balle pour défier la gardienne néerlandaise : "Calme. Ça peut sembler bizarre, mais j’étais très calme."
"J’ai juste appliqué un processus, dit-elle. Nous avions rempli notre contrat en nous positionnant comme prétendantes au titre et tout le monde s’était préparé pour regarder et observer la gardienne de but néerlandaise. Je savais donc ce que j’allais faire. Je me souviens m’être dit de ne pas me précipiter, sinon je risquais de tout flanquer par terre. Je me suis dit que ça ne servait à rien de s’énerver, qu’on était simplement sur un terrain de hockey, qu’il s’agissait seulement d’un but et que je l’avais fait à de multiples reprises."
"Nous nous étions préparées à tous les scénarios. Nous avions répété cette phase. Les coups de pénalité devenaient donc assez simples. Si la gardienne avait réalisé un superbe arrêt, je n’aurais rien pu faire. Mais le temps s’est arrêté et je me suis assurée que la balle était au fond des filets avant de me retourner pour célébrer ce moment."
Les scènes de liesse qui ont suivi ont cependant révélé une véritable émotion. La Grande-Bretagne avait battu les Pays-Bas, archifavoris et en lice pour décrocher leur troisième titre olympique consécutif.
Le match s’étant terminé sur le score de 3-3 à l’issue du temps réglementaire, la pression s’est soudain reportée sur les Néerlandaises. "Avant la finale, nous étions d’énormes outsiders, souligne Hollie Pearne-Webb. Elles avaient déjà connu cette expérience. Elles possédaient des superstars, techniquement parlant, alors que nous nous appuyions plus sur un collectif que sur des individualités."
"Nous avons passé une grande partie de la finale à défendre. Elles ont dominé pendant de longues périodes et nous avons manqué des occasions. Mais comme nous avons été patientes et que nous avons très bien défendu, la balance a fini par pencher en notre faveur. Les Néerlandaises ont commencé à perdre confiance. Après le match, on pouvait voir, dans leur langage corporel, qu’elles n’arrivaient pas à croire ce qui leur était arrivé. Alors que nous, on ne tenait plus en place."
À Rio, Hollie Pearne-Webb était l’une des nombreuses joueuses britanniques qui avaient battu les Pays-Bas aux tirs au but lors de la finale du Championnat d’Europe de hockey 2015. L’arrière souligne que ses coéquipières olympiques ont soudain eu "confiance en [elles]. C’était comme si on avait pris une profonde respiration, on était bien."
La joueuse britannique confesse qu’elle ne pense plus beaucoup à Rio aujourd’hui. Elle se concentre à l’extrême sur ce qui se profile : essayer de défendre ce titre à Tokyo. "Le groupe est très différent et le défi l’est aussi, dit-elle. Beaucoup de joueuses expérimentées ont pris leur retraite, mais nous avons aussi gagné beaucoup de jeunes talentueuses et pleines d’enthousiasme. Nous sommes actuellement dans une phase de reconstruction. Je pense cependant qu’il est plus difficile de conserver un titre que de le gagner pour la première fois."
Leur tâche ne sera effectivement pas facile, vu le nombre impressionnant d’équipes de valeur sensiblement égales qui évoluent actuellement dans les compétitions internationales de hockey sur gazon féminin. "N’importe qui peut battre n’importe qui, n’importe quand, sur un match. Les Pays-Bas ont gagné certes tout ce qu’il y avait à gagner depuis les Jeux Olympiques, mais ils ne sont pas imbattables. Ils ont perdu contre l’Australie récemment, puis l’Australie a été battue par la Belgique. Les équipes n’arrêtent pas de se battre les unes les autres. L’Argentine a l’air forte, et puis il y a la Nouvelle-Zélande, la Chine, l’Allemagne."
Quelques leçons issues de Rio 2016 peuvent cependant aider l’équipe britannique. "Nous avions un véritable melting-pot de joueuses dans le groupe, explique Hollie Pearne-Webb, et c’est la force du groupe - et non l’équipe - qui a été la principale raison de notre succès. Il y avait 31 filles qui se sont entraînées ensemble pendant quatre ans et la compétition a atteint les sommets, parce que nous voulions toutes être du voyage."
"Il y avait une véritable émulation. Chacune voulait que sa partenaire progresse, car cela lui permettait de progresser à elle aussi. Nous avons créé une culture de 'priorité à l’équipe' qui a fonctionné. Chaque séance et chaque minute ont compté. Cela nous a soudées. Et la force mentale et la ténacité qui y étaient associées expliquent en grande partie pourquoi nous avons si bien réussi."
Les joueuses ont même décidé de faire la grève des réseaux sociaux pour éviter les distractions. "Nous n’avions aucune idée de ce qui se passait chez nous, souligne Hollie Pearne-Webb. Au niveau du groupe, nous avons décidé de ne pas utiliser les réseaux sociaux, car nous ne voulions pas prendre le risque qu’une seule joueuse puisse être affectée un jour par le moindre commentaire. On ne savait donc pas ce qui se passait chez nous. Quand nous avons finalement rallumé nos portables, ils ont explosé à cause du nombre de messages ! Nous avons uni la nation et beaucoup de gens nous ont suivies. Ça donne la chair de poule."
C’est une sensation que Hollie Pearne-Webb veut à tout prix éprouver à nouveau à Tokyo. "Ça m’enthousiasme vraiment. Je me souviens qu’à Rio, j’avais pensé sur le terrain qu’il fallait absolument que je revive cela. On a simplement envie de se qualifier et ensuite de faire partie de cette équipe. C’est un objectif énorme qui me motive chaque jour quand je me lève."
Hollie Pearne-Webb concilie l’entraînement avec un poste de comptable à hautes responsabilités au Ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales britannique. "C’est difficile et cela signifie que je dois m’organiser, reconnaît-elle. Si je ne m’entraîne pas, je suis au bureau. Mais cela a un énorme avantage : cela me permet de me concentrer sur autre chose. J’ai tendance en effet à gamberger. Si je ne travaillais pas, je penserais aux erreurs que j’ai commises."